Recueil de poèmes en hommage aux deux auteurs
Les ocres de Roussillon
Les anciennes carrières d'ocre dans le Luberon |
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1929 et la crise économique avaient pourtant sonné le glas de la production industrielle. La production artisanale déclina plus lentement pour devenir résiduelle aujourd'hui. Agonie silencieuse et d'autant mieux acceptée que l'installation des familles des militaires du plateau d'Albion, dans les années soixante, vint en adoucir les effets.
Pétris par les intempéries, ces anciens gisements présentent aujourd'hui un paysage envoûtant qui hybride l'intention de l'homme et la volonté de la nature. Falaises, cheminées de fée, buttes de sable ocré, après avoir été creusées à la pelle et à la pioche, sont désormais modelées par le bon vouloir du vent et des eaux de pluie.
Orgueilleusement perché sur une colline, Roussillon domine les premières carrières creusées il y a plus de deux siècles. Le rouge des falaises, auquel répond comme en écho le rouge des façades, explique certainement l'attrait qu'exerce ce village qui est le seul à être situé au coeur même de son gisement. Plus à l'est, au sud de Rustrel, le "Colorado provençal" est le plus spectaculaire des sites d'ocres. Petit ruisseau qui coule de Gignac à Apt et qui, par temps de pluie, gonfle et charrie une eau jaune riche en ocres, la Doa a pendant des siècles, entaillé les couches géologiques, mettant à nu le calcaire blanc, les argiles vertes et des bancs de sable ocré qui prennent ici des formes tourmentées rarement vues ailleurs.
Discrète, Gargas se distingue par des fronts de tailles dans lesquels ont été creusées des galeries en forme de voûte. Interminables dédales rouges qui plongent au coeur même de la colline, elles ne sont pas (encore) ouvertes au public. Certaines d'entre elles servent de champignonnières ; l'obscurité et l'humidité ambiante sont en effet favorables à la culture des champignons de Paris ...
Bancs de silice perdus dans l'océan du calcaire blanc de la Provence, "les ocres" sont composée de 90% de sable (silice) et de 10% d'argile et de goethite (pigment qui donne sa couleur à l'ensemble). Georges Guende, qui étudie depuis près de vingt ans la flore au Parc Naturel Régional du Luberon, a mis en évidence la spécificité de la flore dans les massifs d'ocres.
Si le chêne vert, le chêne blanc, le pin d'Alep, le pin sylvestre, le thym, le romarin ou le buis poussent indifféremment sur les sols calcaires ou siliceux, il est des variétés qui caractérisent plus particulièrement les ocres. Le pin maritime aurait envahi ces zones à la suite des grandes déforestations qui ont accompagné la mise en exploitation des carrières. Rare, le châtaignier s'épanouit au frais, dans le fond des vallons. Les sous bois sont occupés par la bruyère à balai dont on se servait autrefois pour fabriquer des balais et la bruyère commune donne, à l'automne, de magnifiques et longues grappes de fleurs en forme de clochettes d'une couleur rose vif. À terrain découvert, ces bruyères colonisent les sols et forment alors un maquis dense. Témoins de la pureté de l'air mais aussi de l'humidité ambiante, les lichens s'accrochent à l'écorce des arbres dans les massifs les plus orientaux. Les esthètes apprécieront particulièrement la diversité des orchidées sauvages ; quelques vingt six variétés cohabitent dont certaines sont extrêmement rares. Les amoureux de la nature auront à coeur de les admirer et de les photographier sans y toucher. La grande fréquentation de ces lieux met en effet ces variétés en danger de disparition.
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