C’est l’une des plus belles collections de joaillerie au monde. Le « trésor de San Gennaro » de Naples est comparable à l’ensemble de la couronne d’Angleterre. Les joyaux ont été rassemblé sept siècles durant et la collection est parvenue intacte à nos jours.
Histoire d’une collection, histoire d’une cité
San Gennaro ou saint Janvier en français, martyrisé durant les persécutions de Dioclétien, est le grand saint patron de la ville, vénéré depuis le Ve siècle. Une vénération qui s’est traduite par la signature au XVIe siècle d’un curieux « contrat » entre le saint et les habitants, le premier étant chargé de protéger les seconds, notamment de la peste et des fureurs du Vésuve.
C’est ainsi que commence l’histoire de ce trésor, épousant celle de la cité méditerranéenne, port et carrefour d’échanges européens, capitale de la Renaissance artistique, tour à tour sous domination espagnole, autrichienne, française…
L’exposition parisienne présente, pour la première fois à l’étranger, quelques-uns des chefs-d’œuvre du trésor, dont le fameux collier de San Gennaro, spectaculaire assemblage de bijoux sortis des mains des meilleurs orfèvres du temps, dons des souverains les plus célèbres et du peuple napolitain, entre le XVIIe et le XIXe siècle. Mais aussi une fabuleuse mitre recouverte de 3 326 diamants, 168 rubis, 198 émeraudes…
Processions pour San Gennaro
Le plus spectaculaire, c’est peut-être la quinzaine de bustes grandeur nature, en argent ciselé, des « Compatroni » : les patrons secondaires, saints Joseph, François, Athanase, saintes Irène, Patricia… qui accompagnent San Gennaro lors de ses sorties en procession.
En effet, trois fois par an, des processions dans la ville célèbrent le saint guettant le « miracle » (non reconnu par l’Église) de la liquéfaction de son sang, conservé dans une « ampoule ». Un phénomène que la science ne peut toujours pas expliquer, censé annoncer bonheur ou malheur.
Malgré un décor un peu trop aseptisé pour rendre compte du charme et de la vie bouillonnante de Naples, tableaux et objets, cartels explicatifs de qualité, vidéo d’une procession en 2012 et personnages du petit peuple napolitain évoqués sur les murs racontent l’histoire de la ville, et séduiront les passionnés de l’Italie.
Guillemette de la Borie
10/4/14 - 09 H 10