Recueil de poèmes en hommage aux deux auteurs
Pour Google, les femmes pleurnichent et les hommes mentent
En 2013, pour souligner le sexisme dans les moteurs de recherche, l'ONU a créé une campagne publicitaire frappante à partir de recherches effectuées sur Google.
Le moteur de recherche américain concentre dans ses suggestions les clichés et les stéréotypes des internautes… comme le miroir direct de notre société.
À en croire Google, les femmes sont chiantes, boudent et se prennent la tête. Les hommes, eux, mentent, trompent et adorent « les chieuses ». Il suffit de taper le mot « femme » ou « homme » dans la fenêtre de recherche pour qu’automatiquement le moteur complète votre requête en s’inspirant des demandes le plus souvent tapées dans le monde. Et c’est un festival de clichés qui témoignent de ce qui trotte dans l’esprit des internautes. « Pourquoi les femmes crient pendant l'amour ? », « Pourquoi les femmes pleurent ? » . « Pourquoi les femmes ne sont jamais contentes ? » Et, pas de jaloux, les hommes en prennent aussi pour leur grade. « Pourquoi les hommes font souffrir les femmes ? », « Pourquoi les hommes sont lâches ? ». « Pourquoi les hommes ne passent pas l'aspirateur ? »
La lecture de ces suggestions s'avère tout à la fois drôle et terrifiante. Drôle lorsque l’on imagine un garçon quelques heures après sa rupture essayant de trouver des réponses sur la fin prématurée de sa relation : « Pourquoi les femmes font souffrir les hommes ? » Mais triste quand cela révèle les clichés sexistes les plus répandus de notre société : « Pourquoi les femmes sont vénales ».
En images : Google, miroir du sexisme
Grâce à son algorithme, Google permet à l’internaute de compléter automatiquement sa requête selon la popularité des recherches avoisinantes. Comme si le moteur était un défouloir concentrant tous les préjugés, les non-dits politiquement incorrects et les fantasmes. « Internet n’est jamais qu’un reflet de l’état de la société. S’il est sexiste, c’est parce que la société l’est. Il ne faut pas considérer que c'est un monde à part », explique Hervé Le Crosnier, chercheur spécialisé dans la culture numérique à l’université de Caen. « Sur le Web, les internautes ont l’impression de porter un masque puisqu’il n y a aucune personne autour d’eux. Et ce masque, c’est l’écran d’ordinateur, qui de fait, libère une série de pulsions et de demandes. »
L’an passé, l’ONU s’est emparée de la question en lançant une campagne contre les clichés sexistes répandus via les recherches de mots-clés sur Internet. Pour sensibiliser à ce sexisme 2.0 l’organisation avait publié une série d’affiches. Dans ces quelques portraits de femmes, leurs bouches sont dissimulées par la fameuse barre de recherche Google. Comme pour les faire taire. « Les messages sont choquants car ils montrent tout ce qui reste encore à faire pour atteindre l’égalité des sexes », énonçait alors l’ONU. Certes, les images sont parfois plus efficaces que les mots. Mais ce type d’initiative ne suffit malheureusement pas à éradiquer les idées fantasques dans les esprits. Google doit-il agir en conséquence et censurer ces suggestions ?
http://madame.lefigaro.fr/societe/pour-google-femmes-pleurnichent-hommes-mentent-141014-985367