Recueil de poèmes en hommage aux deux auteurs
Sous-nutrition, santé et environnement
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La deuxième conférence internationale sur la nutrition (CIN2) se tiendra à Rome du 19 au 21 novembre. | AFP/JEAN-PHILIPPE KSIAZEK MONDE
| 12.06.2014 à 14h42
L’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ont annoncé le lancement de la deuxième conférence internationale sur la nutrition (CIN2), qui se tiendra à Rome du 19 au 21 novembre et traitera de l’un des problèmes les plus importants de notre époque : comment réorganiser la gouvernance du système alimentaire mondial pour affronter les trois défis majeurs du XXIe siècle ?
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Premier défi, une très grande proportion de la population mondiale souffre aujourd’hui de sous-nutrition. Un tiers des enfants des pays en développement sont en insuffisance pondérale ou en retard de croissance. Deux milliards de personnes sont affectées par des carences en micronutriments, et plus de 840 millions souffrent de faim chronique.
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Deuxième défi, les problèmes de santé liés aux insuffisances ou aux excès de notre consommation, à des techniques de production, de transformation industrielle ou de distribution erronées, prolifèrent. L’obésité et le surpoids touchent près de 1,5 milliard de personnes.
ACCAPAREMENT DE TERRES
La surconsommation de graisses ou de sucres, les résidus de pesticides dans les aliments, le recours croissant à des suppléments nutritionnels sont devenus des phénomènes de société massifs. Sans compter que les problèmes de sécurité sanitaire (toxi-infections d’origine alimentaire ou hydrique) tuent encore environ trois millions de personnes chaque année dans le monde.
Troisième défi, nos ressources naturelles limitées sont soumises à une énorme pression. La résilience du système alimentaire au changement climatique est en jeu, et la production alimentaire est une source importante d’émissions de gaz à effet de serre.
Depuis la crise des prix alimentaires de 2008, le phénomène d’accaparement de terres semble se poursuivre, en dépit de directives internationales adoptées par consensus pour promouvoir des régimes fonciers plus responsables. Il fragilise l’accès à la terre de la petite agriculture familiale, des communautés villageoises et des paysans sans terre. Les stratégies de survie ou de subsistance de ces petits producteurs ne sont souvent pas favorables à la protection des ressources naturelles ni à une alimentation plus équilibrée.
Dans le même temps, l’agro-industrie et les grandes unités de production agricole commerciale et à caractère industriel contribuent, malgré leur sensibilisation au développement durable, à des modèles de production et de consommation qui mettent en péril l’environnement et la santé publique. Ce phénomène est facilité par la publicité et par l’insuffisance des réglementations, des incitations et des pénalités.
« ORPHELINE INSTITUTIONNELLE »
L’opinion publique et la société civile ne disposent pas des moyens ni de l’influence qui leur permettraient d’imprimer aux débats publics, aux réglementations et aux prises de décisions des orientations plus conformes à l’intérêt général. Les organisations internationales et les gouvernements, face à la complexité des enjeux et des intérêts en présence, sont trop souvent paralysés par de puissants groupes de pression et peinent à proposer des politiques assez fortes pour orienter les acteurs du système vers de meilleures pratiques.
La nutrition relève de l’agriculture, de l’industrie et du commerce, mais aussi de la santé publique, de la protection sociale, de l’éducation, de l’environnement, de la recherche, etc. Elle est une «orpheline institutionnelle» parce qu’elle n’a pas – ou bien parce qu’elle a trop – d’institutions ayant compétence dans ce domaine, ce qui a pour résultat une fragmentation et une faible efficacité de l’action publique.
Il faut des systèmes innovants et cohérents de réglementations, d’incitations et d’aides ciblées, capables de changer la manière de produire, de distribuer et de consommer l’alimentation, mais aussi d’intervenir pour compenser les insuffisances nutritionnelles.
Les politiques qu’il est nécessaire de mettre en place sont fonction des contextes nationaux et il n’existe pas de modèle en la matière. Certaines questions doivent néanmoins être traitées, quelles que soient les spécificités locales. Améliorer la productivité des fruits et légumes en vue d’abaisser leur prix relatif par rapport à d’autres aliments est essentiel.
ALIMENTATION ÉQUILIBRÉE, SAINE ET VARIÉE
Il est également nécessaire de mettre en place des programmes d’éducation nutritionnelle efficaces, des réglementations strictes pour la publicité et une taxation du sucre, des édulcorants et des graisses nocives pour réduire l’obésité.
L’accès à la nourriture pour tous dans un contexte de hausse des prix doit être assuré par des programmes de protection sociale permettant aux familles pauvres de satisfaire leurs besoins alimentaires soit par des allocations monétaires, soit par des distributions d’aliments, ou encore par un soutien à la petite production paysanne permettant aux ruraux pauvres d’améliorer leurs revenus et leur alimentation.
Enfin, il est nécessaire d’adopter un point de vue nouveau par rapport aux carences en micronutriments. Bien que l’utilisation de suppléments nutritionnels soit une voie pertinente et efficace en cas d’urgence, nous devons garder à l’esprit qu’ils sont introduits pour remédier à un problème qui aurait pu être évité.
Notre santé ne devrait pas être fondée sur une dépendance croissante à l’égard de micronutriments synthétiques, mais sur une alimentation équilibrée, saine et variée fournie par des systèmes capables de produire une nutrition saine tout en préservant l’environnement.
UNE OCCASION UNIQUE
Il s’agit d’un programme ambitieux, mais le contexte a beaucoup évolué depuis la crise alimentaire de 2008. L’engagement de la communauté internationale pour lutter contre la faim et la malnutrition est illustré par les nouveaux objectifs stratégiques de la FAO, par le défi Faim Zéro lancé par le secrétaire général de l’ONU à la conférence sur le développement durable Rio + 20, et par la priorité donnée à la sécurité alimentaire et à la nutrition dans la préparation de l’agenda post-2015, qui remplacera bientôt les Objectifs de développement du millénaire.
De plus, au cours des deux dernières décennies, une quarantaine de pays ont fait des progrès considérables vers l’élimination de la faim, et nous pouvons apprendre d’eux. Ils nous enseignent que trois grands types d’efforts sont nécessaires : la protection sociale pour les pauvres, le soutien à la petite production familiale et des interventions nutritionnelles luttant contre les carences dont souffrent des enfants de moins de 5 ans et leur mère.
Si la deuxième conférence internationale sur la nutrition tire les leçons de ces pays pionniers, si elle génère une réelle volonté politique collective, elle représentera une occasion unique pour améliorer les politiques et la gouvernance du système alimentaire mondial.