Recueil de poèmes en hommage aux deux auteurs
Les médecins incités à « prescrire autrement »
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Le Commissariat à la stratégie et à la prospective émet des recommandations.
Objectif : réduire la consommation des médicaments.
Le médicament. Ce sera l'un des premiers postes budgétaires visés par le gouvernement, qui veut comprimer au maximum la progression des dépenses de santé d'ici à la fin du quinquennat. Il y aura d'abord, c'est certain, des baisses de prix pour les médicaments remboursés. C'est l'arme la plus efficace pour réduire rapidement la dépense, car ses effets sont immédiats. Le problème, c'est que cette arme a déjà été largement utilisée ces dernières années, par la droite comme par la gauche. Les baisses de prix ont permis d'économiser près de 1 milliard d'euros par an depuis 2012. « Il sera difficile de faire beaucoup plus », reconnaît un conseiller gouvernemental.
Pour passer à la vitesse supérieure, l'exécutif prépare donc des mesures pour agir aussi en amont, sur les prescriptions des médecins. Le Commissariat général à la stratégie et la prospective, un organisme rattaché à Matignon, vient de publier une note qui explore plusieurs pistes en ce sens. Elle démarre par un constat : même si la consommation de médicaments a marqué le pas ces dernières années (voir graphique), « la France demeure l'un des premiers consommateurs européens » : pas moins de 48 boîtes par habitant et par an. « La consommation française reste encore supérieure de 22 % à la moyenne observée dans les pays voisins », par exemple pour les anxiolytiques ou les antibiotiques. Outre des effets néfastes pour la santé et le gaspillage - plus de 23.000 tonnes de produits non utilisés en 2012 -, cette surconsommation coûte cher à l'assurance-maladie, qui rembourse tous les ans 27 milliards d'euros de médicaments. Le Commissariat appelle à « repen ser l'ensemble du circuit du médicament ». Il faut d'abord inciter les médecins à « prescrire autrement ». La note suggère de leur fournir « des outils réduisant les choix possibles parmi les médicaments présents sur le marché », par exemple en établissant « une liste de référence » pour chaque pathologie. En vigueur en Suède, cette pratique « a permis d'obtenir en l'espace d'une décennie des modifications substantielles en termes de comportement de prescription ».
Groupes de réflexion
Pour inciter les médecins à mieux prescrire, il faudrait systématiser les groupes de réflexion qui existent déjà dans certaines régions, en y associant les pharmaciens, comme aux Pays-Bas. Et les médecins devraient être incités à prescrire « des modes de prise en charge non médicamenteuses », comme la consultation d'un psychologue ou des conseils d'hygiène de vie.
Le Commissariat recommande aussi d' « informer l'usager », sur le modèle de la campagne « Les antibiotiques, c'est pas automatique ». D'abord en rendant l'information plus accessible : les notices « mériteraient d'être simplifiées », l'emballage devrait être « plus lisible ». Pour limiter le gaspillage, la note propose d'opter pour la délivrance des médicaments à l'unité, comme en Grande-Bretagne ou aux Etats-Unis. Sur ce plan, la France n'en est encore qu'au stade de l'expérimentation.
Le Commissariat appelle enfin à renforcer le rôle du pharmacien, qui pourrait informer systématiquement l'usager de la posologie, des effets secondaires, mais aussi « proposer des conseils d'éducation à la santé ». Cela supposerait que les pharmaciens puissent davantage partager les informations sur le patient avec les médecins ou les infirmiers qui interviennent à domicile chez les personnes âgées.