Recueil de poèmes en hommage aux deux auteurs
Photo, c'est Karsh
EN IMAGES. Les icônes du XXe siècle de Yousuf Karsh exposées au Mona Bismarck
Jusqu'au 26 janvier, le Mona Bismarck American Center for art & culture présente Yousuf Karsh: Icônes du XXe siècle, une exposition qui rassemble plus de 70 clichés rares de personnages publics, réalisés par le photographe Yousuf Karsh.
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“Yousuf Karsh” Icônes du XXe siècle
au Mona Bismarck American Center for art & culture, Paris
du 16 octobre 2013 au 26 janvier 2014
© Anne-Frédérique Fer, vernissage presse, le 15 octobre 2013.
Légendes de gauche à droite :
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texte de Audrey Parvais, rédactrice pour FranceFineArt. Rendu célèbre par sa photographie d’un Winston Churchill à l’expression grincheuse, Yousuf Karsh n’a cessé de réaliser des portraits des personnages publics de son époque. Son dernier assistant, Jerry Fielder, a réuni au Mona Bismarck American Center une sélection de clichés tirés d’une œuvre prestigieuse. Visages iconiques Être photographié par Yousuf Karsh, c’est appartenir à cette infime partie de gens qui ont marqué la turbulente histoire du XXe siècle, de ces personnalités positives devenues icônes autour desquelles s’est construite la mémoire collective. Des soixante-dix clichés présentés ici, l’on retiendra donc la diversité des visages qui, malgré une organisation thématique centrée sur les professions et les rôles de chacun, forment un curieux mais plaisant compagnonnage. Hommes politiques, artistes de tous domaines, scientifiques ou encore sportifs se sont ainsi pliés de bonne grâce à l’exercice du portrait, exercice qui s’inscrit ici dans une composition visuelle où décor et attitude n’ont rien d’anodin. Chaque personnalité s’installe dans une mise en scène, parfois grave et solennelle, parfois amusante mais toujours élégante, en lien avec sa spécialité. Quand Brigitte Bardot (1958), le regard enjôleur, laisse cascader la blondeur sensuelle de ses cheveux, un Man Ray facétieux (1965) semble se dédoubler grâce à la proximité d’un masque peint en noir et blanc. Picasso (1954), quant à lui, pose auprès d’une amphore où s’exhibe le dessin d’une femme nue aux formes anguleuses, les lignes géométriques rappelant ainsi singulièrement sa peinture cubique. Les éléments extérieurs constituent alors aussi bien des repères visuels chargés de signifiance que des clins d’œil malicieux aux spectateurs. Sujets magnifiés Mais si les sujets de Yousuf Karsh se distinguent par leur propre prestige, ils sont sublimés par la vision du photographe, malgré un classicisme assumé. La beauté du noir et blanc, la science du cadrage, l’usage d’une lumière artificielle qui confère parfois aux clichés une dimension fantastique (Christian Dior dont la moitié gauche du visage disparaît dans l’ombre, 1954) et le respect que l’artiste semble porter à ses modèles les enveloppent d’une aura qui confirme leur statut de légende. Alfred Hitchcock (1960), pris de profil, et Humphrey Bogart, une cigarette à la main laissant échapper un long filet de fumée (1946), malgré leur apparente proximité, deviennent des icônes mythiques qui fascinent l’œil. L’instant figé dans le temps par la photographie révèle aussi avec subtilité l’âme de ces personnalités éminentes du XXe siècle. De Martin Luther King (1962), l’on retiendra le regard empli de confiance en l’avenir levé vers le ciel, et du géant Ernest Hemingway (1957), le visage marqué par la vie et les épreuves, l’impression de triste solitude qui se dégage de ses yeux perdus dans le vide. Et quand Valéry Giscard d’Estaing se laisse photographier en pied dans un décor luxueux, c’est peut-être pour mieux contrebalancer la rigidité toute militaire du général de Gaulle (1944). Alors autant rendre hommage à celui qui, devenu lui-même une figure majeure du siècle dernier, a si bien su célébrer ces hommes et ces femmes qui, par leurs actions, ont marqué l’histoire. Audrey Parvais
