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Catégories : CE QUE J'AIME. DES PAYSAGES, CEUX QUE J'AIME, Des artistes, Des galeries

Galerie Martel-Greinier

« rard Voisin, l’enfant Cobra »

DU 04 mars AU 05 avril 2014

« La rencontre avec Gérard Voisin découla d’un premier coup de foudre face à une de ses anciennes sculptures en bois des plus expressives : « le Clown ». Après l’avoir acquise, je pris contact avec son auteur en lui promettant de venir le voir à Nantes. C’était il y a sept ans. Sept ans de réflexion, de maturation pendant lesquels je conservais jalousement la sculpture sans l’exposer et la dévoiler, comme une chose trop belle… Je flirtais régulièrement avec l’idée de cette rencontre, de ce voyage, pourtant moins lointain et difficile que bien d’autres, me laissant cette perspective ouverte et indéterminée. Un jour d’été, je décidais qu’il était temps. Se souviendrait-il de moi et ne serait-ce pas trop tard ?

Il m’accueillit généreusement comme si nous nous étions entendus la veille.

Le second coup de foudre fut sa rencontre à son atelier de Moutiers en Retz, car s’il se donne à peu, il se donne à foison comme l’artiste complet, l’homme entier et sincère qui gagna pour toujours l’amitié de Christoforou, Corneille, Doisneau, Jorn, Paco Ibanez, Lindström, Nougaro et de tant d’autres amis de toute une vie qui marquèrent son parcours.

Les plus belles photos de son atelier et ses plus beaux portraits sont signés Robert Doisneau, quel regard il sut porter sur l’homme ! : Gérard entouré de ses bois, de ses sculptures, son regard passionné. Il sut capter avec justesse ce dialogue permanent de Voisin avec l’arbre, son frère.

D’une enfance volée, d’une adolescence de dur labeur, autodidacte et seul, Gérard Voisin sut dans la résilience trouver toute la force de se construire homme de lettres, poète et homme de l’art, sculpteur.

L’arbre lui servit de père, de mère, sa sève coule dans ses veines et s’est muée en instinct créatif. L’homme travaille sept heures par jour, choisit ses bois, les creuse, les façonne mais les observent aussi, certains lui soufflent, lui murmurent la direction à suivre…

Chaque bois diffère. Voisin sait lire en eux.

Le bois conduit au bronze qu’il aime cirer patiemment jusqu’à obtenir cette patine noire si belle et si pure. Si le bois a ses noeux, ses irrégularités, ses veines, ses coudes, le bronze est parfaitement tendu et lisse, d’une noir parfait et profond, au seul service de la forme.

Le choix du bois et de la taille directe le rattache à ses aînés, les sculpteurs Etienne-Martin et Stahly, dans un même élan abstrait lyrique, même si chez Voisin la figuration n’est jamais loin.

Proche de l’Art brut, Gérard Voisin se reconnaît surtout dans les principes d’un mouvement qui marqua fortement l’art de l’Europe du Nord : le mouvement Cobra. Le peintre danois Asger Jorn, un de ses fondateurs, le fait venir à Silkeborg où il l’ expose parmi d’autres jeunes artistes (tel Serge Vandercam à la même époque). Avant sa disparition, Jorn laisse une lettre testament signifiant sa volonté que son musée achète à Gérard Voisin plusieurs sculptures, ce qui fut fait, le reconnaissant ainsi « enfant de Cobra », véritable fils spirituel.

Il est difficile de détacher dans l’oeuvre de Gérard Voisin des périodes ou des thèmes distincts. Tels des lingams dressés, les sculptures fertiles de Voisin sont à la fois symboles éclatants de vie, mélange touchant au sacré d’évocations masculines et féminines où la sexualité rime avec   amour, figures paternelles et maternelles comblant le manque originel d’un artiste qui confesse avoir grandi dans un désert affectif que l’art vient peupler. Sauvé de la mort et de son attraction par la violence d’un élan vital et créatif sans pareil, ayant dépassé la révolte pour laisser place à un sentiment d’empathie pour toutes les formes d’oppression. Son rapport et sa position face à l’histoire de l’esclavage, son souci de l’enfance, son rôle auprès de l’Unesco en sont une expression.

A l’aube de ses quatre vingt ans, cette rétrospective me semblait donc être l’hommage nécessaire que je suis fière de pouvoir lui rendre. »

Hélène Greiner

http://www.galeriemartelgreiner.com/exposition/gerard-voisin-lenfant-cobra/

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