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Catégories : Sport

Mondial : phénomène social total

Neymar, joueur brésilien

Spontanément les professionnels du livre ne s’intéresseraient peut-être pas au Mondial de foot qui se tient en ce moment. Et pourtant il nous éclaire sur le monde qui nous environne et sur nos contemporains. Dans un premier texte, je me pencherai sur le phénomène social avant de m’interroger sur la place que les bibliothèques accordent à cet événement collectif dans un second à venir.

En son temps M. Mauss avait développé la notion de « phénomène social total » pour désigner une cérémonie qui mobilisait toutes les dimensions d'une société. Si cette notion a été discutée, on peut s'en inspirer pour penser le Mondial.

C'est un événement sportif et la qualité du jeu proposé est le produit d'une sélection drastique, d'une compétition sportive. Si cette dimension n'est pas la seule, elle ne doit pas être négligée dans les discours. Bien sûr aussi, cet événement n'est pas sans rapport avec la sphère économique vu l'ensemble des dépenses et recettes qu'il engendre. Il est bien sûr aussi politique en posant notamment la question du bien-fondé des dépenses publiques dans ce domaine apparaissant si facilement (et peut-être justement) futiles eu égard aux autres enjeux face auxquels les Etats (et particulièrement le brésilien) sont confrontés. Le Mondial forme aussi un énorme événement médiatique puisque, au-delà de la retransmission des matchs, il parvient à occuper une large place dans les médias de masse.

Partant de ce dernier constat, il convient de souligner le succès public du Mondial. Les audiences des matchs sont considérables (plus de 18 millions de téléspectateurs pour France-Suisse et encore 14,7 millions pour France-Equateur à 22h !) et ils occupent une place consistante dans les conversations privées, entre voisins, amis ou collègues. Bien sûr une partie des élites rechigne à vouloir prendre acte de ce moment collectif bien peu aristocratique au nom de l'aliénation des esprits (du pain et des jeux ou plutôt panem et circenses...) ou de la place trop importante des enjeux économiques. On peut condamner une réalité parce qu'elle n'est pas à la hauteur de l'idéal que l'on défend. Pour autant, cela ne la fait pas disparaître...

Le succès public du Mondial est indéniable et il convient de le penser. En plus d'un beau spectacle sportif, qu'est-ce qui nourrit l'intérêt pour cet événement ? Il remplit une formidable fonction de rassemblement à l’image des fêtes des sociétés traditionnelles que M. Mauss prend comme appui pour penser le « fait social total ». Les regards se tournent vers la même direction et se fixent sur un support commun. C'est vrai d'un point de vue matériel, c'est vrai à l'échelon privé en permettant aux membres du foyer (et pas seulement sa fraction masculine...) d'être ensemble et confirmer ainsi leur appartenance à un couple, une famille. C'est d'autant plus notable à l'heure où les outils et les pratiques tendent vers l'individualisation. A l'autre bout de l'échelle, les matchs sont regardés par une audience mondiale (plusieurs milliards de téléspectateurs). Quelle que soit leur nationalité, tous regardent dans une même direction vers un sport qui peut se décliner de bien des manières mais avec des règles communes. On aimerait bien sûr que les enjeux mondiaux (famine, changement climatique, etc.) suscitent une telle convergence des regards mais, en attendant (peut-être longtemps), une forme de conscience collective, d'être ensemble se crée à l'occasion de cet événement. Au-delà de nos différences (politiques, économiques, religieuses, etc.) nous prenons part à un tout commun même s'il est provisoire. Et si l'élimination de son équipe nationale peut être vécue comme un « drame », un intérêt peut subsister pour cette aventure collective. L’espace de quelques jours une unité fragile et précaire s’est formée qui pourra disparaître facilement mais laissera toujours une trace montrant qu’elle est possible au-delà des divisions d’origines potentielles si nombreuses…

Le monde éditorial n’est bien sûr pas à l’écart de ce moment collectif ! Une partie de la production éditoriale alimente la passion et la réflexion sur le Mondial. Le livre devient ainsi la continuité d’un investissement subjectif dans l’événement. Le monde du livre soutient aussi tous ceux qui sont éloignés de ce centre d’intérêt en leur proposant le reste de l’offre éditoriale…

Et les bibliothèques, s’intéressent-elles à l’événement ?
A suivre...

http://www.livreshebdo.fr/article/mondial-phenomene-social-total

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