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La mégalopole réhabilite son patrimoine Art déco et l'enrichit.

Casablanca à l'avant-garde

Le Point - Publié le 15/12/2014 à 13:24 - Modifié le 16/12/2014 à 11:59

La mégalopole réhabilite son patrimoine Art déco et l'enrichit.

Le mythique cinéma Rialto, où se produisit Piaf.Le mythique cinéma Rialto, où se produisit Piaf. © RIEGER Bertrand / hemis.fr

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Dites "Casablanca", et chacun songe au film mythique avec Humphrey Bogart... Pourtant, l'authentique Casablanca vaut mieux qu'un décor de cinéma en studio. Depuis deux ans, un tramway profilé rouge vif traverse la ville, qui se découvre comme en CinémaScope. De part et d'autre des rails, des immeubles en ont profité pour se refaire une beauté. Ils en valaient la peine. Il y a un siècle, l'ancienne petite cité corsaire s'est muée en un laboratoire d'urbanisme, né du rêve de Lyautey. Nommé premier résident général de France à la signature du protectorat français, en 1912, le maréchal confie les plans de la ville nouvelle aux architectes les plus novateurs, dont plusieurs Nancéiens, comme lui. Ensemble, ils inventent une cité, vitrine des technologies et des matériaux les plus innovants, comme le béton armé. Ils agrémentent les lignes géométriques en vogue de ferronneries, de loggias à colonnes et de décors en zelliges, carreaux de céramique colorée typiquement marocains. L'ensemble donne un style Art déco patiné d'orientalisme propre à Casablanca, qui se démarque totalement des fioritures de l'Art nouveau.

Ce patrimoine est encore debout, mais fragile. Avec ses ascenseurs et une salle de bains par appartement, l'immeuble Assayag, construit en 1930, est l'exemple type du confort domestique qui gagne l'Europe à la même époque. C'est dans ses murs que siège Casamémoire. Fondée par des Casaouis soucieux de préserver une architecture menacée, cette association a répertorié tous les hôtels, églises, villas, passages, cafés et cinémas pour remonter le temps jusqu'aux Années folles. On peut ainsi marcher dans les pas de Saint-Exupéry, depuis la poste de la place Mohammed-V, dont le fronton sculpté rend hommage à l'Aéropostale, jusqu'au Petit Poucet, café où le pilote dessinait sur des nappes en papier, aujourd'hui mises sous verre. Dans le même périmètre, l'ABC et le Rialto, où ont chanté Édith Piaf et Maurice Chevalier, sont toujours des salles de spectacle et de cinéma. Autre pâté de maisons, même époque : proche du Palais royal, le quartier des Habous, médina pittoresque avec ses ruelles et ses arcades, est, contre toute attente, un pur produit Art déco.

Depuis, Casablanca n'a cessé d'innover. Dans les années 40, d'élégantes villas ont adopté les courbes du style paquebot lancé par Le Corbusier. D'autres ont osé une architecture qui détonne plus, comme la "villa camembert", ronde comme une boîte à fromage, ou la très chic "villa Zevaco" où accourait la jet-set. Après l'indépendance du Maroc, en 1956, la ville a continué à se distinguer, ne serait-ce que par la monumentale mosquée Hassan-II surplombant l'océan. À proximité, des grues balisent la future marina promise à devenir l'une des plus belles au monde. Et, plus au centre, un théâtre-opéra de 2 000 places conçu par les deux architectes casaouis Christian de Portzamparc et Rachid Andaloussi sortira bientôt de terre. Casa n'a pas fini de surprendre.

 

 

 

Y aller

 

Paris-Casablanca. Avec Royal Air Maroc, à partir de 390 E l'A/R. 0.820.821.821, www.royalairmaroc.com.

Directours. 4 jours/3 nuits à l'hôtel Le Doge, à partir de 749 E/pers., vols et transferts inclus. 01.45.62.62.62, www.directours.com

Dormir

Sofitel Casablanca Tour blanche. Des 171 chambres, on embrasse la ville, l'océan et la mosquée Hassan-II. A partir de 214 E la nuit. (212) 05.22. 45.62. 00, www.sofitel.com

Se restaurer

Le Rouget de l'Isle. Sous les figuiers de la Villa Elise (1910), le jeune chef marocain Taki Kabbaj propose une cuisine française revisitée. De 16 à 20 E le plat. (212) 05.22.29.47.40.

Al-Mounia. Une cuisine marocaine traditionnelle (tajines, brochettes, pastillas). Incontournable. De 13 à 20 E le plat. (212) 05.22.22.26.69.

Villa Zevaco - Chez Paul. Cette villa classée accueille dans ses jardins et à l'étage un restaurant mettant à l'honneur la cuisine française (carpaccio de daurade, foie gras poêlé...). De 8 à 19 E le plat. (212) 05.22.95.07.52.

La Sqala. Avec son patio ombragé et sa belle carte d'entrées et de tajines, cette adresse ouvrant sur la médina est courue du Tout-Casa. De 7 à 15 E le plat. (212) 05.22.26.09.60.

Découvrir

Casamémoire. L'association propose un guide pour ne rien manquer du patrimoine architectural de Casa. www.casamemoire.org.

Fondation Abderrahman-Slaoui. Villa-musée réunissant les collections d'un chineur impénitent. Expositions de bijoux Cartier des années 30 et affiches orientalistes. Agréable salon de thé en terrasse. www.musee-as.ma.

Eglise du Sacré-Coeur. Surplombant le parc de la Ligue arabe, cette église désacralisée (1930) est à présent un espace multiculture

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