Recueil de poèmes en hommage aux deux auteurs
Maroc : retour à Casablanca
EN IMAGES - La capitale économique du pays revient en force parmi les villes à (re)découvrir. Son architecture Art déco exceptionnelle, la douceur de son climat et son dynamisme en font une destination très demandée pour un week-end sous le signe de l'évasion et de la culture.
Casablanca ne séduit pas d'emblée. La route qui mène de l'aéroport en ville n'est qu'un embouteillage entouré de terrains en friche, de végétations anarchiques, d'immenses panneaux promettant sous peu des immeubles de bureaux en verre et des compounds sécurisés avec piscine auxquels on voudrait croire. On arrive en ville avec le secret espoir d'un coup de foudre. Rien. Où est la statue à la gloire du maréchal Lyautey? Où sont les immeubles, les maisons, les monuments imaginés par les architectes qui ont fait de Casa un extraordinaire laboratoire d'urbanisme à partir des années 20? Quid du Rick's Café, où Humphrey Bogart, dans le film Casablanca, en 1942, résistait à la fois aux nazis et à l'amour? Dans le hall de l'hôtel, on se surprend à marmonner: rester ou partir? Mais une brochure posée sur une table qui titre en gras «De plus en plus de touristes se laissent séduire par Casablanca» règle le problème.
Casablanca est une ville que s'approprie volontiers la jeunesse à travers les tags, les concerts de rap, et en s'affichant dans les galeries d'art. Crédits photo : ERIC MARTIN
Dar al-Beïda (Casablanca en arabe) est peut-être autre chose qu'un fatras de cinq millions d'habitants planté au bord de l'océan Atlantique. «Casablanca est une ville difficile à aborder, car elle a grandi trop vite», explique Albane de Linarès, notre guide, qui, à travers l'association Casa Mémoire et une promenade de deux heures à pied, nous fait découvrir les quartiers historiques. «Il faut vraiment plonger dans ses entrailles, faire fi parfois du mauvais état des rues et des trottoirs, et s'engager sans crainte dans les passages et les cages d'escalier. Lever la tête en permanence pour découvrir de remarquables façades Art déco ou néomauresques. Vous n'en trouverez nulle part ailleurs autant, et dans leur “jus”. Il n'y a que comme ça que l'on comprend l'intérêt et le charme de Casablanca.»
Et en effet, pas après pas, le charme opère. Surgissent çà et là des édifices joyaux ; la ville se livre enfin. D'imposantes colonnades blanches bordant une large avenue et abritant une multitude de cafés “braguettes” (car on n'y trouve attablés que des hommes) mènent aux monuments phares de la place Mohamed-V, le centre historique: la Banque du Maghreb, le palais de justice, la poste, la préfecture. La banque a des allures de musée avec son portail en fer forgé et cuivre de 11 tonnes, sa cage d'escalier en marbre blanc et vert, son sol en granito brillant comme autant de pains de glace. Le plafond de verre à carreaux, suspendu à cause de son poids excessif, vaut à lui seul la visite. La préfecture voisine et son impressionnant patio-jardin ressemble à un palais andalou. On peut y jeter un long coup d'œil après quelques salamalecs et compliments d'usage à l'accueil, en jurant de ne prendre aucune photo. La poste, elle, séduit par ses zelliges extérieurs bleu lapis-lazuli, qui enserrent des boîtes à lettres d'époque, en cuivre. On y posterait volontiers quelques mots. À l'intérieur, une modernité élégante et dépouillée, Art déco, vole la vedette aux quelques fonctionnaires occupés à timbrer, tamponner et peser.
L'arrivée récente du tramway a accéléré la rénovation de Casa et créé un lien entre les différents quartiers plus ou moins favorisés. Crédits photo : ERIC MARTIN
Une seule villa remporte tous les suffrages
Casablanca est une ville pleine de promesses. Des musées? Il n'y en a qu'un seul pour le moment, mais étonnant ; la fondation Abderrahman Slaoui, créée par un homme d'affaires collectionneur éclairé. Dans les vitrines cristallines d'une maison particulière, on peut découvrir sur deux étages des porcelaines de Beykoz, des affiches XIXe, des bijoux marocains en or, de l'argenterie britannique ou de la cristallerie Napoléon III. «Pourquoi cherches-tu des musées, Casa est un musée», plaisante un piéton alors que nous sortons. Le quartier d'Anfa, Beverly Hills local, perché sur une colline dominant l'Océan est une des pièces maîtresses de ce musée à ciel ouvert. C'est là que, le 14 janvier 1943, Franklin Roosevelt et Winston Churchill invitent Joseph Staline et les généraux français de Gaulle et Giraud à se réunir à l'hôtel d'Anfa pour parler des suites à donner à la guerre. L'hôtel d'Anfa n'existe plus et la colline s'est peuplée de maisons qui rivalisent de légitimité pour les plus anciennes, de clinquant hollywoodien pour les plus récentes, et d'originalité pour les autres.
