Recueil de poèmes en hommage aux deux auteurs
Lou Reed, l'âme damnée du rock
Lou Reed est décédé à 71 ans des suites de complications après une greffe de foie. Crédits photo : © Jose Manuel Ribeiro / Reuters/REUTERS
DISPARITION - L'icône du rock underground et du New York urbain est mort ce dimanche. De son groupe mythique, le Velvet Underground, à son titre culte, «Walk on the Wild Side», le complice d'Andy Warhol a marqué la légende américaine
Avec Lou Reed, tout un pan du rock est en deuil. Souffrant depuis une greffe du foie réalisée au printemps dernier, le septuagénaire a rendu son dernier souffle à New York, la ville à laquelle son nom était associé depuis toujours. Lors de sa dernière visite parisienne, il était monté sur la scène de la Cité de la musique à grand-peine pour rejoindre son épouse Laurie Anderson le temps d'un morceau. Quelques semaines auparavant, il nous était apparu très diminué lors de la présentation d'un ouvrage de photos - une de ses occupations favorites.
Né à Brooklyn en 1942 dans une famille juive, il commence à jouer de la guitare dès l'adolescence. C'est au sein des Jades, un groupe de doo-wop - style vocal new-yorkais très à la mode dans les années 1950 -, qu'il effectue son premier enregistrement, en 1956. Considéré comme déviant par ses parents pour ses pulsions homosexuelles, il sera traité aux électrochocs. Une expérience traumatisante qu'il commentera dans une chanson de 1974, Kill Your Sons. À l'université de Syracuse, où il entre en 1960, il suit les cours du poète Delmore Schwartz, qui devient son mentor.
Bas-fonds, drogue, sexe...
Auteur de chansons professionnel dès 1964, il écrit à la commande pour le label Pickwick. Encouragé à former son premier groupe, il y fait la rencontre du Gallois John Cale, une des plus déterminantes de sa vie. Avec ce musicien issu de l'avant-garde, le littéraire Lou Reed forme le Velvet Underground, bientôt rejoint par le guitariste Sterling Morrison et Moe Tucker à la batterie. Remarqué par Andy Warhol lui-même qui en fait ses protégés, le Velvet propose un son qui tranche radicalement avec la production rock des années 1960. L'alto de Cale, le jeu de batterie rudimentaire de Tucker et la voix grave de Reed composent une atmosphère inédite, dans laquelle tout un pan du rock des années futures va puiser. Les textes de Lou Reed frappent fort: il y décrit les bas-fonds, la drogue et le sexe avec une précision qui en feront le meilleur parolier du rock avec Bob Dylan. Et aussi l'un des premiers à déclarer vouloir s'adresser aux adultes, considérant le rock comme une activité artistique noble - parfois jusqu'à l'arrogance.
Après un deuxième album, Lou Reed congédie John Cale. Ils se retrouveront en 1990 pour un somptueux album à quatre mains en hommage à Drella, surnom d'Andy Warhol, décédé en 1987. Après quatre albums à l'insuccès chronique, Lou Reed quitte le Velvet, qui continuera un temps sans lui, et s'établit à Londres en 1972. Son plus grand admirateur, David Bowie, l'aide à réaliser son deuxième album solo, après l'échec d'un premier disque trop produit. Transformer deviendra un énorme succès. Walk on the Wild Side, qui décrit le New York interlope, sera un tube paradoxal - le dernier de la carrière de Lou Reed.
Il s'injectait de l'héroïne sur scène
Sa production des années 1970 le place dans le quartet des plus grands artistes de rock en activité. Charismatique et inquiétant, il défraie la chronique en s'injectant de l'héroïne sur scène et en s'installant avec un travesti. Il est un des rares musiciens de sa génération à être acclamé par le mouvement punk, qui lui doit énormément. Toute la scène new wave cite le Velvet Underground, jusqu'en France, avec Étienne Daho ou les Rita Mitsouko. Dans les années 1980, ses albums deviennent plus prévisibles, et le personnage commence à ressembler à une caricature de prof de lettres aigri.
Déclaration d'amour à sa ville, et critique de l'Administration Reagan, New York le remettra sur orbite en 1989 et le fera découvrir par une nouvelle génération. Cruel et de mauvaise foi, il était la terreur des journalistes, qui l'admiraient pourtant beaucoup. Il reformera le Velvet Underground en 1993 le temps d'une tournée qu'il sabotera par son comportement dictatorial, avant de collaborer fréquemment avec l'homme de théâtre Bob Wilson. Il enregistre ainsi The Raven, inspiré par Edgar Allan Poe, qui sera son dernier album solo. À la surprise générale, et à la consternation de beaucoup, il collaborera en 2011 avec le groupe Metallica. Plus actif sur scène qu'en studio, il revisitera quelques-unes des pages de sa discographie en public: Berlin ou Metal Machine Music, avec l'assurance d'un maître mêlée à la fragilité d'un organisme éprouvé par des années d'excès.
VIDÉO - Lou Reed: le meilleur de son plus bel album, Transformer
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