Recueil de poèmes en hommage aux deux auteurs
Jardiner sur son balcon, c'est possible !
Jardiner sur son balcon, c'est possible !
La start-up Urban Green végétalise la ville.
Pour combler un besoin de jardin (et de jardinage), un simple bord de fenêtre suffit. Une nouvelle génération de paysagistes urbains s'est penchée sur la question.
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La fréquentation des jardineries, en périphérie des grandes villes, en témoigne. Dès les premiers rayons de soleil, les citadins pensent jardin, rêvent en vert… Du haut de leur balcon pour la plupart. Et passent à la pratique avec plus ou moins de succès. À tel point que cela a fait émerger une nouvelle race de jardiniers: les paysagistes urbains dont l'objectif est de réinventer la nature en miniature. Leur champ d'action? Les toutes petites surfaces, à commencer par les balcons et rebords de fenêtre.
Pierre-Dominique Martin est de ceux-là. Il a fondé sa start-up Urban Green il y a moins d'un an en constatant l'engouement des mairies pour végétaliser la ville (murs, toits…), convaincu que les habitants ne demandaient qu'à s'y mettre aussi à condition qu'on les aide. «En étudiant le marché, je me suis aperçu que 80 % des balcons n'étaient pas exploités», constate-t-il. Un état des lieux qui ne devrait pas perdurer…
Jouer la carte du naturel
L'idée? Jouer le plus possible la carte du naturel. «Les citadins manquent cruellement de chlorophylle, insiste David Jeannerot Rénet qui, après vingt ans passés dans la mode, a ouvert au pied de Montmartre son «concept store» Les Mauvaises Graines, il y a quatre ans. À une époque où tout va très vite, ils ont besoin de renouer avec la notion du temps, la convivialité. Le jardin les leur offre, et pour cela un bord de fenêtre suffit. On peut presque tout se permettre.»
Notamment un potager. «Contrairement à ce qu'on imagine, la pollution de la ville est moins nocive que les pesticides utilisés par beaucoup de producteurs. On a le plaisir de récolter, de savoir d'où vient ce qu'on mange.» Dans le «top ten» des variétés les plus vendues: herbes aromatiques, fraises, framboises, groseilles, tomates. Mais on peut faire plus original en misant sur des légumes tels qu'aubergines, poivrons… «ou encore des artichauts à la floraison et au feuillage très spectaculaires», estime ce spécialiste qui propose des potagers prêts à emporter qui connaissent un franc succès. Tout comme sa manière de concevoir une campagne urbaine. Un art qu'il fait partager dans son ouvrage Les Mauvaises Graines. Jardiniers rock, paru chez Hachette. En avril, il inaugurera une deuxième boutique, boulevard Saint-Germain, à Paris, avant New York l'année prochaine.
Succès des graminées
Si, pendant vingt ans, les citadins partaient prendre l'air à la campagne, aujourd'hui, la campagne vient à eux. D'où le succès des graminées qui évoquent les herbes des bords de chemins ou des coquelicots dont on trouve des variétés adaptées aux jardinières. «Mais aussi des coucous, des primevères dans leur plus simple expression, des astilbes, des cheveux d'ange, propose David Jeannerot Rénet. Il ne faut pas avoir peur de mélanger des espèces qui a priori ne vont pas ensemble. Ce décalage permet de redécouvrir les plantes sous un nouvel angle.»
Et de privilégier le mariage d'espèces persistantes -pour avoir du vert toute l'année- et caduques pour mieux profiter de la saisonnalité. Sans perdre de vue qu'un jardin sur un balcon s'inscrit dans le prolongement de l'appartement. Pour être harmonieuse, sa composition doit tenir compte du décor intérieur, de ses couleurs.
Le Vert à Soi
Finalement, plus que la technique, c'est l'œil qui compte. Ex-photographe de studio, Marion Bartel en a fait son meilleur allié. Sa façon de juxtaposer des plantes et des fleurs aux feuillages délicats a plu à la Villa Visconti, en Italie, mais aussi à des restaurateurs français, des boutiques (Agnès b, Diptyque, Merci...) et à des particuliers qui lui confient régulièrement leurs façades. «J'ai commencé par m'occuper de mes propres fenêtres, puis de celles de mes amis avant de créer mon entreprise, Le Vert à Soi.»
D'emblée, elle se spécialise dans la fenêtre «parce que tout le monde en a et que c'est un vrai espace dans la maison». Et comme elle ne trouve rien qui lui convienne pour réinventer ces îlots de nature, elle conçoit son propre outil de travail: une jardinière en métal forgé dans laquelle elle accumule de simples pots horticoles -en terre parce qu'ils sont poreux, laissent passer l'air et permettent un meilleur développement des radicelles- et qui a depuis fait des émules.
Une manière élégante de prolonger le rebord de la fenêtre et d'avoir plus de place pour créer ses paysages végétaux. «Ce que j'y mets n'est jamais sophistiqué. Des graminées, des roses anciennes, des grimpantes, fougères, euphorbes, hellébores… Des plantes peu fragiles qui demandent le minimum d'entretien parce qu'il faut que cela reste simple à vivre.» Elle les choisit chez Bruno, le pépiniériste avec lequel elle travaille depuis le début: «Une plante qui a vécu trois-quatre ans, à la rude, dans une pépinière résiste mieux que celle qui a poussé en serre pendant six mois sans être confrontée à de vraies conditions climatiques.»
Chocs thermiques
Pierre-Dominique Martin le confirme, tout ce que l'on met sur un balcon a tendance à mourir facilement, en ville plus rapidement qu'ailleurs à cause des chocs thermiques plus importants. D'où l'intérêt de miser sur du costaud. Ce paysagiste urbain préconise les plantes méditerranéennes parce qu'elles acceptent les excès du climat, sont capables de résister aux mois sans pluie, au mistral, au froid. «Il s'agit souvent d'espèces à feuilles persistantes, plus coriaces.»
Parmi ses préférées: l'olivier, le laurier-tin (Viburnum thymus), les agapanthes, le laurier-rose et, dans un autre registre, l'oranger du Mexique, les érables japonais et le bambou, dense et haut et qui a l'avantage de protéger du vis-à-vis comme toutes les espèces un peu hautes. Sans oublier le jasmin étoilé, à la fois persistant et résistant. «Il fleurit de la mi-mai à la mi-juillet, les deux mois où l'on vit les fenêtres ouvertes. Son odeur entre dans la maison.» David Jeannerot Rénet, lui, avoue un faible pour Clematis armandii, une clématite aux belles fleurs blanches ou rosées qui diffuse son parfum ensorcelant en mars et en avril, grimpe sur les treillages ou les murs et surtout se plaît en pot.
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