Recueil de poèmes en hommage aux deux auteurs
Nous avons pu admirer à Rodez:RCR, l'architecture taillée sur mesure
L’entrée du musée Soulages à Rodez (©Photothèque Grand Rodez).
Le cabinet catalan RCR inaugure au même moment le musée Soulages, à Rodez, et le centre d’art et de design La Cuisine, à Nègrepelisse. Visite en avant-première de ces lieux radicaux qui s’insèrent à merveille dans leur environnement.
« Vivre et travailler au pays. » Dès les années 1990, les Catalans de RCR Arquitectes avaient adopté ce slogan, devenu populaire depuis chez les irrédentistes bretons. Rafael Aranda, Carme Pigem et Ramón Vilalta se sont ainsi installés à Olot, petit village au pied des Pyrénées, où les deux premiers avaient vu le jour. Loin de la bouillonnante Barcelone, en une poignée de projets radicaux, ils ont démontré que la ruralité n'était pas l'ennemie de la modernité. Pour être en rupture avec les codes locaux de la construction, leur architecture n'en tisse pas moins une relation subtile avec les lieux et les paysages, et se met au diapason de la nature : ainsi, en privilégiant comme matériau extérieur un acier soumis à un processus de corrosion, le Corten, RCR réintroduit le produit manufacturé dans le cycle naturel.
Après avoir construit à Olot plusieurs maisons, un stade, un restaurant et des chambres d'hôtes, RCR Arquitectes livre avec la Horizon House à Gérone en Espagne, achevée en 2007, la quintessence de son travail et de son approche topographique. La demeure est littéralement sertie dans la crête d'une colline, de laquelle émergent, à intervalles réguliers, des parallélépipèdes de verre et d'acier. Placée en pivot au centre de la composition, la pièce de séjour, à la fois dedans et dehors, ouvre sur les deux versants. En même temps qu'elle laisse pénétrer la nature à l'intérieur, l'architecture fonctionne comme un cadre pour la contemplation du paysage. Dans d'autres projets, RCR s'ingénie à contrarier cette relation directe par un jeu de filtres, qu'ils soient constitués de verre coloré comme à la crèche Els Colors à Manlleu, ou de lames de métal, mises en oeuvre en filant la métaphore naturelle : telles des bambous aux pavillons Els Cols à Olot, ou comme des vagues au Pavillon sur un bassin à Llagostera. On retrouve cet effet de nature au crématorium d'Hofheide, dont les ondulations du parement en acier font écho aux frondaisons des arbres. L'air et la lumière se faufilent dans les interstices de l'architecture et viennent en dissoudre l'enveloppe matérielle, révélant la paradoxale aspiration de RCR à l'immatérialité.
Lire la suite dans le Magazine Connaissance des Arts juin 2014
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- 19 mai 2014 |
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