Recueil de poèmes en hommage aux deux auteurs
Virginiafternoon
Samedi 29 septembre, Paris 14e, hôtel de Massa. Un hôtel particulier construit en 1778 pour un administrateur général des Postes à l'emplacement des nos 52 à 60 des Champs-Elysées. L'hôtel (classé) fut réédifié (traduit ?) pierre par pierre au 38, rue du Faubourg-Saint-Jacques en 1928, et est occupé depuis 1930 par la Société des gens de lettres.
Voilà pour les lieux... Il y fut question, cet après-midi-là, de Virginia Woolf, de la traduction de ses œuvres (dans la Pléiade*), tout cela à l'instigation de L'Envers de Paris, association de psychanalystes issue de l'Ecole de la cause freudienne. Textes lus en français, en anglais dans le sautillement magnifique de cette langue
Qu'est-ce donc qui intéresse des psychanalystes dans la traduction ?... Traduire, cela tient de “l'art de l'interprétation”, et comme dans une analyse, n'y vise-t-on pas aussi à “faire mouche avec les mots, mots-sons plus que mots-sens” ? (Stella Harrison, psychanalyste)
Un mot revint souvent à la tribune : “lalangue”, concept lacanien dont les animateurs de ce blog ignoraient tout jusqu'à ce samedi de septembre ; “lalangue” donc, qu'est-ce que c'est ? Eh bien, « dans ses conférences à Sainte-Anne en 1972, Lacan invente le concept de lalangue pour désigner ce qui, sous l'élucubration de savoir qu'est le langage articulé, constitue le “bouillon” de la matière sonore qui ne suit pas le découpage linguistique des mots et des lois de la syntaxe » (cueilli sur le site de l'Ecole de la cause freudienne).
Un autre mot : “parlêtre”, terme également forgé par Lacan pour désigner “l'être charnel ravagé par le verbe”...
Alors Woolf, en particulier, cet après-midi-là, Woolf recherchant “une langue intime (a little language) comme celle des amants”...
La Mort du phalène, Lappin et Lapinova, le lapin-homme devenant lappin en un jeu de “lettres condensatrices” glissant vers rabbit.
« En ce moment, nous dit-elle, je lis un texte magnifique de Valère Novarina intitulé Une langue inconnue qui parle de l'intime étrangeté de la langue (je dirais lalangue) et dit : “Dans le transport de la traduction, ne jamais penser voyage à niveau, mouvement latéral d'équivalence, translation – mais toujours pérégrination en profondeur et descente en volume dans le puits de la mémoire et de la respiration : dans le trou de mémoire et de respiration. » Et pourquoi avoir laissé voleter le papillon phalène entre masculin et féminin dans La Mort du phalène, délaissant les avis des dictionnaires incitant au féminin ? “Woolf emploie he dans son texte, et reprendre il permettait d'éloigner l'identification avec elle”...