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Catégories : CE QUE J'AIME/QUI M'INTERESSE, L'art, La presse

Édito : Que reste-t-il des Magiciens ?

 

Signature : Guy Boyer - 26 février 2014
 
Guy Boyer, directeur de la rédaction (Photo : Manolo Mylonas).

Guy Boyer, directeur de la rédaction (Photo : Manolo Mylonas).

 

 

Il y a vingt-cinq ans déjà s’ouvrait à Beaubourg et à La Villette une exposition baptisée d’un titre étrange: « Magiciens de la Terre ».

Montée par Jean-Hubert Martin, elle voulait présenter pour la première fois en France, aux côtés des créateurs habitués à nos musées et galeries, l'art contemporain non-occidental. Cent un artistes (ou plus largement créateurs) venus d'Europe et d'Amérique mais aussi d'Asie, d'Afrique, d'Amérique latine et d'Océanie. « La notion d'oeuvre d'art est une invention spécifique à notre culture, expliquait alors Jean-Hubert Martin. Beaucoup de sociétés ne la connaissent pas. Les autres cultures n'en créent pas moins des objets visuels et statiques, qui ont pour propriété essentielle d'être des réceptacles de l'esprit. » Pour nous, pauvres spectateurs « occidentalo-centrés » qui avons eu la chance de voir cette exposition, « Magiciens de la Terre » a été une révolution ouvrant notre regard vers d'autres horizons. Près d'artistes déjà reconnus comme Daniel Buren, Nancy Spero, Sigmar Polke et Jeff Wall, on pouvait voir des moines népalais réaliser un mandala, Cyprien Tokoudagba reconstituer un temple vaudou du Bénin ou, devant un grand cercle de boue de Richard Long, des Aborigènes australiens de Yuendumu orner un rectangle de sable ocre et blanc. Ces télescopages furent l'occasion d'empoignades légendaires. Certes, ils renouvelaient nos connaissances et nous obligeaient à regarder des oeuvres inhabituelles, mais la majorité du public ne possédait pas les clés de lecture pour comprendre ces propositions hors du commun. Hormis le manque de contextualisation, on reprocha au commissaire une vision trop européenne sur ces créateurs d'un nouveau genre, et de mêler des objets religieux ou de l'artisanat avec des oeuvres d'art.
« Cette tentative de mêler art occidental et non occidental avait déjà tenté ou tenta au même moment d'autres commissaires d'expositions, rappelle Christine Macel, qui prépare l'accrochage des salles du cinquième étage du Centre Pompidou autour des postures communes aux artistes du monde entier. Dès 1986, Gerardo Mosquera avait ouvert la Biennale de La Havane aux artistes africains et asiatiques. À Londres, l'exposition The Other Story de Rasheed Araeen, en novembre 1989, présentait les artistes afro-asiatiques de l'Angleterre de l'après-guerre. » Cependant, par son ampleur et la qualité des oeuvres exposées, « Magiciens de la Terre » a marqué tous les esprits. C'est pourquoi (et à juste titre) le Centre Pompidou lui consacre un colloque les 27 et 28 mars et, cet été, accueillera une exposition documentaire sur cet événement majeur, qui a su nous déciller les yeux.

http://www.connaissancedesarts.com/art-contemporain/actus/edito-que-reste-t-il-des-magiciens-105415.php

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