En 1939, deux enfants allemands sont envoyés par leur mère dans une famille adoptive, aux environs de Munich. Mais la petite Liesel (Sophie Nélisse) arrive seule: son frère, malade, a succombé pendant le trajet. La Mort, dès le début, préside à cette histoire de séparation, de deuil et de guerre. C'est elle la narratrice de La Voleuse de livres, réalisé par Brian Percival (réalisateur anglais de la série Downton Abbey

Hans, modeste ouvrier et homme de cœur, corrige la rudesse de sa femme, Rosa (Emily Watson), par sa complicité affectueuse avec la petite fille. Il sait à peine mieux lire qu'elle, mais il encourage sans réserve la passion qu'elle se découvre pour les mots. Dès qu'elle peut, elle chipe un bouquin, que ce soit en l'arrachant aux flammes d'un bûcher nazi ou en l'empruntant à la patronne de Rosa. Ensemble, Liesel et Hans couvrent les murs de la cave de mots et de leurs définitions. Avec l'arrivée de Max, les mots prendront une résonance plus grave, nourrissant la conscience, ouvrant l'espace de l'imagination au cœur de la réclusion.

Entre conte et situations historiques

C'est un film pour les juniors, et il serait facile de lui reprocher une certaine joliesse, et une gentillesse certaine. Mais l'imagerie est intelligemment composée, entre conte et situations historiques que les parents pourront préciser et développer pour leurs enfants. Et surtout, La Voleuse de livres entrelace des thèmes profonds, qui n'ont rien de mièvre ni de puéril, opposant à la noirceur des événements l'esprit des mots, qui forgent la conscience, à la barbarie ambiante l'amitié et la bonté, qui sont la résistance du cœur.

«J'aimerais que les spectateurs se souviennent du pouvoir des histoires, que ce soit en littérature ou au cinéma, et, plus important encore, que nous possédons tous en nous la capacité de persévérer, de persister, voire même de triompher face aux obstacles les plus insurmontables», a déclaré Markus Zusak, l'auteur du livre. Le film remplit cet espoir, parle de beauté et d'humanité à travers des comédiens attachants - la jolie Sophie Nélisse, et le toujours excellent Geoffrey Rush. Avec une belle partition de John Williams.