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Catégories : Bonnard Pierre, CEUX QUE J'AIME

Gauguin et Bonnard, un mystère carabinier

 

SERVICE CULTURE 2 avril 2014 à 19:26

Dario Franceschini (à gauche), ministre de la Culture, mercredi 2 avril.Dario Franceschini (à gauche), ministre de la Culture, mercredi 2 avril. (Photo AFP.)

ARTS

Deux toiles volées à Londres puis «oubliées» en 1974 dans le Paris-Turin ont été retrouvées hier.

A quoi bon régner sur la plus grande banque de données d’œuvres d’art volées du monde (5,7 millions d’objets), si on ne peut pas faire un peu le malin ? A l’occasion de son bilan annuel, en présence du ministre italien de la Culture, Dario Franceschini, la section des carabiniers en charge du patrimoine a dévoilé hier une histoire joliment croustillante, propre à illustrer son travail de fourmi, qui, en gros, consiste à comparer des photos de trucs kitsch en or prises chez des particuliers avec des catalogues de ventes aux enchères, de musées et les pics de votre salon postées sur Facebook.

Retraite. Ont ainsi été exhibés deux trophées d’exception volés en 1970 à Londres et retrouvés par hasard en Sicile le mois dernier, dans la cuisine d’un ex-ouvrier de la Fiat : la Femme aux deux fauteuils (44 x 54 cm) de Pierre Bonnard (1867-1947), non daté, et Fruits sur une table ou nature au petit chien, de Paul Gauguin (1848-1903), peint en 1889 et réduit de 49 x 54 à 46,5 x 53 cm par les voleurs.

Ce n’était évidemment pas l’ouvrier de Fiat l’auteur du cambriolage. Cet amateur d’art les avait achetées aux enchères à Turin en 1975, pour la somme de 45 000 lires de l’époque (soit 23 euros d’aujourd’hui) et emportés en Sicile en partant à la retraite.

Miracle prolétaire d’une éducation du goût détachée de toute considération mercantile, il n’avait apparemment jamais soupçonné la valeur de ces peintures, aujourd’hui estimées de 15 à 35 millions d’euros pour le Gauguin et 600 000 euros pour le Bonnard.

C’est son fils, étudiant en architecture, qui a identifié le Gauguin en feuilletant un catalogue et en repérant un chien dans un tableau reproduit et celui de la cuisine de son père. Il va trouver des experts qui, à leur tour, contactent la protection du patrimoine des carabiniers. Ceux-ci ont hélas dû persuader le retraité, via des avocats, de leur remettre son trésor inespéré. De leur côté, les héritiers de la famille Mark-Kennedy de Londres peuvent désormais à tout moment revendiquer la propriété des deux toiles.

Train. Si la fin de l’histoire est «miraculeuse», le début ne l’est pas moins, puisque avant d’arriver aux enchères, les œuvres avaient tout simplement été oubliées par on ne sait qui (pas de bon récit sans mystère) dans le Paris-Turin un jour de 1974, d’où elles avaient atterri aux objets trouvés italiens, avant d’être mises en vente.

 

 

SERVICE CULTURE

 

http://next.liberation.fr/arts/2014/04/02/gauguin-et-bonnard-un-mystere-carabinier_992680

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