Recueil de poèmes en hommage aux deux auteurs
Les artistes dans la Grande Guerre
« C’est la Guerre », ensemble de six xylographies sous coffret de Félix Vallotton, textes de Laurence Madeline et Stéphane Audouin-Rouzeau, éd. RMN-Grand Palais, 120 €.
Les expositions thématiques consacrées à la Grande Guerre s’accompagnent d’une riche floraison éditoriale en relation avec les engagements d’artistes face au conflit.
Catherine Ambroselli de Bayser, qui se consacre, depuis de longues années, à l'oeuvre et à la personnalité de George Desvallières (1861-1950), son grand-père, nous offre une monographie éclairante sur cet artiste singulier. Issu du courant symboliste, Desvallières était déjà un peintre célèbre et un acteur majeur du renouvellement de l'art chrétien lorsque, rentré vivant du conflit après y avoir perdu un fils, il se consacra, quasi exclusivement, à l'art religieux en réalisant d'importants décors où son art puissant et fulgurant, hanté par la guerre, donnait aux sacrifices et souffrances du combattant, omniprésent dans son oeuvre, une valeur christique. En précieux complément, l'auteur a assuré la publication de la pléthorique correspondance familiale de l'artiste durant ces années de guerre, témoignage irremplaçable sur l'état d'esprit et le vécu des contemporains. Autre artiste mobilisé sur le Front, Mathurin Méheut a laissé de ses campagnes un ensemble de lettres et de dessins (la plupart inédits) qui ont permis à Élisabeth et Patrick Jude (arrière-petite-fille et petit-fils de l'artiste) d'établir cette précieuse chronique illustrée et enrichie de citations d'auteurs divers nous offrant une vraie plongée au coeur de ces lignes de combat où s'abolissaient frontières géographiques militaire et civile. Ce sont en revanche six bois gravés, véritables cris de rage, que le Suisse Félix Vallotton réalisa, loin du Front, pour être publiés en 1916. Ils nous sont proposés en réédition sous coffret, avec des textes de présentation de Stéphane Audoin-Rouzeau et de Laurence Madeline, titrés « Dieu sait si je hais les Boches » (phrase de Vallotton) et « L'idée de la guerre est une idée intérieure ». L'engagement par le « crayon » et la propagande, qui prit des formes multiples durant le conflit, est évoqué par deux excellents ouvrages. Celui de Jean-Pierre Auclerc rassemble un florilège d'images, affiches ou dessins de presse réalisés par les artistes dessinateurs de tous les pays d'Europe, celui de Patrick Facon se concentrant exclusivement sur les affiches produites par les pays alliés. Aux éditions Parigramme, Manon Pignot nous offre une évocation de Paris entre 1914 à 1920, avec un choix remarquable de photographies où l'on voit la capitale, sans abdiquer son statut traditionnel de ville d'esprit et mondaine, vivre au rythme du conflit. Signalons, enfin, un nouvel ouvrage de Florence de Mèredieu consacré au « cas » de l'écrivain et figure d'intellectuel Antonin Artaud, à la croisée de toutes les problématiques de notre modernité issue des deux derniers grands conflits mondiaux.
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