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L'art rend les péchés mignons

 

<i>Le Roi boit, </i>de Jacques Jordaens, vers 1638-1640. <i>L'Anversois</i>, cadet de Rubens, est exposé jusqu'au 19 janvier au Petit Palais à Paris (VIIIe). <i></i>

Le Roi boit, de Jacques Jordaens, vers 1638-1640. L'Anversois, cadet de Rubens, est exposé jusqu'au 19 janvier au Petit Palais à Paris (VIIIe). Crédits photo : © Musées royaux des Beaux-Arts de BelgiqueBruxelles/Photo J. Geleyns / www.roscan.be,

Luxure, envie, paresse, gourmandise… Promenade au jardin des délices en cette rentrée culturelle où de nombreuses expositions abordent ces thèmes indissociables de la création artistique.

Ils sont sept comme les sept nains, mais plus grands et moins gentils. On les avait un peu oubliés depuis la mort de Dieu, Mai 68 et la fin des tabous. Ils reviennent en force cette saison dans les arts et les spectacles. C'est qu'ils fascinent nos péchés capitaux, ne serait-ce que parce que d'eux découlent tous les autres. On les honnit mais on les aime secrètement. Impossible de s'en passer. Où en serions-nous si Ève n'avait pas croqué la pomme? Vaste question. En art, elle se pose depuis, au moins Jérôme Bosch et son Jardin des délices , merveilleux triptyque et gloire paradoxale du très catholique Musée du Prado, à Madrid. Des Bosch (mais pas ce tableau-là malheureusement), on en verra à partir du 9 octobre dans l'exposition sur «La Renaissance et le rêve», au Musée du Luxembourg. Et aussi à la Pinacothèque, qui proposera à partir du 11 octobre une sélection d'œuvres de la famille Brueghel et de son entourage (dont Les Sept Péchés capitaux dudit Bosch, un trésor venu du Musée des beaux-arts de Genève).

Magistrale anthologie

Fascinante expression de notre inconscient, ces travers si humains, d'invention monastique, définitivement catégorisés au XIIIe siècle par Thomas d'Aquin dans sa Somme théologique (éditions du Cerf, question 84, Prima secundae), sont, avec leurs sœurs ennemies les vertus, un des principaux moteurs de la création artistique. Un livre-somme le rappelle pour le plus insidieux d'entre eux: Paresse, histoire d'un péché capital.

André Rauch, spécialiste d'histoire culturelle, signe cette somme. De saint Antoine dans le désert gagné par l'acédie (ou paresse spirituelle) à la civilisation des loisirs, il a suivi ce penchant dans la peinture, la sculpture et la littérature. Chez le même éditeur, cet essai original fait suite à celui sur la gourmandise dont l'histoire a été retracée par Florent Quellier en 2011.

Le moins qu'on puisse dire est que Rauch ne s'est pas laissé aller à son sujet. Jamais il ne s'est tourné les pouces. Il a longuement et minutieusement appris à découvrir Belphégor, celui qui refuse d'accomplir des tâches nécessaires.

Galopec, l'acronyme de nos sept vilains défauts

Son travail, comme celui de Quellier sur la gloutonnerie et son démon Belzébuth, mériterait cinq suites. Elles seraient bien sûr consacrées à Lucifer pour l'orgueil, Asmodée pour la luxure, Mammon pour l'avarice, Bélial pour la colère et Léviathan pour la jalousie. D'ailleurs Armand Colin les envisage. En attendant, on peut toujours lire la magistrale anthologie (malheureusement épuisée) réunie par notre confrère Sébastien Lapaque (Biblio). Ou bien, feuilleter le catalogue de l'exposition qui vient de se clore à Barbizon. À partir de l'acronyme Galopec, qui permet de mémoriser nos sept vilains défauts, Marie-Laure Viébel et Barthélémy Toguo avaient invité cet été sept plasticiens à créer chacun une variation sur un de ces thèmes. Bilan: sept installations décapantes au cœur d'un village jusqu'alors plutôt réputé pour ses sages pleinairistes du XIXe siècle. Au fil de l'actualité culturelle, il est ainsi facile de repérer les mille et une représentations de nos vices ou leur incarnation… On s'apercevra qu'elles sont fort fréquentes. Jusqu'au cœur de Paris, place Vendôme, où le photographe Arthur Aubert jouera avec elles dans les locaux de la banque SwissLife à partir du 10 octobre. Les péchés? À croire qu'on vit avec.


L'Orgueil

La Locandiera, de Goldoni, est à l'affiche au Théâtre de l'Atelier (Paris XVIIIe). C'est par orgueil que le chevalier Ripafratta (André Marcon) ne déclare pas son amour à la belle aubergiste Mirandola (Dominique Blanc). Et c'est encore par orgueil que cette dernière épouse son valet alors qu'elle est pourtant tombée amoureuse du chevalier.

La Colère

Le groupe Primal Scream poussera son cri primal le 14 novembre à la Cigale (Paris XVIIIe). En attendant Machete Kills, en salle mercredi, dans lequel un bouillant Mexicain incarné par Danny Trejo revient de la mort. Castagne et explosions à gogo dans ce film de Robert Rodriguez. Autre colère, celle du personnage de Toute la noirceur du monde, roman de Pierre Mérot (Flammarion): un militant d'extrême droite au délire antisémite et grand-guignolesque.

La Luxure

<i>Crenaia, la nymphe de la rivière Dargle, </i>de Frederic Leighton, est exposée au Musée Jacquemart-André.

Crenaia, la nymphe de la rivière Dargle, de Frederic Leighton, est exposée au Musée Jacquemart-André. Crédits photo : Studio Sébert Photographe

Les Roses d'Héliogabale, d'Alma-Tadema, pourraient passer pour une ode à la chair. Mais ce bain de pétales cache un massacre par étouffement floral. Les courtisans périssent fort moralement par la folie d'un empereur débauché. À Jacquemart-André (Paris VIIIe) où la volupté à l'époque victorienne s'expose jusqu'au 20 janvier.

L'Avarice

Molière évidement! La pingrerie et la cupidité du riche Harpagon qui craint qu'on ne lui vole sa cassette sont légendaires. L'Avare est à l'affiche de l'Espace Marais (Paris IVe). À partir de dimanche, il sera au Théâtre Michel (Paris VIIIe) et le Néerlandais Ivo van Hove le mettra en scène du 7 au 16 novembre à la Maison des arts de Créteil.

L'Envie

Au cinéma, No Pain No Gain , de Michael Bay, montre une bande de Pieds Nickelés kidnappant un homme d'affaires et qui ne profiteront pas longtemps du magot, la morale est sauve. À l'Opéra de Marseille,Aïda - «la» tragédie de la jalousie -, a inauguré la saison. Le chef-d'œuvre de Verdi sera à Paris (Bastille) après quarante-cinq ans d'absence, du 10 octobre au 16 novembre, dans une mise en scène d'Olivier Py. Autre mécanique conflictuelle: Chantecler Tango, au Châtelet (Paris Ier) du 9 octobre au 3 novembre.

La Gloutonnerie

Le roi boit, chef-d'œuvre de Jordaens, est en fait une pieuse épiphanie doublée d'une charge burlesque contre la mauvaise gouvernance. La gourmandise est à l'honneur au Petit Palais (Paris VIIIe) avec la rétrospective du successeur de Rubens (jusqu'au 19 janvier).

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