Recueil de poèmes en hommage aux deux auteurs
A Venise : le plus sublime feu d’artifice qui soit et la fondation Prada aussi
A Venise : le plus sublime feu d’artifice qui soit et la fondation Prada aussi
( Regardez la vidéo du feu d’artifice en bas du texte et les deux autres vidéos au milieu du texte)
En savoir plus sur http://blogs.lesechos.fr/judith-benhamou-huet/a-venise-le-plus-sublime-feu-d-artifice-qui-soit-et-la-fondation-a14890.html#AofdbXpWTjxBpMtu.99
Regardez la vidéo du feu d’artifice en bas du texte et les deux autres vidéos au milieu du texte)
Lorsqu’on arrive à Venise d’abord on subit. On ne peut plus l’appeler la Sérénissime. Elle est envahie par ses hordes d’humains en pantacourts qui crient pour communiquer entre eux dans les ruelles infestées de verreries « made in china ». Ils se déplacent en groupes compacts et suivent les indications fléchées qui vont du Rialto à la Place Saint Marc et de la place Saint Marc au Rialto avec une petite exception : le Pont des soupirs.
Il faut donc sortir du sentier battu par le tourisme de masse pour arriver dans un palais magnifique la Ca’ Corner della Regina. C’est une des plus belles choses à voir en ce moment à Venise.Elle est signée du commissaire d’expos Germano Celant. C’est ici que se trouve depuis 2011 la fondation Prada. Jusqu’en novembre elle organise « Art or Sound » une exposition consacrée à l’art contemporain et à la musique. Une juxtaposition d’instruments de musiques qui ressemblent à des œuvres ou des objets d’art et d’œuvres d’art principalement actuelles qui traitent ou utilisent le sujet du son. L’ensemble est une féérie totale avec beaucoup d’instruments curieux et d’objets de curiosité comme cet orgue embarqué sur une calèche du XVIIIe siècle qui vient du musée de l’Hermitage de Saint Petersbourg ou des orgues aux personnages animés (https://www.youtube.com/watch?v=Qbne9hi7MQA&feature=youtu.be) ou un bucon, sorte de cor qui se termine en forme de tête de serpent. Ordinairement ce genre de pièces est présenté dans un esprit patrimonial. Mais à la Fondation Prada la cohabitation avec des installations contemporaines leur donne un autre relief.
Dès l’entrée Cattelan ou plutôt son « mini me » frappe du tambour dès qu’un visiteur arrive. Un autre genre d’automate. Christian Marclay est l’artiste emblématique de la relation son-art et on trouve là entre autres une de ses guitares comme ramollie par la chaleur vénitienne. « The carnivore » de l’excellent américain Edward Kienholz en 1962 est un horrible instrument à cordes qui se termine en bête dégueulasse . Il y a aussi cette pièce délirante et jamais vue de Robert Rauschenberg de 1962-65 qui appartient au Centre Pompidou et qui ressemble à une lessiveuse- locomotive- instrument à vent. On va ainsi de surprises en expérimentations jusqu’au tambour d’Anri Sala dont les baguettes s’actionnent toutes seules pour frapper délicatement la peau tendue de la percussion (http://youtu.be/V2nGQ5cwFaU).
Et puis il y a la beauté des décors peints du XVIIIe siècle de ce palais sombre et mystérieux. Envoutant.
Evidemment en ce moment à Venise on échappe aussi au tourisme de masse en se rendant aux Giardini et à l’Arsenale là ou se tient la Biennale d’architecture dont le commissaire est cette année l’architecte néerlandais star Rem Koolhas. On a crié au snobisme pour sa Biennale. Je dois avouer que j’ai trouvé cela vraiment intéressant. Son postulat : plutôt que de montrer de l’architecture montrons comment nos vies changent à travers certains éléments qui composent l’architecture. Examinons l’idée du balcon et la vue du balcon par exemple. La poignée de porte. Le toît…
Evidemment certaines parties de l’exposition ressemblent à un grand magasin d’objets de constructions. La partie la plus intéressante et la plus iconoclaste est réservée aux toilettes ou comment la vision occidentale a imposé une pose peu ergonomique à ces pauvres humains au moment crucial et intime où il vont « faire leurs besoins » comme on dit. On retire de cette visite plusieurs morales. La première : pour faire vivre les idées sur l’architecture rien de mieux que le cinéma, le film. Et les équipes de Koolhaas ici s’en donnent à cœur joie. Plus profondément Koolhaas confirme ici que l’architecture est d’abord une chose technique. Il fallait le rappeler.
Il faut souligner que cette année le pavillon français de la Biennale d’architecture, signé Jean-Louis Cohen, est brillant. Une réflexion sur progrès et architecture intitulée « La modernité promesse ou menace ». Le questionnement part de la fameuse villa inventée par Jacques Tati dans « Mon oncle » et ses complexités stylisées mais inutiles pour atterrir à Drancy en 1934 à la cité de la Muette, premier grand ensemble français construit sur le modèle américain des ateliers Ford. La fin des cités jardins. Personne ne veut y habiter. On va y caser des gendarmes. Jusqu’en 1941 où ce sont les déportés qui seront entreposés là. Du grand ensemble vers les camps d’extermination... La démonstration est troublante.
Au musée Guggenheim de Venise est proposée une exposition privée de collectionneurs balois, les Dreyfus. Des tableaux étranges et fantastiques au sens propre qui embrassent toute l’histoire de l’art. Le plus étonnant : une toile du XVIIIe siècle du hollandais établi au brésil Franz Post. Elle ressemble à un Arcimbaldo mâtiné de Jérôme Bosch.
Samedi dernier était célébrée à Venise la fête du Redentore qui au XVIIIe marquait la libération de la ville de la peste. Le plus beau feu d’artifice jamais vu. C’est ça la Sérenissime ! Regardez : http://youtu.be/3KrIc0R2KqU
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