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Raphaël et le portrait mystère

 

 

 

Pour l'heure, certains experts attribuent la toile au Florentin Giuliano Bugiardini ou à l'un de ses disciples. Elle pourrait dater de 1515.

Pour l'heure, certains experts attribuent la toile au Florentin Giuliano Bugiardini ou à l'un de ses disciples. Elle pourrait dater de 1515. Crédits photo : LTMI

Plusieurs experts sont intrigués  par ce tableau acheté par un particulier en avril dernier, à Vienne. La main du maître ?

Vittorio Sgarbi, ancien ministre de la Culture italien, critique et historien de l'art, publie aujourd'hui dans Sette, le magazine du Corriere della Sera, un article de deux pages sur un beau portrait de femme du début du XVIe siècle. Et pose la question d'un possible Raphaël. La toile, estimée entre 15.000 et 20.000 euros, a été remportée aux enchères par Peter Silverman, le 9 avril dernier chez Dorotheum à Vienne. Ce collectionneur privé, déjà découvreur d'un profil de Milanaise de la main de Léonard de Vinci, a déboursé 36.900 €. Si le nom de Raphaël est admis, son huile en vaudrait évidemment beaucoup plus. Pour l'heure les experts de Dorotheum la donnent au Florentin Giuliano Bugiardini (né vers 1475, mort vers 1554) ou à un de ses disciples. Silverman, qui trouve le style Burgiardini trop rigide a, lui, songé à laMaddalena Doni, la Gravida ou la Velata. De fait des similitudes intriguent, comme la grâce et la façon dont l'artiste a traité la draperie de la manche et de la coiffe.

Allégement des vernis

Il a confié ses doutes à Elisabetta Gnignera, spécialiste de l'analyse vestimentaire. Celle-ci a d'abord daté l'œuvre de 1506 à 1508. Mais après une campagne de photographie haute définition effectuée au laboratoire Lumiere Technology de Paris, qui permet d'aller sans dommage dans les strates de la peinture, elle se prononce pour une exécution vers 1515. Soit la même année que la Velata. Sous la surface est révélé un portrait du même modèle mais plus âgé, et a priori de la même main avec une autre coiffe, un voile et une collerette caractéristiques de cette année-là.

Elisabetta Gnignera pense à un portrait rajeuni, idéalisant la dame, parée d'attributs de mode plus anciens. Le dossier est ouvert. Il va susciter débat et recherches complémentaires tandis qu'on procédera à l'allégement des vernis et qu'on poursuivra la quête de l'identité de la belle. «Vittorio Sgarbi est le premier à suggérer une attribution au maître. Maintenant, je vais laisser les spécialistes se prononcer et voir si un consensus peut se dégager, confie Peter Silverman. Pour ma part, tout ce que je peux dire avec certitude, c'est que ma femme et moi sommes très heureux de posséder ce magnifique portrait.»

Au Louvre, on ne voit pas a priori la main de Raphaël. Quant à l'historien Claudio Strinati, autorité pour le XVIe  siècle italien qui a dirigé pendant près de vingt ans le pôle muséal romain, il déclare: «Pour l'instant, je ne suis pas en mesure de dire si oui ou non c'est un Raphaël. Lorsque j'ai vu la photo pour la première fois récemment, je n'ai pas pensé à lui.» 

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