Recueil de poèmes en hommage aux deux auteurs
Pauline Borghèse Bonaparte en Vénus(1805-1808) d'Antonio Canova (1757-1822)
Une jeune femme à demi allongée se repose sur une banquette à l’antique, appuyée du bras droit sur des coussins [ image principale ]. Sa semi-nudité et la pomme qu’elle tient dans la main gauche permettent d’identifier Vénus. À l’issue d’un concours de beauté arbitré par Pâris, Vénus avait en effet reçu la pomme d’or qui devait revenir à la plus belle déesse. Mais cette sculpture est aussi le portrait de Pauline Bonaparte, commandé vers 1804 par le prince Camillo Borghèse, son mari, à Antonio Canova.
Canova, maître de la sculpture néoclassique
En 1804, l’Italien Antonio Canova est considéré comme le plus grand sculpteur vivant. Célèbre pour ses sculptures héroïques ou ses tombes monumentales, Canova est un artiste néoclassique qui puise son inspiration dans les œuvres antiques. Son goût manifeste pour l’idéalisation ne l’empêche pas de recevoir également des commandes de portraits, notamment de la famille Bonaparte, dans lesquels il doit introduire une dose de ressemblance. Mais la froideur apparente de ses marbres est toujours équilibrée par un rendu très sensuel des chairs.
La belle Pauline
Sœur préférée de Napoléon, Pauline est une très jeune veuve de vingt-trois ans quand elle épouse Camillo Borghèse en 1803. Issu d’une des plus prestigieuses familles romaines, ayant compté un pape et plusieurs cardinaux, ce prince se range du côté des défenseurs de la révolution française et fait par la suite une brillante carrière dans les armées napoléoniennes. Le portrait de Pauline en Vénus est commandé peu de temps après la célébration de leur mariage.
Pauline en Vénus
Le portrait mythologique est un genre qui apparaît à la Renaissance et revient à la mode au XVIIIe siècle sous l’influence du retour à l’antique. Canova imagine dans un premier temps portraiturer Pauline Borghèse en Diane, déesse pudique. Mais la princesse, réputée pour sa beauté, choisit d’incarner Vénus, déesse de l’amour, représentée à demi ou complètement dévêtue.
Très vite, même si la statue n’est pas destinée à être montrée au grand public, elle est connue et admirée. Un parfum de scandale l’entoure : le bruit court que Pauline a posé nue ! Depuis 1838 environ, elle est exposée dans une salle de la villa Borghèse où elle dialogue avec le décor plus ancien du plafond représentant le jugement de Pâris et attire toujours les regards enthousiastes des amateurs.
Une œuvre idéalisée et sensuelle
Un dessin préparatoire de Canova montre Pauline dans la même pose élégante avec cependant un drapé supplémentaire, tombant de son épaule droite. Dans la version finale, le sculpteur a supprimé cette étoffe et préféré opposer le buste complètement dénudé au bas du corps recouvert d’un drapé fluide.
La sculpture repose sur une base en bois qui, comme d’autres œuvres de Canova, comporte un système lui permettant de pivoter et d’être vue de tous les côtés. La vision de dos permet ainsi d’apprécier une chute de reins des plus sensuelles [ détail c ]. La sculpture est réalisée dans un marbre blanc que Canova aime à polir puis à cirer pour donner un aspect encore plus tendre aux chairs.
Si les traits sont ressemblants et le buste sensuel, l’ensemble reste idéalisé. Surprise dans un moment d’intimité, Pauline met le spectateur à distance en détournant la tête [ détail b ]. Canova arrive ainsi à l’équilibre entre nature et idéal. Pour certains commentateurs, l’œuvre de Canova et la beauté qu’elle représente ont une fonction civilisatrice dans une Europe alors déchirée par la guerre.
Les sources antiques et vénitiennes
Canova a pu se familiariser avec des figures antiques à demi couchées comme l’Ariane endormie du Vatican [ image 1 ], des statues de fleuves et des défunts sur les couvercles de sarcophages romains. Il connaît également une des répliques antiques de l’Hermaphrodite endormi [ image 2 ] qui se trouve alors dans la collection de Camillo Borghèse, en partie rachetée par Napoléon en 1807. Le parallèle est d’autant plus éclatant que les deux œuvres présentent le même jeu d’opposition suave entre les chairs dénudées et les plis fins des tissus. Le matelas moelleux où est étendue la princesse fait également écho à celui, illusionniste, de l’Hermaphrodite, rajouté par le grand sculpteur baroque Le Bernin au XVIIe siècle.
Canova puise également son inspiration à d’autres sources, comme la peinture vénitienne du XVIe siècle où de nombreuses Vénus adoptent des poses similaires, la Vénus d’Urbin de Titien, par exemple [ image 3 ]. La Pauline en Vénus de Canova s’inscrit dans une série de recherches menées par divers artistes au début du XIXe siècle sur la figure féminine à demi allongée, comme David avec Madame Récamier [ image 4 ] ou Ingres avec La Grande Odalisque [ image 5 ].
Permalien : http://www.panoramadelart.com/antonio-canova-pauline-borghese-bonaparte
ressources internet
- Une fiche sur l’œuvre (en italien et en anglais)
http://www.galleriaborghese.it/borghese/it/paolinab.htm - Un article sur le néoclassicisme
http://www.aparences.net/neoclassicisme/neoclassicisme/#antonio-canova - e musée Canova à Possagno en Italie (en italien et en anglais)
http://www.museocanova.it/index.php?lang=en - Voir aussi le site Histoiredesarts.culture.fr
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glossaire
- Néoclassicisme :
- Mouvement artistique qui se développe du milieu du XVIIIe au milieu du XIXe siècle. Renouant avec le classicisme du XVIIe siècle, il entend revenir aux modèles hérités de l’Antiquité, redécouverts par l’archéologie naissante. Il se caractérise par une représentation idéalisée des formes mises en valeur par le dessin.
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