DANIEL ARSHAM
Daniel Arsham est né en 1980 à Cleveland, dans l’Ohio et a grandi à Miami. Il s’installe à New York dès ses études et obtient son diplôme de la "Cooper Union for the Advancement of Science and Art" (Union Cooper pour le développement de la science et de l’art), une école d’art, d’architecture et d’ingénierie.
Sa pratique artistique, pluridisciplinaire, croise architecture, formes sculpturales, ligne, couleur. Qu’existe-t-il de commun entre une sculpture en polystyrène et plastique, et des gouaches sur papier calque ? Entre un bloc de forme cubique et des représentations des statues de l’Île de Pâques ?
Selon Daniel Arsham, l’Île de Pâques a une qualité architecturale ; émergée subitement en plein milieu de nulle part, elle semble avoir été façonnée conjointement par l’homme et la nature. De même, le bloc Stand in allie une forme géométrique à des vides intérieurs comme creusés par la main humaine et par l’érosion. Construction et destruction tout à la fois : l’une s’apparente à l’autre, et inversement.
Et lorsqu’on lui demande : "Si vous pouviez vivre à l’intérieur d’une oeuvre d’art, quelle serait-elle ? », il répond « Dans un tableau de Ellsworth Kelly !". (2)
www.danielarsham.com
BRIAN BELOTT
Brian Belott est né en 1973 à East Orange dans le New Jersey. Après un an à la "Cooper Union", il termine son cursus à la "School of Visual Arts" (École d’arts visuels) de New York, où il s’installe.
Chaussettes sales, peignes, livres, objets en tous genres, gravitent dans son travail. Souvent, comme libérés de leur poids et de leur fonction, ils semblent flotter sur et sous des surfaces brillantes, miroitantes, aux couleurs saturées empruntées aux impressions des années 1960 et 1970. Des formes et symboles géométriques ancrent ces compositions conçues sur le mode du collage. Accoutumé à l’écriture musicale, Brian Belott parle de "sampling" (3) et de "free jazz" (4) pour décrire ces assemblages sans gravité.
Cette dimension sonore se retrouve dans les titres de ses travaux, comme dans ceux d’un de ses artistes favoris, Piet Mondrian (1872–1944), qui a fini sa vie à New York. Mais les "Boogie Woogie" du peintre néerlandais auraient ici fait un détour détonnant par la case Pop.
Jonathan Goodman (journaliste) décrit cette frénésie visuelle ainsi : "Dans le cas de Belott, trop est loin d’être suffisant." (5)
Brian Belott : "J’aime le collage parce que c’est le contraire de commencer avec une toile vierge." (6)
www.brianbelott.com
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MATT BOLLINGER
Matt Bollinger est né en 1980 à Kansas City, dans l’État du Missouri. Il est diplômé de l’école d’art de l’État de Rhode Island à Providence. Il vit et travaille actuellement à Provincetown, à proximité de New York.
Le réalisme de ses dessins, le noir et blanc du graphite, le cadrage en grand angle renvoient à la photographie ou à un plan cinématographique. Dans "About Midnight Saturday", ces éléments sont associés à un témoignage sonore relatant un drame familial ; ils ressuscitent un passé inquiétant, dramatique. Émanant des intérieurs, une lumière électrique combat l’hostilité du monde extérieur, un monde en suspens.
Cet univers fortement contrasté, affleurant sur de fragiles feuilles de papier, n’est-il qu’un "ersatz", un monceau de clichés retranscrits trait pour trait par le graphite ? Ou bien est-il réellement celui des États-Unis ?
www.mattbollinger.com
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BEA CAMACHO
Bea Camacho est née en 1983 à Manille, aux Philippines. Elle a quitté son pays à l’âge de onze ans pour émigrer vers l’Angleterre, puis est allée étudier aux États-Unis, à l’université d’Harvard, à Cambridge dans le Massachussets.
La performance "Enclose" (enfermer, clôturer, entourer, inclure) est liée à l’expérience de l’émigration qu’elle a vécue dans son enfance. Pendant les onze heures de la performance, l’artiste s’est tricoté une sorte de cocon ou de matrice sur mesure, dans laquelle elle a fini par s’enfermer et s’endormir.
