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Le nouveau look de l’église orthodoxe russe

 

Jean-Michel Wilmotte a dévoilé vendredi la maquette du futur édifice religieux qui doit être érigé quai Branly (7e).

Eglise orthodoxe russe de Paris Paru dans leJDD
 

Vue d’artiste du futur centre spirituel et culturel orthodoxe russe, côté Quai Branly. Quatre bâtiments le composent : une école franco-russe, un centre paroissial, un centre culturel et au milieu une église coiffée de cinq bulbes dorés. (JOAO LUCIO)

Comment rassurer les Parisiens sans faire de vagues à propos d’un ambitieux projet d’édifice religieux situé à deux pas de la tour Eiffel? En leur ouvrant des portes d’ordinaire fermées, celles de l’hôtel particulier de l’ambassadeur de la Fédération de Russie (7e). Tout ce week-end, le grand public pourra y étudier* la maquette de la future église orthodoxe russe qui doit être érigée quai Branly. Le permis de construire du centre spirituel et culturel a été validé par le préfet en décembre. La démolition des bâtiments existants doit commencer dans les jours qui viennent.

"Nous avons toutes les autorisations nécessaires", assure Vladimir Kojine, chef de l’intendance du Kremlin. La fin d’un feuilleton mouvementé. "Une histoire pas facile et parfois dramatique", reconnaît-il. En 2010, la Fédération de Russie acquiert pour 70 millions d’euros l’ancien siège de Météo France, près du musée du Quai Branly, avec l’accord des autorités françaises. Après un concours d’architecture, la maquette de Manuel Nuñez-Yanowsky est retenue en mars 2011. Mais son projet fâche le maire de la capitale. Bertrand Delanoë exprime sa "très nette opposition" à cette "architecture de pastiche" dont "l’ostentation" est "tout à fait inadaptée au site classé au Patrimoine mondial de l’Unesco ou à la perspective de la tour Eiffel". En septembre 2012, l’État russe abandonne son permis de construire, "car le gouvernement français nous avait annoncé qu’en l’état du projet, la réponse serait négative".

La première mouture a été abandonnée

Mais Vladimir Poutine tient avec ténacité à ce projet. Le sujet est évoqué à chaque rencontre entre les représentants des deux nations. Les tensions sur ce dossier prendront fin avec la mise en place d’un groupe de travail bilatéral. Première recommandation : abandonner le projet initial. L’architecte Jean-Michel Wilmotte, arrivé deuxième du concours, reprend le dossier en avril dernier. En septembre 2013, un nouveau permis est déposé. En moins de quatre mois, il est validé.

"Le programme a évolué, explique Jean-Michel Wilmotte, et une école franco-russe a été ajoutée". Le centre spirituel et culturel comporte quatre bâtiments en pierre blanche, en bois et en verre. L’église orthodoxe est accompagnée d’un centre culturel, où seront organisées des expositions, d’un groupe scolaire et d’un centre paroissial, avec bureaux et petit amphithéâtre. L’édifice religieux est coiffé de cinq bulbes, obligatoires selon ce rite, qui symbolisent le Christ et les quatre évangélistes. Ils seront dorés mais "mats", selon Jean- Michel Wilmotte. Le dôme le plus haut aura 36 mètres de hauteur, alors que les bâtiments ne dépasseront pas 18 mètres. Seule la moitié des 8.000 mètres carrés disponibles seront construits. Des jardins et un passage occuperont le reste du terrain : une voie de 115 mètres de long traversera l’ensemble, de l’avenue Rapp au quai Branly, et sera ouverte en journée. "Les Parisiens redécouvriront la façade du palais de l’Alma qu’ils longeront sur ce passage", précise l’architecte. "Les bâtiments du centre russe s’intégreront dans le paysage avec douceur grâce à leur horizontalité, et à l’alternance de pierre et de verre, qui créera du relief."

"Les bulbes dorés, cela ne fait pas trop contemporain"

La Mairie de Paris a jugé ce projet acceptable car "l’insertion urbaine est plus calme, plus simple, plus modeste". Une seule petite réserve, "les bulbes dorés, cela ne fait pas trop architecture contemporaine…" Reste un opposant déclaré : l’architecte écarté, Manuel Nuñez- Yanowsky, qui a lancé plusieurs procédures judiciaires. Il a perdu en référé en décembre dernier, mais a attaqué l’État russe sur le fond. "Pourquoi n’y a-t-il pas eu un groupe de travail pour revoir le projet de mon client et le lui confier?", s’interroge l’avocat de l’architecte, Me Fauquet. Côté russe, pas d’inquiétude, "ces procédures n’ont aucune chance d’aboutir", estime Vladimir Kojine.

* 79, rue de Grenelle, de 10 heures à 18 heures. Entrée libre.

Marie-anne Kleiber (avec Bertrand Greco) - Le Journal du Dimanche

lundi 20 janvier 2014

http://www.lejdd.fr/JDD-Paris/Le-nouveau-look-de-l-eglise-orthodoxe-russe-649315

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