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extrait du communiqué de presse :
Commissaire de l’exposition : Jerry Fielder, directeur de la succession de Yousuf Karsh
« Un secret est renfermé dans chaque homme et dans chaque femme et en tant que photographe, mon travail est de le révéler, si je le peux. La révélation, à la condition qu’elle vienne, se matérialisera l’espace d’une petite fraction de seconde dans un geste inconscient, par la lueur d’un regard ou avec une brève mimique que tous les individus affectent pour dissimuler leur être profond au reste du monde. » Organisée par la succession Yousuf Karsh, en collaboration avec le Museum of Fine Arts, Boston l’exposition Yousuf Karsh : Icônes du XXe siècle donne à voir tout le talent de Karsh à faire, à partir de simples portraits, de véritables images publiques des plus prestigieux hommes d’état, artistes, écrivains, musiciens, acteurs et architectes du siècle dernier. L’aspect très humain du travail de Karsh, la communication secrète entre le photographe et son modèle, décisive dans son art, sont intrinsèquement liés à l’histoire de sa vie et à son éducation. Yousuf Karsh est issu d’un milieu très modeste, il est né en 1908 en Arménie turque - durant le grand génocide - d’où il s’enfuit en 1922 avec sa famille pour s’installer en Syrie avant d’émigrer tout seul au Canada en 1924 et de rejoindre son oncle George Nakash, photographe établi. Ayant appris les bases de la photographie auprès de ce dernier et faisant preuve d’un sens inné de l’image, il s’installera à Boston en 1928 afin de poursuivre sa formation auprès du photographe-portraitiste John Garo, qui lui apprit à considérer son sujet en termes de lumière, d’ombre et de forme tout en conversant avec le modèle afin de le mettre à l’aise. Ces éléments deviendront fondamentaux dans son illustre carrière. En 1932, il retourne à Ottawa au Canada pour ouvrir son propre studio photographique. Quelques uns de ses amis, d’importants leaders politiques, deviendront alors ses modèles et lui permettront de rencontrer et de photographier les grandes figures politiques de l’époque. A 33 ans, il immortalisera Winston Churchill dans un portrait désormais devenu très célèbre, celui qui sera le plus reproduit de l’histoire, et qui lancera sa carrière sur le plan international. Dès lors, Karsh parcourra le globe, gagnant ses entrées auprès de la plupart des grands noms de son temps. Parmi les images emblématiques (toutes présentes dans cette exposition) nous pouvons citer celles d’Albert Einstein (1948), de Pablo Picasso (1954), de Georgia O’Keeffe (1956), d’Ernest Hemingway (1957), de Jacqueline Kennedy (1957) et de Jessye Norman (1990). Dans cette exposition, des portraits de personnages publics français, rarement dévoilés sont présentés aux côtés de ceux d’américains : une opportunité unique, rendue possible de façon exceptionnelle, grâce à cette collaboration avec la succession de Yousuf Karsh. J’ai été l’assistant dévoué de Karsh de 1979 à 1992. Au début de notre collaboration, je suis entré dans son studio pour un stage de deux ans, mais compte tenue de notre amitié, j’y suis finalement resté 13 ans. Lorsque Karsh ferma son studio en 1992, je suis alors devenu Conservateur en charge des archives et, à sa mort en 2002, Directeur de la succession. A travers les parallèles franco-américains déployés dans cette exposition, nous pouvons constater toute la capacité de Karsh à décrire la vérité de chacun de ses modèles. L’éclairage dramatique utilisé par ce dernier renforce l’effet de chaque portrait et souligne sa fascination sans limites pour les grands de ce monde ainsi que sa volonté permanente de pénétrer leur âme, au-delà de leur image publique. |