Le choix du tricot est dicté par le besoin d’un médium permettant d’improviser les formes au fur et à mesure du travail. Bea Camacho relie également le travail au tricot avec une certaine vision idéalisée du foyer, du chez-soi et, au-delà, avec l’idée du confort et de l’inconfort, de l’isolement, de la séparation, de l’aliénation.
Le fil de laine rouge, dont elle apprécie la qualité graphique, ne sert pas à lier, mais au contraire à souligner la présence-absence de l’artiste.
La présentation de la performance par l’intermédiaire de photos et d’une vidéo renforce la séparation entre le spectateur et la sphère intime de l’artiste.
www.beacamacho.com
DAVIDE CANTONI
Davide Cantoni est né à Milan en Italie, en 1965. Il a fait ses études d’art à la "Slade School of Fine Art puis au Royal College" à Londres. Il vit et travaille aujourd’hui à New York.
Les œuvres présentées ici ont été réalisées à partir de photographies du New York Times ; Davide Cantoni les reproduit au graphite sur une feuille de papier. Brûlées par le soleil au travers d’un verre grossissant, ces images de la presse quotidienne, devenues diaphanes, rappellent la fugacité avec laquelle elles impriment notre rétine. Indistinctes, elles requièrent une attention bien supérieure à celle que nous leur accordons d’ordinaire, leur banalisation est empêchée. La fragilité apparente de ces oeuvres contraste avec la violence et les drames évoqués. "To burn" signifie non seulement "brûler" en anglais, mais également "graver", graver dans la mémoire, comme on grave un CD aujourd’hui. Davide Cantoni utilise la lumière pour fixer ses images, comme cela se fait en photographie argentique avec le nitrate d’argent.
Comme Roland Barthes l’a écrit, "la mort, dans une société, il faut bien qu’elle soit quelque part ; si elle n’est plus (ou est moins) dans le religieux, elle doit être ailleurs : peut-être dans cette image qui produit la mort en voulant conserver la vie." (7)
www.davidecantoni.org
PAUL DEMURO
Arrivé à New York dans le cadre d’une résidence d’artiste en 2012, Paul DeMuro, né en 1981 à Philadelphie, développe un travail pictural à l’heure où nous percevons le monde et l’histoire au travers des écrans. L’opacité de la peinture et le jeu des empâtements colorés révèlent l’artificialité de nos lumières actuelles, celles des télévisions et des ordinateurs, des lumières "vives mais mortes" (8) selon l’artiste. DeMuro s’intéresse aux nouvelles technologies comme une menace qu’il épuiserait dans le paradoxe de la peinture. "Le jour n’est pas si lointain où un programme informatique sera capable de reproduire […] notre identité sous la forme d’un algorithme dont la répétition à l’infini nous fera exister bien après que nous ayons disparu". (9)
www.pauldemuro.com
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AMY FELDMAN
Amy Feldman engage un travail pictural abstrait dans lequel l’économie des moyens et les relations fond / forme sont déterminants. Préparées très consciencieusement à l’aide de dessins agencés, découpés, ses peintures résultent d’une mise en œuvre effrontée dans laquelle des coulures s’échappent. Ses tableaux font écho à la monumental"ité grise des paysages new-yorkais, entre architectures et mouvances atmosphériques que Feldman aperçoit par la fenêtre de son atelier. Son travail évoque, avec une touche subtile d’humour et de distance, les cartoons autant que le Pop Art.
www.amyfeldman.org
ALLISON HAWKINS
Née en 1978 à Colombus, Allison Hawkins a notamment étudié à la School of Visual Arts de New York. Elle vit et travaille à New York. Dans ses œuvres se dessinent des paysages lointains, flottant entre le rêve et la réalité, comme l’image imprécise d’un souvenir. L’artiste décrit ses créations les plus récentes ainsi : "ce travail reflète la nostalgie d’un paysage mystérieux et étonnant, qui devient une fuite, un refuge. Ce sont des lieux ouverts, à l’atmosphère calme, avec des entités mystiques." Ces décors mélancoliques sont peuplés d’êtres humains et d’animaux, aux contours évanescents, qui semblent issus de récits ancestraux que nous aurions oubliés. Pour l’artiste, ils jouent un rôle rassurant, incarnant "la camaraderie, la réciprocité, la sagesse, les conseils".