Les palmiers et massifs de fleurs y sont taillés en permanence. Des vigiles que l'on croit assoupis traquent en réalité des cambrioleurs potentiels de l'œil droit, et de l'œil gauche, regardent passer, au volant de voitures rutilantes, les riches Casaouis à la recherche d'un terrain au prix de l'or. Si Casablanca compte des dizaines de maisons exceptionnelles, comme la villa Zévaco, l'hôtel Excelsior, l'immeuble Assayag (entre autres), une seule villa remporte par son nom et sa forme tous les suffrages: la villa Camembert, boulevard du Lido. Les Casablancais l'ont surnommée ainsi à cause de sa forme cylindrique et plate. Construite en 1963 par Wolfgang Ewerth, son vrai nom est, en fait, villa du Dr B. Son aspect futuriste et la discrétion de son propriétaire en font une des maisons les plus mystérieuses de la ville.
Poumon économique du Maroc, Casablanca succombe depuis quelques années aux joies de la légèreté. Rien à voir avec Marrakech, insistent les Casablancais, qui tiennent à se démarquer d'une ville trop à la mode et trop dévergondée. Ici, les hommes d'affaires, le cigare aux lèvres, croisent une jeunesse dorée, un verre de touareg rouge ou rosé à la main, dans des restaurants en vue sur le port, ou sous le phare. On déjeune au Rouget de Lisle, on dîne au Cabestan, avant d'aller écouter de la musique au Rose. Au Rick's café, lieu mythique du film Casablanca, dans lequel Bogart n'a jamais mis les pieds puisqu'il n'est jamais venu ici, on vient pourtant écouter du jazz sous son portrait. Réaliser un fantasme. Le week-end, il faut absolument aller bruncher à La Sqala, forteresse hype donnant sur la mer avant une longue promenade sur la corniche, la plus longue d'Afrique du Nord. Les belles y bronzent autour de piscines qui donnent sur l'Océan aux premiers beaux jours.
La monumentale mosquée Hassan-II est l'une des curiosités de la ville. On se promène sur la belle esplanade avant une visite d'une heure à l'intérieur. Crédits photo : ERIC MARTIN
À la tombée de la nuit, après d'inévitables courses au Morocco Mall, ou à Anfaplace, fierté commerciale de la ville en verre et métal, où l'on vient se promener en famille, il est l'heure de faire la tournée des galeries d'art. Casablanca en compte désormais une dizaine. Et si par hasard, il n'y avait pas de vernissage, reste la possibilité d'aller écouter un concert de rap, de raï ou de rock aux Abattoirs. On y croise un Casa inattendu: des rois du tag, des geeks aux cheveux bleus, des jeunes créateurs ne doutant de rien. Dominant la ville, la gigantesque mosquée Hassan-II, qui rappelle qu'au Maroc les souverains commandent aux croyants, lance en direction du Miséricordieux son minaret de 201 mètres, le plus haut du monde. Entre 1986 et 1993 (année de son inauguration), 10 000 ouvriers et artisans ont participé à sa construction. On la visite, bluffé, en une heure et demie. La mosquée Mohamed-V, dans le quartier des Habous, est la préférée, dit-on, de Mohamed VI, souverain actuel. On vient aux Habous pour s'habiller traditionnellement.
Les artisans proposent aux touristes cendriers, peintures et tapis. Mais la seule boutique à faire l'unanimité est la pâtisserie Bennis Habous: toute petite, elle se résume à une pièce recouverte de zelliges, où se retrouve toute la ville. On y vient pour un oui ou pour un non. Le dimanche, le vendredi après la prière, pour faire un cadeau, avant de partir en voyage. C'est ici, dit-on, entre miel et sucre, que l'on s'attache définitivement à Casablanca.
Devenue le café Paul, la villa Zévaco ou villa Papillon est, avec la villa Camembert, un des chefs-d'oeuvre archituraux de Casablanca. Crédits photo : ERIC MARTIN
Le carnet de voyage
Utile
Office national marocain du tourisme (01.42.60.63.50 ; www.visitmorocco.com). Guides: le Petit Futé et le Guide du routard.
