Henry Valensi, né à Alger en 1883, est l’initiateur d’un courant artistique, le Musicalisme, et le créateur de la Cinépeinture, qui ont marqué l’Histoire de l’Art du XXè siècle. Éduqué en Algérie dans une famille juive séfarade érudite, le jeune Henry, est très tôt attiré par la peinture, qu’il conçoit comme une activité sérieuse. Il se sent investi d’une mission, celle de transformer le statut des artistes en général, et ne rêve que de collaboration avec les scientifiques.
Dès 1912, il est Secrétaire du premier Salon de la Section d’Or. Après la Grande Guerre, à laquelle il participe comme peintre de la Campagne des Dardanelles, il rassemble ses amis peintres et sculpteurs, et lance en 1932 un mouvement, le Musicalisme, qu’il définit comme une étape de l’évolution de la conscience humaine, à laquelle l’Art contribue en tout premier lieu. C’est en solitaire, en revanche, qu’il travaille dès 1936, dans une chambre de bonne aménagée en studio de prise de vue, à la réalisation d’un film, la Symphonie Printanière, véritable « musique de couleurs ».
Ce film, abouti en 1959 pour le Festival de Bergame, vient d’entrer dans les collections du Musée National d’Art Moderne, qui le diffusera dans la salle consacrée à Valensi au sein de l’accrochage des collections de Beaubourg d’octobre 2013 à début 2015.
D’après Raymond Bayer, « le Musicalisme est plus qu’une école, c’est une doctrine d’art. Il dépasse même la doctrine tout en la contenant, car c’est un ensemble de connaissances constituant un système... »
Les écrits théoriques du peintre révèlent un humaniste animé d’élans novateurs, un grand voyageur, utopiste et courageux, un artiste capable de tourner sciemment le dos aux galeristes et aux marchands. Etre connu n’était pas sa priorité : il souhaitait avant tout un changement de «point de vue», et l’avènement d’une maturité permettant à l’homme la «création collective» de son environnement social et culturel.