La griffe a organisé un sommet du luxe franco-italien à sa manière, grandiose, joyeux et festif.

« Nous nous trouvons dans le berceau du luxe. C'est ici qu'il est né, il y a six cents ans », rappelle Michael Burke, PDG de Louis Vuitton, lors de l'inauguration d'une boutique installée sur les quatre niveaux d'un ancien cinéma, à une centaine de mètres de la Piazza San Marco. Vuitton qui connaît bien la région fabrique ses chaussures à Fiesso d'Artico, commune voisine, depuis 1998, quand le nouveau directeur artistique Marc Jacobs encouragea la marque à y produire sa gamme. La griffe ouvre aussi en 2009 un atelier de souliers, probablement l'un des plus high-tech au monde avec 370 artisans, près de la Riviera del Brenta, somptueux bras d'eau bordé de légendaires villas palladiennes. Il s'agit bien d'un nouvel exemple de l'entente franco-italienne : LVMH se nourrit des trésors de l'artisanat italien à Brenta, région réputée pour l'excellence de son savoir-faire dans l'art du soulier.

Une alliance encore plus flagrante, quand Clémence Poésy, Virginie Courtin-Clarins et les rédacteurs en chef des plus grands magazines accompagnent les aristocrates vénitiens pour se lancer dans une chasse au trésor baptisée « Shoeting ». En guise d'indices, des talons aiguilles d'une finesse remarquable et des ballerines léopard sont suspendus aux grilles rouillées de la vieille ville ou posés sur les gondoles noires amarrées près du Harry's Bar.

Pour Michael Burke, le premier catalyseur du luxe est le miroir. « Avec l'arrivée des psychés, les Vénitiens ont inventé la vanité moderne, car l'homme disposait désormais d'un regard sur lui-même. Au XVIIe siècle, Colbert a d'ailleurs débauché des artisans de Venise – la cité avait alors le monopole sur la fabrication des miroirs – afin de créer la Galerie des glaces de Versailles pour Louis XIV. »

Quelques semaines avant la Biennale de Venise, Vuitton se démarque des deux grands groupes de luxe – Kering et Prada – qui possèdent l'un et l'autre sur le Grand Canal d'énormes palazzi dédiés à l'art contemporain. De son côté, Louis Vuitton a conclu avec la municipalité un accord pour montrer des pièces rares mises en dialogue avec une perspective artistique moderne. La première présentation du nouvel Espace Louis Vuitton, situé au-dessus de la boutique, sera La Mort d'Othello, peinture sacrée de Molmenti (sa restauration a été financée par Louis Vuitton), complétée par une installation vidéo de Tony Oursler, qui a beaucoup fait parler de lui avec Where are we now?, le clip du come-back de David Bowie. « Tony Oursler est un iconoclaste, et nous aimons beaucoup cela chez Vuitton », souligne Burke.

Louis Vuitton Venezia, San Marco 1345.
Tél. : 39 041 522 45 00.
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