Recueil de poèmes en hommage aux deux auteurs
Villa Lena, une utopie toscane
Une immense propriété agricole, un établissement de charme, des vacanciers et des artistes résidents. Le cocktail fait merveille.
Jay est peintre. Artiste peintre. Né il y a une quarantaine d'années en Guadeloupe, élégance innée, sourire et fausse désinvolture comme atout charme. Jay Ramier est l'un des dix résidents qu'accueille la Villa Lena, un ensemble de maisons typiques du XIXe siècle à façades ocre et volets verts, semées sur un vaste domaine agricole de 550 ha, en pleine Toscane. Florence, la belle italienne, est à une heure de route. L'hôtel peut accueillir une quarantaine de clients. Avec pour principe d'offrir aussi le gîte et le couvert à des créateurs. Peintres donc, mais également chanteurs et compositeurs, sculpteurs, designers, écrivains, photographes, etc. Une sorte de Villa Médicis à la campagne. En échange de leur séjour et de cette liberté de pleine nature, les artistes remettent à la Villa Lena une de leurs œuvres, libre de droits.
Cette communauté d'un nouveau genre est née d'une folle intention: installer ici un mode de vie presque idéal. Cette authentique exploitation agricole a été acquise il y a une dizaine d'années par un industriel russe. Des forêts giboyeuses (sangliers en particulier), des pentes tapissées d'oliviers, des chênaies qui ravissent les amateurs de truffes, des potagers, des prés fleuris qui n'attendent que le troupeau, des chemins de promenade bordés de cyprès et plusieurs maisons, autant de résidences hôtelières. Ici, les anciennes écuries avec sept appartements, là une bastide avec piscine et aire de jeux pour les enfants, avec six appartements, plus loin, un petit palais de quatre chambres et autant de salles de bains.
Bien que restaurées, toutes ces habitations semblent restées dans leur jus initial, du mobilier de campagne aux salles d'eau à l'ancienne. Surtout, aucune ne ressemble à sa voisine. Ajoutons trois piscines communes avec vue sur les collines, un bar installé dans un corps de ferme, un restaurant, une salle de jeux, une autre pour le cinéma, une alcôve où sont donnés des concerts. Et le sentiment d'intégrer une habitation de famille, sols de tomettes inégales, cuisine, vaisselier, buffet de grand-mère compris. Charme fou garanti.
Ce concept a été mis en œuvre par les directeurs de la Villa Lena. Lena justement, russe, fille des propriétaires, associée à Jérôme Hadey, un Français, son mari. Deux trentenaires à la vie sérieusement mondialisée. Elle est créatrice d'événements artistiques à Moscou comme à Londres ou ailleurs. Lui jongle avec le temps, Londres, Paris, Moscou, Toscane, et autant de passions, producteur de musique ici, gestionnaire de fortune là-bas, conducteur de tracteur ou maître de cérémonie chic dès que les circonstances l'exigent. Génération 2.0, comme il dit.
Pas de télévision
Jérôme a forcément veillé à ce que la Villa Lena soit parfaitement connectée à Internet. «Si nous avons un incident, cela veut dire que c'est la région qui est privée de connexions», sourit-il. Vérification faite, il dit vrai. Curieusement pourtant, lui-même a cessé d'envoyer des courriels. «Il faut trouver un autre moyen de communiquer.» Ce sera donc le téléphone en direct. «Réapprendre à se parler, c'est essentiel», conclut-il. Dernier étonnement, il a décidé qu'il n'y aurait pas d'écran de télévision dans les chambres: «En Toscane, pas question de rivaliser avec la nature qui nous entoure.»
Quand on lui demande comment se passe la cohabitation entre vacanciers et artistes posés sur leur nuage, Jay Ramier s'enthousiasme de ces rencontres inattendues, des partages réjouissants, parfois même inspirants. Lui qui commença par grapher les murs du XIXe arrondissement de Paris, puis enflamma ceux de Berlin au sein de collectifs déjantés, avant de s'assagir sur la toile avec des pastels percés d'épaisses lèvres rouges, il trouve à la Villa Lena son nid créatif. Un couple de Français venu faire une pause de quelques jours s'avoue enchanté de cette ambiance sans codes, si ce n'est ceux de chacun, genre de phalanstère aux idéaux du jour. Tout en assurant un confort hôtelier de très bon niveau. Et puis, ajoute Jay, «ici, j'ai l'impression de militer pour une utopie, c'est réjouissant». Il croise les doigts et rêve d'un monde semé de Villas Lena. Les vacanciers aussi.
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Une immense propriété agricole, un établissement de charme, des vacanciers et des artistes résidents. Le cocktail fait merveille.
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