Recueil de poèmes en hommage aux deux auteurs
Etienne Daho : "Je ne voulais pas mourir"
INTERVIEW - Sept ans après "L’Invitation", Etienne Daho effectue son retour sur le devant de la scène avec "Les Chansons de L’Innocence Retrouvée". Un retour rendu difficile par une opération, au premier abord banal, qui a pourtant failli lui coûter la vie
L’album sort après plusieurs reports liés à vos ennuis de santé, comment vous sentez-vous aujourd'hui ?
J’avais hâte que l’album sorte ! Le temps m’a semblé long puisqu’il était fini depuis le printemps. C’est complétement de ma faute, je ne recommencerai pas, promis ! (Rires) Avoir la perspective du disque qui sortait m’a permis de surmonter la maladie. Ça m’a permis de reprendre des choses et de les terminer un peu mieux. J’ai trouvé ça très divertissant de faire des interviews depuis l’hôpital avec des tuyaux partout. Heureusement que j’avais ça, ça m’a aidé. Et puis je ne voulais pas mourir.
L'Invitation, votre album précédent, remontait à 2007. Pourquoi avoir attendu si longtemps avant de retourner en studio ?
L’Invitation était… très intimiste, il parlait de choses très personnelles que je voulais expulser. Cette fois, j’avais emmagasiné plein d’émotions, je sentais que j’étais à un moment de ma vie où j’avais besoin de parler des autres. Ce ne sont qu'eux qui vous nourrissent. L’enregistrement à Londres a été très joyeux, j’avais parfois l’impression d’être dépassé par les chansons, comme si elles avaient juste utilisé nos corps pour exister. La première qu’on a finie était "L’Homme qui Marche". Quand je l’ai écoutée, j’avais l’impression qu’elle n’était pas de moi. (rires).
Vous disiez vouloir faire un album disco...
Oui j’avais cette envie, finalement ça ne l’est pas du tout. C’est un album plein d’émotion et plein d’hormones. J’avais envie de faire un disque qui groove. La soul est la musique que j’écoute le plus, c’est inscrit en moi et c’est une musique qu’on peut mélanger avec de la pop, du rock, du symphonique…
"C’est un album pour tous ceux qui ont du mal à aimer"
Le titre "Les Chansons de l’innocence" évoque la légèreté, pourtant l’album est très sombre…n’est-ce pas paradoxal ?
Il est sombre, mais rempli d’énergie, ce n’est pas plombé. Il y a cette chanson "Le Malentendu" qui peut être une chanson très tranche-gosier, mais qui parle du couple, du moment où l’on ose partir. Oser reprendre sa liberté, avoir la lucidité pour voir que parfois le rapport à deux n’est qu’illusion. "L’étrangère" quant à elle, est une ode au New-York craignos des années 70, à Blondie, Marilyn, Basquiat, à tous ces artistes clandestins… C’est un album pour tous ceux qui ont perdu et qui ont du mal à aimer.
Beaucoup de jeunes artistes vous citent en influence principale, on vous surnomme même le "parrain de la pop française". Ça fait plaisir ?
Immensément plaisir. Quand on démarre, on n'imagine pas se retrouver dans cette position. C’est très touchant de se dire qu’il y a des gens qui écoutent mes albums et qui, avec leur sensibilité et leur style, transforment ce qu’ils ont aimé chez moi. Ça ne me dérange pas qu’on se nourrisse de mon univers, au contraire. J’adore ça.
Non, Daho n’est pas mort. Et démontre avec Les Chansons de L’Innocence qu’il a encore de l'énergie - et de la créativité - revendre. Grave et sombre, entre groove et pop, l’album est une synthèse de l’œuvre de son auteur. C’est aussi un trait d’union entre lui et la jeune génération car l’artiste s’est entouré d’une poignée de guests, de Yan Wagner à John & Jehn, histoire d’assoir sa réputation de parrain de la pop française. Une réussite.