Recueil de poèmes en hommage aux deux auteurs
Qu'est-ce qu'une statue-menhir ?
Une statue-menhir est une sculpture fichée en terre dont la forme générale, à bords parallèles et partie supérieure arrondie, fait penser à un menhir, d'où son nom. La surface est sculptée en bas-relief ou gravée, de façon à représenter des personnages féminins ou masculins.
Les figures sont reproduites en pied, les jambes droites, la taille marquée par une ceinture. Les bras repliés sur le buste sont prolongés dans le dos par des omoplates en forme de crosse. Les traits du visage sont simplifiés : seuls les yeux et le nez sont tracés, ainsi que des tatouages en forme de traits parallèles sur les joues ; il est très rare que la bouche soit dessinée. Souvent, les corps sont revêtus d’un grand manteau aux lourds plis parallèles.
Selon leur sexe, les statues-menhirs portent des attributs différents. Les femmes ont des seins en forme de boutons, des colliers à plusieurs rangs autour du cou et des cheveux tirés en arrière. Les hommes portent des armes (arc, flèche, hache) et un baudrier disposé en travers de la poitrine, maintenu à l’arrière par une bretelle qui rejoint la ceinture. Un accessoire de forme triangulaire et pourvu d’un anneau y est suspendu. Cet ustensile étant difficilement identifiable, certains archéologues lui ont donné le nom d’ ”objet ”.
Les statues-menhirs complètes conservées au musée Fenaille mesurent entre 0,85 m et 2,10 m de haut. Leur poids varie de 90 à 870 kg.
La datation des statues-menhirs rouergates est délicate, car toutes ont été retrouvées isolées en pleine nature, sans rien qui permette d’en préciser la chronologie. Toutefois, en comparant certains attributs figurés sur les statues avec des objets trouvés en fouille, on peut proposer avec vraisemblance une fourchette couvrant la période comprise entre 3 300 et 2 200 av. J.C.
Les statues-menhirs sont contemporaines, sinon légèrement antérieures aux pyramides d’Égypte, bâties autour de 2 600 avant notre ère.
Où trouve-t-on des statues-menhirs ?
Les statues-menhirs appartiennent à la famille des représentations anthropomorphes de grand format, érigées entre le milieu du IVe et la fin du IIIe millénaire avant notre ère, et disséminées sur tout le pourtour nord de la Méditerranée.
Le sud de la France connaît une grande concentration de figures anthropomorphes, essentiellement en Rouergue, en Languedoc et en Provence. Les statues-menhirs corses sont bien plus récentes (elles datent de l’Age du Bronze, IIe millénaire av. J.C.).
Le groupe Rouergat
C'est un archéologue aveyronnais, l'abbé Hermet, qui est considéré comme " l'inventeur " des statues-menhirs. La découverte fortuite de la “Dame de Saint-Sernin”, en 1888, va le pousser à rechercher d’autres dalles sculptées, qu’il étudie et fait connaître à la communauté scientifique, entre 1892 et 1926. Le nom de statue-menhir, créé par l'abbé Hermet, apparaît en 1898 dans un article du Bulletin archéologique. “ C’est une grande découverte dont les conséquences ne sont pas toutes soupçonnées ou comprises ” commenteront ses confrères. A sa suite, de nombreux savants s’intéressent à ces antiquités et leur recensement commence, en France et à l’étranger. A compter de 1940, sous l'impulsion de Louis Balsan les découvertes se multiplient dans l'Aveyron.
Actuellement le groupe des statues-menhirs rouergates compte plus de 110 monuments répartis dans les 3 départements de l'Aveyron, du Tarn et de l'Hérault. L’aire de répartition reste limitée : le territoire occupe sensiblement un quadrilatère d’une cinquantaine de kilomètre de côté, limité au nord par la vallée du Viaur, à l’est par les Causses du Larzac, à l’ouest par une ligne qui va du confluent du Tarn et du Rance jusqu'à Mazamet (sauf pour Brassac) et au sud par le cours de l’Agout.
L’iconographie des statues-menhirs rouergates est particulièrement remarquable. Ces stèles figurent un personnage entier, pourvu de jambes, avec face, côtés et dos sculptés. Ce sont de véritables statues.
D’autres exemples en France
Les statues-menhirs du Languedoc se divisent en deux groupes. Dans l'Hérault, on connaît des stèles asexuées de forme rectangulaire, ayant pour tout décor un visage en "tête de chouette", appelé ainsi en raison du dessin des sourcils et du nez en forme de « T ». Le Gard fournit des statues-menhirs féminines et masculines, avec visage, bras et collier. Certaines sont ornées d'une crosse courbée qui pourrait être l'équivalent de l'« objet » aveyronnais.
Le groupe provençal possède des traits originaux, avec ses stèles groupées par cimetières. Leur décor se réduit à la représentation du visage, composé de deux arceaux-sourcils, séparés par le nez. Certaines portent des symboles solaires, d'autres un décor de chevrons encadrant le visage.
Pour le reste de la France, le Bassin-Parisien et la Bretagne possèdent quelques exemples marginaux beaucoup moins importants.
Les statues-menhirs, un phénomène européen
En Europe occidentale, la péninsule ibérique, la Sardaigne, la Suisse et surtout l’Italie, ont livré des séries significatives.
Un groupe considérable et bien connu de stèles anthropomorphes a été localisé en Italie entre la Ligurie et la Toscane (Lunigiana). Dans l'aire mégalithique du Val d'Aoste a été retrouvé un sanctuaire constitué d'alignements de stèles anthropomorphes, dont on a dénombré 40 exemplaires. Une autre zone de concentration importante de stèles se situe dans la partie centro-occidentale de la Sardaigne.
A la différence des autres territoires étudiés, dans la Péninsule Ibérique, le phénomène des stèles anthropomorphes ne semble pas se concentrer au sein de zones géographiques spécifiques ; il couvre presque totalement la moitié occidentale de la péninsule.
Dans le centre et l’Est de l’Europe le phénomène de la statuaire anthropomorphe est plus ou moins développé suivant les régions.
En Allemagne, quelques vestiges sont localisés dans des chambres funéraires. Plus à l’est, un petit nombre d’exemplaires a été mis au jour en Bulgarie et en Grèce. L’ensemble le plus important se trouve à la limite orientale de l’Europe, sur la rive nord de la mer Noire, en Roumanie et en Ukraine. La plus importante concentration de statues-menhirs reste celle de Crimée, où les steppes d’Ukraine ont livré un ensemble de 300 stèles et statues-menhirs.
Au Proche-Orient, les découvertes se situent sur une bande aux confins de la Turquie et de la Syrie.