La flambée des prix du bœuf est devenue une cause nationale au pays des gauchos. Un casse-tête pour la présidente argentine, Cristina Kirchner, qui ne cesse de dégringoler dans les sondages. Et pour cause. Le pays, confronté à une sévère crise économique, a subi une hausse de l'inflation de presque 30% l'an dernier, de 3,7% sur le seul mois de janvier, après la forte dévaluation du peso. Le cours du bœuf a grimpé de 30% depuis novembre dernier. De quoi mettre au régime sec les Argentins, gros amateurs de viande bovine, qui en consomment 64 kilos par an, soit deux fois plus que les Américains. Fini le traditionnel asado - barbecue argentin - du week-end.

Cristina Kirchner a donc décidé de prendre le bœuf par les cornes. Depuis le 1er janvier, le gouvernement argentin a gelé les prix de près de 200 produits de consommation courante dans les supermarchés. Il accuse les spéculateurs de pousser les cours à la hausse. La filière bovine, qui a déjà fait les frais, ces dernières années, des restrictions aux exportations pour freiner l'inflation, encore renforcées en début d'année, pourrait subir de nouvelles mesures coercitives. C'est le serpent qui se mord la queue.

Privé de l'accès aux marchés internationaux de capitaux depuis la faillite de 2001, le pays dépend cruellement des revenus de l'export, dont plus de la moitié provient de l'agriculture. Les réserves de change ont fondu à 30 milliards de dollars en fin d'année, contre 42 un an plus tôt. À cause des restrictions, les bovins sont de moins en moins nombreux à paître dans la pampa. L'Argentine a régressé de la troisième à la douzième place sur le marché mondial d'exportation.