Recueil de poèmes en hommage aux deux auteurs
Catégories : CEUX QUE J'AIME, Daho Etienne
Etienne Daho (1), timide retour du crooner français
Qu'est-ce qu'un bon chanteur français ? Un qui n'est pas douloureusement belge (Brel) ou convulsivement italien (Ferré) ? Un qui sait marier le grave et le léger, faire cohabiter en un seul corps le chanteur de charme et le poète maudit ? Quand Etienne Daho Jr se lance au début des années 80, la terre est quasi vierge. Tout le monde astique son Gainsbourg, ça finira par lui faire une statue qu'il échouera à défigurer. On a oublié
On a oublié Polnareff et Dutronc, ils se sont oubliés eux-même. Christophe est au purgatoire. A tort ou à raison, un fan de rock ne veut pas entendre parler de Souchon, lui préfère Bashung. Il ne dira pas, chantonne le jeune Daho, ouvrant son premier album à cheval sur un petit saxo jaune. Débuter à 25 ans permet de porter encore avec soi les charmes hésitants de l'adolescence et déjà un petit bagage de fêtes, fêlures et musiques. De ses parents (Lou Reed et Françoise Hardy), Etienne n'a pas hérité le caractère un peu grognon. Même au fond de la déprime il vous sourit encore. Mythomane est le classique carnet de notes puisant jusqu'à l'enfance, faisant remonter dans des formes pudiques une poignée de peines diverses et variées. Bientôt La Variété s'étalera sur une pochette du groupe Weekend et l'infâmie du mot s'effacera peu à peu. Ce Daho timide réinvente le crooner français, transi par un séjour chez ses correspondants anglais (Young Marble Giants) ou newyorkais (Comateens). Un doigt de funk, un zeste de mélancolie. Ajoutez vos alcools favoris et mélangez au shaker. Etienne aidait les chroniqueurs avec ses références cousues main. C'était pour mieux cacher son jeu : la revanche conjuguée de Jean Genet et de Jean Sablon. Naturellement ça ne pouvait pas marcher tout de suite, il faudrait qu'on s'y fasse. Ma préférée de l'album est la dernière, Mythomane. Je raconte des histoires… à qui veut me croire… J'suis le premier à tomber… dedans… La plus touchante de sincérité. Un aveu du petit matin blême, juste avant l'aube.
à suivre
Etienne Daho Ton cinoche (1981)