Recueil de poèmes en hommage aux deux auteurs
Un avant-goût du millésime 2013
Cette année, dans de nombreux vignobles, la météo fut parfois calamiteuse. Certains vignerons s'attendent cependant à de bonnes surprises. Tour de France région par région.
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Il est encore un peu trop tôt pour se prononcer sur 2013", souligne, prudent, Bernard Burtschy, l'expert du Figaro. "Ce ne sera sans doute pas un millésime grandissime. Il sera hétérogène, inégal selon les vignobles. Mais c'est dans ces millésimes compliqués qu'on voit le génie des grands vignerons, ceux qui sont capables de sortir des vins à la hauteur de leur talent."
Sur le terrain, en effet, rien n'est encore joué. "J'étais dans les vignes à trois heures, ce matin ", avoue Bernard Farges, le président du Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux (CIVB). Depuis des semaines, l'homme multiplie les allers-retours entre son vignoble et son bureau. C'est le coup de feu des vendanges. Quand certains rassemblent leurs troupes, d'autres ont pratiquement terminé, comme dans le Roussillon. "Nous voulons tout rentrer avant la fin de la semaine pendant que le temps est encore au beau fixe", explique Philippe Gard du Coume del Mas, éreinté par six semaines de vendanges.
Les vignerons ont connu bien des tourments, cette année, avec un printemps pluvieux puis une grêle violente, déchiquetant les vignes, comme à Vouvray (Val-de-Loire), où près de 600 hectares ont été endommagés à plus de 80 %. Depuis, l'appellation a pansé ses plaies, avec l'aide de l'ensoleillement exceptionnel de l'été. "La priorité est de faire de beaux raisins", rappelle Jean-Michel Pieaux, président du Syndicat des vignerons de Vouvray qui attendent impatiemment les vendanges.
La Bourgogne a également été touchée le 23 juillet dernier par les grêlons tombés sur la Côte de Beaune, où 1 400 hectares de vignoble ont été meurtris. Les domaines étant morcelés, leurs propriétaires auront tous du raisin en cave ces prochaines semaines, mais en quantité minime. Pour les vins rouges bourguignons, les vignerons attendent encore une maturation propice. " La vigne en Côte de Nuits est magnifique", affirme Jean-Philippe Gervais, directeur technique et qualité au BIVB (Bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne). "Ce qui se dégage, c'est que 2013 aura une dorsale acide."
Volnay a été l'une des appellations les plus touchées par la grêle, comme ce fut déjà le cas en 2012. Deux maigres récoltes d'affilée tendent la situation en Côte de Beaune : "Je prévois de produire autour de 100 hectolitres, cette année. J'en obtiens normalement 400 ", lâche Thiébault Huber, vigneron et président de l'Organisme de défense et de gestion de Volnay.
L'entre-deux-mers se souviendra longtemps du 2 août 2013, lorsqu'une série d'orages de grêle dévaste son vignoble, représentant près de 40 % de la superficie viticole bordelaise. La perte pour l'AOC s'élèverait à 800 000 hectolitres. Stéphane Defraine, le président du syndicat de l'entre-deux-mers se veut pourtant rassurant : "Tout n'est pas perdu", dit-il. Bernard Farges, du CIVB, abonde dans le même sens, évoquant "le grand potentiel des blancs. Nous allons enregistrer une baisse des volumes totaux entre 20 et 25 % due aux dégâts de la grêle mais surtout liée à la coulure - ce blocage de la floraison de la vigne - du mois de juin concernant le merlot."
Tous les vignobles français ont connu un printemps humide, comme le sud de la vallée du Rhône où la coulure a été conséquente. "Le grenache est un cépage coulard", dit Paul-Vincent Avril, propriétaire du célèbre Clos des Papes (châteauneuf-du-pape). "La vigne a poussé et fleuri en même temps."
Le raisin a pâti d'un retard de maturation. Dans les vignobles, il a fallu sortir les archives pour trouver la trace de vendanges aussi tardives. Elles avaient débuté le 5 octobre en 1978 en Bourgogne. Toutefois, retard ne semble pas le mot juste. " Il y a 25 ans, avec mon père, nous vendangions à cette même époque ", confesse Paul-Vincent Avril du Clos des Papes, où l'on a commencé à récolter fin septembre. " Nous nous étions habitués à des vendanges précoces ", poursuit Marc Ouvrié, responsable des crus des côtes-du-rhône. " Pour 2013, nous revenons à des dates de vendanges des années 1980, avec un vrai intérêt pour les vignerons qui sortent d'une certaine routine. "
Les professionnels tablent sur une très bonne année pour la vallée du Rhône, tout comme en Corse et dans le Languedoc. En Provence, le volume produit sera conforme à la moyenne des cinq dernières années. Plus au nord, le beaujolais a été épargné par les accidents climatiques. " Les grappes sont constituées de petites baies, ce qui est bon signe ", explique Florence Hertaut, oenologue, responsable à la chambre d'agriculture du Rhône du réseau maturation. "Nous nous appelons entre collègues. Nous avons tous du beau raisin", continue Gilles Paris, président des Crus du Beaujolais. "La semaine dernière a été ensoleillée, ce qui est parfait. On va faire du volume", se félicite-t-il. Dans le Beaujolais, on se remémore un millésime 1983 qui a de grandes similarités avec 2013.
"Les anciens nous parlent souvent de cette année 1983", affirme de son côté Jérôme Bauer, vigneron à Herrlisheim-près-Colmar et président de l'association des Viticulteurs d'Alsace. "Le riesling pourrait donner des vins de grande garde."
"Nous avons tous les atouts pour réussir", déclare de son côté Gérard Vinet, président de l'interprofession des vins de Loire, InterLoire. La pluie de mi-septembre a fait du bien aux vignes de Touraine et d'Anjou qui n'ont pas éprouvé de stress hydrique.
Enfin, dans le champenois, ces dernières pluies ont entraîné un peu de mildiou mais "pas de nature inquiétante", selon Thibaut le Mailloux, directeur de la communication au CIVC (Comité interprofessionnel du vin de Champagne). "L'état sanitaire de la vigne est bon." Certains viticulteurs ont profité des derniers jours ensoleillés pour "aller chercher le degré" et retarder leurs vendanges.
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