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Paysage historique de Paris : rompre ou s’intégrer, le débat est relancé

 

Publié le 16/10/2014 • Par avec l'AFP

Peut-on construire en plein centre ancien de Paris un immeuble en rupture avec son environnement historique ? Le débat est relancé après une décision de justice favorable à la reprise du chantier de la Samaritaine.

 

 

Peut-on construire en plein centre ancien de Paris un immeuble en rupture avec son environnement historique ? Le débat est relancé après une décision de justice favorable à la reprise du chantier de la Samaritaine.

Ultime péripétie dans ce dossier, la cour administrative d’appel de Paris a autorisé jeudi 16 octobre la reprise du chantier de rénovation du grand magasin la Samaritaine, suspendu depuis l’annulation du permis de construire mi-mai. Au-delà du bras de fer entre le groupe LVMH de Bernard Arnault, l’homme le plus riche de France, et des associations de défense du patrimoine, c’est la double question de la place de l’architecture contemporaine à Paris et de la protection du paysage haussmannien qui est posée.

« Après cette décision, de plus en plus d’architectes voudront s’affranchir de l’environnement haussmannien qui fait l’unité du paysage de Paris », a dit à l’AFP le spécialiste du Paris haussmannien (1853-1870) Michel Carmona.

La refonte de l’îlot de la Samaritaine prévoit, après démolition de trois bâtiments pré-haussmanniens datant de 1852 sur la rue de Rivoli, la construction d’une façade ondulée en verre conçue par l’agence japonaise Sanaa. Un projet qui jurerait avec l’alignement, la couleur et le matériau des façades du quartier, selon la Société pour la protection des paysages et de l’esthétique de la France (SPPEF), à l’origine du recours, et l’association SOS Paris.

Pour elles, le projet Sanaa ne respecterait pas les règles du Plan local d’urbanisme (PLU) qui stipule que les « constructions nouvelles doivent s’insérer dans le paysage par leur volume, leurs matériaux, leur aspect ».
Le rideau de verre viendrait dégrader un ensemble considéré comme « le prototype architectural » du Paris haussmannien, selon la Commission du Vieux Paris, qui a émis un avis défavorable au projet, cette section de la rue de Rivoli étant la première percée entreprise sous le Second Empire.

« pas obligatoire de rompre pour créer » – Une vision contestée par les défenseurs de Sanaa, lauréat du prestigieux prix Pritzker en 2010. L’ilôt du magasin ? Un ensemble composite, selon eux, où se côtoient un immeuble de 1910 de Frantz Jourdain, des édifices plus anciens et une extension d’Henri Sauvage de 1928, chef d’oeuvre de l’Art déco et inscrite à ce titre aux Monuments historiques.
Quant à la référence au baron Haussmann, certains la jugent curieuse. « Il a détruit 90% du Paris médiéval… et sauvé la ville » de l’engorgement tout en améliorant sa salubrité, assure Bruno Decaris, architecte des Monuments historiques.

Mais, justement, répond Michel Carmona, « le système haussmannien a donné par son ampleur son image à Paris ». « Faire des choses disparates est d’autant plus idiot que toutes les villes cherchent à avoir une unité », fait-il valoir. « Les étrangers sont émerveillés par la fantastique unité du paysage de Paris ».
C’est aussi l’avis de l’Unesco. « Paris s’est établie au XIXe siècle comme une ville à six étages », a déclaré le sous-directeur général de l’Unesco pour la Culture, Francesco Bandarin, appelant à protéger le système haussmannien.

Quand on construit dans le centre historique de Paris, « on bouscule une mémoire et chacun a sa mémoire. Il faut trouver un consensus », avance toutefois M. Decaris, rappelant que le Centre Pompidou s’est fait « contre le public ». « A chaque fois qu’il y a une intervention significative, la majorité est très défavorable », dit-il.

Pourtant édifier un projet audacieux dans un quartier ancien ne relève pas forcément de l’impossible. « Il n’est pas obligatoire de rompre pour créer », dit Julien Lacaze, vice-président de la SPPEF. « Le croire abolit toute idée de finesse architecturale ou même la possibilité pour un bâtiment contemporain d’être beau et modeste, alors que Paris est essentiellement fait d’édifices de ce type », ajoute-t-il.

L’architecte Rem Koolhaas, longtemps symbole de rupture, crée aujourd’hui la Fondation des Galeries Lafayette dans un immeuble du XIXème en respectant le bâtiment et son environnement. De même, l’architecte italien Renzo Piano vient de le prouver avec la Fondation Jérôme Seydoux-Pathé. Sorte de tatou géant, le bâtiment est lové dans une cour derrière une façade conçue par Rodin à deux pas de la Manufacture des Gobelins.

http://www.lagazettedescommunes.com/285069/paysage-historique-de-paris-rompre-ou-sintegrer-le-debat-est-relance/

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