Recueil de poèmes en hommage aux deux auteurs
Nicolas de Staël dans la lumière
Nicolas de Staël, Les Mâts, 1954, huile sur toile, 100 x 73 cm (Collection privée. ©J. Hyde).
Deux expositions célèbrent de concert le centenaire de la naissance de Nicolas de Staël. Au Havre sont réunis les paysages des années 1950, tandis que le musée Picasso d’Antibes montre les figures, notamment les grands nus.
« Je suis inquiet pour la différence de lumière, lumière d'Antibes à Paris. Il se pourrait que les tableaux n'aient pas à Paris la résonance qu'ils ont dans mon atelier d'Antibes. C'est une angoisse », écrivait-il le 10 janvier 1955 à Suzanne Tézenas, complice de Pierre Boulez qu'il admirait tant. Lumière, résonance, angoisse... des mots qui projettent d'un coup la grande silhouette d'un Nicolas de Staël inquiet et solaire à la fois, sur l'horizon de ses toiles. Pour cette fulgurante comète, la peinture fut un combat acharné de tous les instants, jusqu'au dernier.
Dès l'enfance, Nicolas de Staël (1914-1955) est un voyageur entre plusieurs mondes. Deux dates de naissance, deux cultures, deux nationalités, deux langues. Il voit le jour à la forteresse Pierre-et-Paul de Saint-Pétersbourg dont son père, le général Vladimir Ivanovitch de Staël von Holstein, est le gouverneur. Le 5 janvier 1914, selon le calendrier grégorien, le 23 décembre 1913 pour les orthodoxes. La Révolution de 1917 impose l'exil à sa famille, ses parents meurent en Pologne et en 1923 ses deux soeurs et lui sont recueillis à Bruxelles par de grands bourgeois cosmopolites, les Fricero. Nicolas poursuit l'apprentissage du français et fréquente passionnément Virgile, Baudelaire, Rimbaud et consorts. Il aurait pu devenir romancier ou poète. Mais, vagabondant dans les musées et chez les marchands, il découvre les Primitifs flamands et les symbolistes belges, Memling et Ensor, Van Eyck et puis Rembrandt et Vermeer. Il sera peintre. Il est inscrit à l'Académie des beaux-arts de Bruxelles, mais sa véritable école, ce sont ses voyages : la Hollande, la Provence de Van Gogh et des Fauves, l'Espagne romane et les grottes d'Altamira, à vélo sur les routes de poussière, enfin, en 1936, le Maroc, sur les traces de Delacroix, Klee, Matisse. Pour cet enfant du nord de l'Europe, la révélation de la couleur et de la lumière est un bouleversement dont il ne sortira pas indemne. L'absolu est à portée de pinceau. Mais par où commencer ? Une seule certitude, désormais : « Je sais que ma vie sera un continuel voyage sur une mer incertaine ».
Lire la suite dans le Magazine Connaissance des Arts juin 2014
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- 19 mai 2014 |
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