Recueil de poèmes en hommage aux deux auteurs
Pudlowski : San Pellegrino ou la plus grande fumisterie du monde
Le Point.fr - Publié le 05/05/2014 à 11:21 - Modifié le 06/05/2014 à 11:06
Le classement des meilleurs restaurants du monde n'en finit plus de faire jaser. Gilles Pudlowski y va de sa colère et décerne ses propres étoiles.
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La plus grande chiasse du monde !
Vous le savez déjà : le palmarès des "50 meilleurs restaurants du monde", parrainé par San Pellegrino, a récompensé le Danois René Redzepi qui a provoqué la plus grande chiasse du monde. Le terme est, certes, peu élégant. Mais il veut bien dire ce qu'il veut dire. S'il a rendu malades une soixantaine de clients entre le 12 et 16 février 2013, le chef de Noma pourra sans nul doute en infecter d'autres.
Le jury obscur de critiques, gastronomes, restaurateurs, qui vote pour ses amis, a réussi, en vase clos, à mettre quelques noms dans une boîte et à faire sortir quelques Ibères de luxe, un Danois intrépide, un Italien audacieux et quelques British bien mis, sans omettre des Américains nouvelle vague, des Asiates en mouvement et des Latinos en devenir. On ne se demande pas s'il est retourné chez Noma dans les derniers dix-huit mois, comme le suggère le règlement. Et l'on se doute bien que non. Mais l'on s'amuse en constatant que ce hit-parade en forme de mascarade a droit chaque année à davantage d'échos dans la grande presse et sur le Web.
Restons franco-français et avouons que voir le premier chef hexagonal à la onzième place donne envie davantage de rugir que de rire. D'autant qu'il s'agit d'un Argentin d'origine italienne, bon cuisinier au demeurant et garçon adorable, quoique pas plus génial que d'autres dans le même style (on pense à David Toutain à Paris, absent du palmarès) : le délicieux Mauro Colagreco du Mirazur à Menton.
Alain Passard, son maître d'apprentissage, n'est que 25e, tandis que le génial Michel Bras n'est que 73e et le si créatif Pierre Gagnaire 92e. Quid de Marc Haeberlin (l'Auberge de l'Ill), Jean-Georges Klein (l'Arnsbourg à Baerenthal), sans parler de nos autres trois étoiles, de Le Squer à Goujon, de Renaud à Donckèle, de Pras (Lameloise) à Lorain ou à Blanc, de Passédat à Bertron (le Relais Bernard Loiseau), de Lallement à Marcon, de Guérard à Pacaud, d'Anne-Sophie Pic à Michel Troisgros ? Ils n'existent tout simplement pas.
Alain Ducasse s'en tire avec les honneurs : 56e au Louis XV à Monaco, 75e au Plaza Athénée (fermé cette année). Pascal Barbot de l'Astrance est (presque) bien classé avec la 35e place. Éric Fréchon du Bristol est, lui, 88e. No comment.
Buvons ou boycottons San Pellegrino
On ne l'a peut-être pas assez remarqué, mais le sponsor n° 1 de ce classement est San Pellegrino et son double, Aqua Panna. La fameuse marque italienne indique-t-elle ainsi que l'eau minérale gazeuse est le meilleur remède contre la chiasse ? Donc, si vous voulez visiter Noma en paix, buvez de la San Pellegrino à bulles !
On peut aussi tenir un raisonnement inverse : si l'on veut obtenir un palmarès sensé des meilleures tables du monde, il suffit de boycotter San Pellegrino. Et finalement ne s'en tenir qu'au Guide rouge dont les jugements - pourtant contestés eux aussi - paraissent mille fois plus sensés.
Mes meilleurs chefs du monde
Mais la vérité n'est pas seulement hexagonale. Parmi les chefs les plus étonnants et les plus talentueux qu'il nous a été donné de visiter à l'étranger, citons le fou génial Moshik Roth de Sahmoud Places à Amsterdam, la divine Nadia Santini au Dal Pescatore de Canneto-sull'Oglio en Italie ou le fascinant trois étoiles allemand Klaus Erfort à Sarrebruck, sans oublier l'étourdissant nippon Tetsuya Wakuda à Sydney en Australie, l'incroyable Tian Di Yi Jia à Pékin ou encore le turbulent Aviv Moshé de Messa à Tel-Aviv. Voilà autant de suggestions utiles pour le jury des "50 best", s'il veut réellement bouleverser l'ordre des choses. Mais peut-être ne vendent-ils pas - ou pas assez - de San Pellegrino ?
Pour suivre Gilles Pudlowski au quotidien, voir son blog les pieds dans le plat (www.gillespudlowski.com).