TAYLOR MCKIMENS
Taylor McKimens est un peintre et dessinateur né à Seattle en 1976. Ses toiles de grand format dépeignent une Amérique aux couleurs criardes, à la banalité transpirante et dégoulinante. Sans prétendre à une critique sociale, McKimens propose une peinture qui évoque la matière organique, et un dessin comme une matière vivante où les corps, les plantes, les architectures, les objets semblent bouger et grouiller tels des asticots. Son style évoque celui de Robert Crumb, figure du "comic underground" mais s’en distingue par sa volonté de mise à distance de la caricature et du stéréotype. Le sentiment d’étrangeté de l’image est alors renforcé par son aspect tangible.
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DEAN MONOGENIS
Né en 1973, Dean Monogenis est new yorkais de naissance. Ses acryliques sur bois figurent des architectures modernes qui errent dans l’espace du tableau, ancrées à des massifs rocheux comme des territoires perdus, accrochées à des structures urbaines ou des pans de surfaces picturales. "Ma première réaction au 11 septembre a été de peindre des buildings avec des explosions dessus, à l’intérieur ou auprès d’eux. Mais ça a évolué ; ces explosions se sont presque littéralement transformées en fleurs." (10) En travaillant la peinture en couches successives comme des calques et en multipliant les techniques picturales, Dean Monogenis construit des fictions de réalités en transformation, au ground zero de la peinture. Certaines parties évoquent autant les artistes Pop que la peinture Hard-Edge (11) d’Ellsworth Kelly ou de Kenneth Noland, deux artistes actuellement présentés dans l’exposition des œuvres américaines de la collection du Musée.
www.deanmonogenis.com
1. Carl Andre, "Cuts, Texts 1959-2004", The MIT Press, Cambridge.
2. Beta Germano, "Casa Vogue", 15/11/2013.
3. Pratique qui consiste à prélever des échantillons d’enregistrements sonores (des samples) afin de les réassembler pour créer de nouvelles chansons ou pièces musicales.
4. Style de musique, né dans les années 1950 – 1960, qui utilise les bases du jazz mais met en œuvre des compositions moins structurées que les styles précédents. L’improvisation, par exemple, y tient une grande place.
5. Jonathan Goodman, "The Brooklyn Rail", 06/11/2012.
6. Brian Belott, mars 2010, http://vimeo.com/57725772
7. Roland Barthes, "la Chambre Claire : Note sur la photographie", Gallimard, Paris, 1980.
8. Arthur Peña, Interview Paul DeMuro, juin 2013.
9. Interview de Paul DeMuro par la Galerie Zürcher.
10. Interview de Dean Monogenis par "The Citrus Report", février 2012.
11. Hard-Edge : tendance de la peinture abstraite américaine, apparue dans les années 1950, qui se caractérise par la rigueur géométrique, l’économie formelle et la netteté des surfaces de couleurs en aplat.
HORAIRES D'OUVERTURE AU PUBLIC // VISITES GUIDÉES // TARIFS
RENDEZ-VOUS AUTOUR DE L'EXPO
CONCERT Vendredi 17 janvier // 21 h // Accès dans la limite des places disponibles // Réservation uniquement auprès de l'Opéra Théâtre : RÉSERVER Philip Glass, A forty-year retrospective
CONFÉRENCES // COLLOQUES
Samedi 18 janvier // 11 h > 12 h 30 // À l'Opéra-Théâtre de Saint-Étienne // Réservation obligatoire auprès de l’Opéra-Théâtre : tél. 04 77 47 83 40 Table-ronde "The New York Moment"
VISITES
Mardi 21 janvier // 18 h // Gratuit // Sur réservation Visite enseignants
Mercredi 22 janvier // 14 h // Gratuit // Sur réservation Visite enseignants
Jeudi 20 février // 14 h 30 // Gratuit // Sur réservation Visite animateurs
Jeudi 23 janvier // 18 h 30 // Sur réservation Un soir au Musée
L'EXPOSITION DANS LES SALLES DU MUSÉE
Un système de protection signale par une sonnerie toute personne s’approchant trop près des œuvres. Merci de vous tenir à une distance raisonnable des œuvres et des objets.
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