Recueil de poèmes en hommage aux deux auteurs
Les paysages de GUY de MAUPASSANT
De passage ce samedi à Rouen pour passer la journée avec des amis normands, le retour se fit tranquillement vers Caen par ma route préférée: Canteleu, le port dans le grand méandre de la Seine, les mouvements des navires, les pentes verdoyantes des coteaux piqués de ravissantes bâtisses, les grues, les grands silos, le pavillon de Flaubert à Croisset et pour finir le bac à prendre sur la cale de Sahurs pour la Bouille histoire de connaître un début de grand frisson maritime.
A la radio, (une antenne nationale bien connue) des speakers font le malin en se prenant pour des Brésiliens (accent portugais "desafinado"...) On tourne le bouton et sur France Culture des carnets nomades nous invitent à poursuivre notre route normande en compagnie de Guy de Maupassant.
Pour ré-écouter l'émission de France Culture:
http://www.franceculture.fr/emission-carnet-nomade-dans-les-paysages-de-guy-de-maupassant-2014-06-28
Dans les paysages de Guy de Maupassant
28.06.2014 - 20:00
Un Carnet nomade qui vous conduira vers l’univers de Guy de Maupassant, celui qui était le sien quotidiennement mais aussi celui qui porte la matière même de ses Nouvelles et ses de ses Contes qui viennent d’être publiées dans la collection Quarto. Une matière à la fois simple et mystérieuse, souvent cruelle et terrifiante, toujours sensible, belle, profonde.
Ses Paysages ? Ceux d’ Etretat, où il a vu travailler Corot et Courbet, où Delacroix, Boudin et Monet venaient régulièrement faire des séjours. Ceux de Bezons, de Chatou, de Bougival, de La Manche, de Méditerranée, des bords de Seine, des bords de Marne, de Paris et de Cannes mais aussi d’Algérie, de Tunisie. Ou encore de Croisset, en Normandie, chez Flaubert, son maître. Chez Flaubert, justement, on pouvait rencontrer Tourgueniev, Daudet, Zola, Henry James.
"Soyons des originaux, disait Maupassant. Soyons l’origine de quelque chose. »
Invitée :
Martine Reid qui a préface l’édition de Guy de Maupassant (ainsi que la rédaction de sa vie et son oeuvre),
Contes et Nouvelles. Edition Quarto-Gallimard, établie par Louis Forestier
Et pour le plaisir, voici ci-après le début du Horla: tout y est quant au rapport de Maupassant à l'identité territoriale de la Normandie en son Val de Seine... Un témoignage écrit au bord de la folie, avant de mourir à 43 ans des ravages progressifs d'une terrible syphilis.
"8 mai. – Quelle journée admirable ! J’ai passé toute la matinée étendu sur l’herbe, devant ma maison, sous l’énorme platane qui la couvre, l’abrite et l’ombrage tout entière.
J’aime ce pays, et j’aime y vivre parce que j’y ai mes racines, ces profondes et délicates racines, qui attachent un homme à la terre où sont nés et morts ses aïeux, qui l’attachent à ce qu’on pense et à ce qu’on mange, aux usages comme aux nourritures, aux locutions locales, aux intonations des paysans, aux odeurs du sol, des villages et de l’air lui-même.
J’aime ma maison où j’ai grandi. De mes fenêtres, je vois la Seine qui coule, le long de mon jardin, derrière la route, presque chez moi, la grande et large Seine qui va de Rouen au Havre, couverte de bateaux qui passent.
À gauche, là-bas, Rouen, la vaste ville aux toits bleus, sous le peuple pointu des clochers gothiques.
Ils sont innombrables, frêles ou larges, dominés par la flèche de fonte de la cathédrale, et pleins de cloches qui sonnent dans l’air bleu des belles matinées, jetant jusqu’à moi leur doux et lointain bourdonnement de fer, leur chant d’airain que la
brise m’apporte, tantôt plus fort et tantôt plus affaibli, suivant qu’elle s’éveille ou s’assoupit.
Comme il faisait bon ce matin !
Vers onze heures, un long convoi de navires, traînés par un remorqueur, gros comme une mouche, et qui râlait de peine en vomissant une fumée épaisse, défila devant ma grille. Après deux goélettes anglaises, dont le pavillon rouge ondoyait sur le ciel, venait un superbe trois mâts brésilien, tout blanc, admirablement propre et luisant. Je le saluai, je ne sais pourquoi, tant ce navire me fit plaisir à voir."