Recueil de poèmes en hommage aux deux auteurs
A Istanbul les femmes artistes racontent leur vie sans voile
L’un des lieux les plus photogéniques de France est la terrasse de la « Cité Radieuse » à Marseille, bâtiment mythique dessiné par Le Corbusier. Chaque été désormais, depuis que le designer français Ora-Ito a racheté le gymnase attenant pour le transformer en ce qu’il a baptisé MUMO, y est exposé le travail d’un artiste. Rien de plus photogénique de même que le travail de Daniel Buren cet été dans ce site. Même si on n’est pas spécialement intéressé par l’architecture moderne, même si on n’apprécie pas spécialement le travail conceptuel de Buren il faut s’y rendre. On trouve là une danse magique des formes géométriques, des couleurs et des reflets mariés à l’horizon bleu.
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A Marseille le musée d’art moderne de la ville,le musée Cantini, peu fréquenté, abrite une remarquable collection et aussi en ce moment une rétrospective consacrée au surréaliste belge Paul Delvaux jusqu’au 21 septembre. On connaît de lui ses femmes nues et désincarnées comme des mannequins dans des contextes ferroviaires. Mais c’est plus que cela. D’ailleurs sa production peut se découper grossièrement d’abord en une production de paysages de voies ferrées symbole classique du progrès dès la fin du XIXe siècle puis en des représentations de nus féminins avant de marier les deux. Solitude, trains qui amènent à la mort… Delvaux raconte, à sa manière, son époque et la solitude de son époque.
A Paris cet été j’ai vu, entre autres au Centre Pompidou l’accrochage des collections contemporaines. Bien sûr on pourra critiquer tel ou tel choix mais en cette période de disette budgétaire publique et de surenchères des cotes de l’art actuel l’exposition est particulièrement pertinente. On y comprend deux points clefs : l’art contemporain est global. Les bulles créatives se développent tous azimuts et non comme au début du XXe siècle par exemple à Paris seulement, point de ralliement de l’avant-garde. On y comprend aussi que l’art contemporain prend des supports d’expressions très variés. La peinture est là, la photo aussi, les installations mais encore un mobilier de type conceptuel tel que la « Marquise » ce auvent lumineux de Philippe Parreno qui annonce des évènements de manière muette avec ses ampoules clignotantes synonyme de lumières de stars. Ce début de XXIe siècle est ce qu’on appelle dans un jargon effrayant « post-modern ». Pas d’école, pas de pays, pas de genre. Si vous n’y comprenez rien : c’est bon signe, vous êtes dans le vrai. On ne peut pas dresser un panorama régulier et exhaustif de ce que les artistes expriment dans la confusion médiatique actuelle. Un exposition qui pose plus de questions qu’elle n’en résout, c’est bon signe. J’en parle dans les Echos de vendredi 5 septembre.
Je m’aventure peu dans les expositions de vêtements. Je préfère porter les robes que les regarder. Confirmation de mes tendances en visitant au Palais Galliera celle consacrée aux années 50 dans la mode française. Soit, les robes sont belles. Une expression de la féminité exacerbée. Deux robes à peine sur le pléthorique ensemble présenté ne marquent pas la taille. On voit bien que la créature des années 50, particulièrement de Christian Dior a une taille de guêpe des hanches évasée et des jambes fines que laissent découvrir des jupons volumineux. Une femme qui sort tout droit du crayon du créateur de la haute couture. L’exposition était bondée. Il n’empêche. Peu de films d’époque. Des couvertures de magazines par ci – par là. La robe ne suffit pas. Quelques sous-vêtements/ caparaçons donnent néanmoins le secret de ces tailles si fines… (photo)
Lors de mes pérégrinations estivales j’ai pu admirer des vêtements plus évocateurs. C’était le cas à Istanbul où je suis retournée visiter dans le quartier des antiquaires le musée que l’écrivain turc, prix Nobel qui vit le plus souvent à New York, Orhan Pamuk a consacré à l’un de ses romans : le musée de l’innocence. Pamuk est une gloire totale. D’ailleurs comme un clin d’œil ,dans la série anglaise à succès, Dowton Abbey, le jeune turc qui retrousse les jupons de l’héritière s’appelle lui aussi Pamuk.
Le musée de l’innocence est une œuvre conceptuelle à part entière. Une œuvre d’art totale. Dans une petite maison typique l’écrivain a créé en « vrai » l’illustration de son roman éponyme, grande, belle et lente histoire d’amour pour une femme de rêve dans un Istanbul du passé. Les cigarettes fumées, les robes ( justement) qu’elle portait, les chaussures ( grand pieds) qu’elle mettait etc… Le musée des reliques d’une histoire d’amour d’un vieil homme qui meurt sur un lit une place qu’on peut voir aussi. Il faut lire le livre. Il faut voir le musée.
Dans la même ville, sur la côte de la Corne d’or il existe un musée exceptionnel qui regroupe les collections classiques turques d’une grande famille du pays, les Koc (http://www.rmk-museum.org.tr/english/visiting/index.html#). Céramiques anciennes, étoffes précieuses, chambre de circoncision entièrement brodée, vêtements luxuriants qui montrent que dans le passé les hommes et les femmes turcs portaient le même type de vêtements.
Aujourd’hui à Istanbul beaucoup de femmes, même à la plage sont « voilées » ou en tous cas couvertes des pieds à la tête. Dans le même temps, dans les mêmes rues, d’autres se promènent avec une impudeur qu’on trouve rarement à Paris par exemple. Cette cohabitation est agréable. Au musée Istanbul modern les collections permanentes laissent une place importante aux vidéos et particulièrement à celles d’artistes femmes. Elles parlent souvent de traumatismes sexuels, de ségrégations. Plusieurs travaux sont remarquables comme le dessin animé de l’artiste Canan qui aborde comme un conte pour enfant le sujet du mariage forcé et d’abus sexuels. Istanbul est devenue , de manière inattendue, grâce à la puissance de certains de ses collectionneurs un nouvelle plateforme importante de l’art contemporain. Deux foires s’y tiennent dont la prochaine en septembre Art Istanbul International et un projet novateur mené par deux jeunes gens talentueux exposants une cinquantaine d’artistes, le « Moving museum » y prendra place cet automne. www.themovingmuseum.com
Retour en France. Le lieu le plus branché de l’Hexagone se trouve non loin des meilleurs crus du pays. Il faut se rendre au Consortium de Dijon pour voir par exemple une des coqueluches actuelles du marché de l’art, le californien Joe Bradley défendu entre autre par la galerie bien connue de Gavin Brown. Son travail : principalement une abstraction de grand format faite d’assemblages et d’apport de diverses techniques sur la toile. Evidemment on pourrait avoir un à priori négatif vu le succès commercial du monsieur mais il faut reconnaître que cela tient la route. Et même c’est plutôt beau ( photo). A suivre. http://leconsortium.fr/expositions-exhibitions/joe-bradley/
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