Y aller
Avec Air France (36.54 ; www.airfrance.fr): 4 vols par jour dont 1 au départ d'Orly-Ouest, et 3 au départ de Roissy. A partir de 128 € l'aller-retour. Avec Royal Air Maroc (0.820.821.821 ; www.royalairmaroc.com): 6 vols quotidiens au départ d'Orly-Sud. A partir de 262 €.
Organiser son séjour
Avec Directours (01.45.62.62.62 ; www.directours.com). Depuis 18 ans, Directours propose des voyages sur mesure, à des tarifs ultranégociés. L'agence propose deux séjours de 4 jours/3 nuits en 5 étoiles à Casablanca: à partir de 599 € au Sofitel Casablanca Tour Blanche, et à partir de 749 € à l'hôtel Le Doge Hôtel & Spa.
Notre sélection d'hôtels
Le Doge Hôtel & Spa (00.212.(0) 5 22.46.78.00 ; www.hotelledoge.com). Ce Relais & Châteaux 5 étoiles, petit bijou Art déco «caché» dans une ruelle tranquille, propose 16 chambres et suites réparties sur cinq étages desservis par un ascenseur et une très belle cage d'escalier. La décoration de chacune des chambres s'inspire d'une personnalité et d'un thème: Majorelle, Coco Chanel, Hemingway, etc. A partir de 253 € la nuit.
Le Sofitel Casablanca Tour Blanche (00.212.(0) 5.22.45.62.00 ; www.sofitel.com). Avec ses 141 chambres et 30 suites ultramodernes aux très beaux volumes, le Sofitel est une des réussites de Casablanca. Déco tendance, spa unique, lits moelleux, vue sur la mosquée Hassan-II et la médina. Dans l'immense hall, se mélangent avec succès les styles marocain et contemporain. A partir de 185 € la nuit.
Bonnes tables et saveurs
Le restaurant branché avec vue sur la mer, c'est le Cabestan (522.39.11.90), 90 bd de la Corniche. On y vient pour admirer les plus belles femmes de Casablanca, et des tycoons descendant de leur Porsche. Bon rapport qualité-prix: de 40 à 50 €. Situé au 248, bd Sour-Jdid, place du jardin public, le Rick's café (522.27.42.07 ; www.rickscafe.ma) est celui du film Casablanca, dans lequel jouait Humphrey Bogart. Idéal pour dîner ou déguster un verre de vin en écoutant du jazz. Compter 30 €. Les amateurs de poissons et fruits de mer, iront acheter huîtres de Oualidia, couteaux, pouces-pieds et oursins chez Zoubida (661.96.42.76) au Dar Kachon, sur le marché central, avant de les déguster cuisinés dans le bistrot de Michel et Hafida (661.07.33.97).
Les incontournables
Visiter la Fondation Abderrahman Slaoui, 12, rue du Parc (00.212 (0) 5.22.20.62.17 ; www.musee-as.ma). Ouvert du mardi au samedi de 10 à 18 h, le seul musée de Casablanca propose les trésors d'un collectionneur éclairé. Formidable. Entrée: 30 dirhams (2,68 €). Admirer la gigantesque mosquée Hassan-II, (00.212 (0) 5.22.48.28.86), ses salles sans fin, son minaret de 201 mètres. Visite d'une heure tous les jours à: 9 h, 10 h, 11 h, 14 h, (le vendredi à 9 h et 14 h). Entrée: 120 dirhams (10,72 €). Découvrir les plus belles maisons et façades Art déco et néomauresques autour de la place Mohamed-V et dans le quartier d'Anfa. Renseignements auprès de l'association Casa Mémoire (526.51.58.29 ; www.casamemoire.org).
Que rapporter
Dans les boutiques longeant la nouvelle médina, les amateurs de fossiles en dénicheront de toutes sortes, ammonites et autres dents de requin trouvées dans les sables du Sahara. Les gourmands ne rentreront pas sans une provision des gâteaux parfumés à la cannelle, à la fleur d'oranger de la pâtisserie Bennis située dans le quartier des Habbous.
Le Bon Plan
Séjourner à l'Hôtel Central (00.212 (0) 5.22.26.25.25). Situé sur la place Ahmed-el-Bidaoui, cet hôtel sans prétention (et aux prix très raisonnables) ne manque pas de charme! Carrelage d'époque, peinture blanche à la chaux, terrasse dominant la vieille médina, chambres et salles de bains très propres. À partir de 30 €.
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