Recueil de poèmes en hommage aux deux auteurs
Journées marteau : les commissaires en cage à la Conciergerie !
Journées marteau : les commissaires en cage à la Conciergerie !
Le tableau La Conciergerie, de Paul Aïspiri, est acheté 4250 euros sous le marteau d'Éric Pillon.
NOUS Y ÉTIONS - Pour la première fois, 40 commissaires-priseurs se sont relayés jeudi soir pour des enchères insolites à la Conciergerie, à Paris. Une des ventes événements organisées partout en France, jusqu'à dimanche.
Pour voir l'influence de l'art sur moi, cf. mes 14 livres en vente sur ce blog
Quelle idée ont eu les commissaires-priseurs de se rassembler derrière des grilles comme des bêtes en cage, dans la forêt des colonnes et des croisées d'ogives de la Conciergerie, à Paris! C'est là que quarante marteaux de la corporation sont partis en croisade, jeudi soir, à l'initiative du Syndicat national des maisons de ventes volontaires (Symev), pour les 10es portes ouvertes de la profession, les Journées Marteau, organisées jusqu'au dimanche 30 mars. Ils se sont réunis pour une vente relais inédite, afin de désacraliser l'univers des enchères, donner l'envie d'y aller... et d'y participer.
C'est le trésorier du Symev, Éric Pillon, proche de Philippe Bélaval, président du Centre des monuments nationaux, qui a trouvé ce lieu, «emblématique du goût français». Les piliers cassent l'immensité. Sagement assis au centre sur des chaises alignées comme dans une salle de vente, les plus de quatre cents curieux paraissent une poignée. Le son grésille, inaudible, affreux, se perd entre les voûtes. «Zut! On n'a pas vérifié le micro», regrette Jean-Pierre Osenat, le président du Symev. Les commissaires s'amusent entre les grilles postées juste devant le public. «Tu veux une cacahuète?», glisse l'un d'eux passé de l'autre côté.
Willy Ronis, Le Nu provençal, 1949, tirage argentique postérieur, sous le marteau de Damien Leclère.
Chacun entre en scène à l'appel de son nom, dans l'ordre alphabétique de sa maison de vente. Des stars. Tous ont un style différent. Pierre Cornette de Saint-Cyr prend le micro tel un animateur de télévision, circule face au public, charmeur, pour vendre un multiple en bronze à patine brune de César, Le Cœur écarlate, 1986, pour 1125 euros. «Allez! C'est à toi!», lance-t-il, décontracté, au suivant. Damien Leclère s'est éloigné de la cage. Le marteau Marseillais qui vendra tout à l'heure un tirage argentique postérieur du Nu provençal, 1949, de Willy Ronis, dans l'estimation des 3000 à 3500 euros, observe, de loin, ses coreligionnaires.
«Cette vente unifiée nous permet de nous trouver une identité commune», se réjouit-il. Dans la même veine, Jean-Pierre Osenat se félicite encore d'avoir réuni les commissaires-priseurs, «non parce qu'il y a une alerte, qu'on touche à leur statut. Mais pour faire la fête!»
Soudain, des «Oh!», des «Ah!» résonnent entre les colonnes. Le plus tonitruant des commissaires-priseurs, le Corse de Paris Dominique Giafferi, tout en moustache de d'Artagnan, réveille l'assistance. «Dépêchez-vous! Tout le monde vous regarde!», en pressant un acheteur hésitant. Le public se régale. «Ça ne marche plus, cette technique-là», chuchote un commissaire. De fait, sous son marteau qu'il frappe si sec qu'à chaque coup on sursaute, le lot le plus cher de la soirée, une bague solitaire en or gris estimée 27.000 à 29.000 euros, ne trouve pas preneur. Tandis qu'un bracelet réglable et un collier en cuir naturel griffés Hermès sont à peine vendus 212 et 225 euros.
Ce gant de combinaison spatiale russe Strizh, a été acheté 1200 € chez Le Calvez & Associés.
Les visiteurs semblent être venus surtout pour le Champagne, que le Symev a promis d'offrir «à tous». Imperturbables face à un grand vase à décor à faux marbre d'Alain Girel. Pourtant, son commissaire-priseur venu de Mâcon, Jérôme Duvillard (Quai des enchères), aura tout fait pour convaincre, avec sa gouaille et sa fabuleuse histoire de «l'artiste le plus offert des chefs d'État», dit-il en citant Helmut Kohl, Hassan II et Yitzhak Rabin. «Il est dans son jus! Pas nettoyé! Personne n'en veut? C'est pas possible!» Et pourtant si.
Au finale, les pièces les plus médiatisées s'écoulent gentiment: le gant de combinaison spatiale russe Strizh, provenant de l'équipage de la navette Buran, datant de la fin des années 1960, proposé par l'étude Le Calvez et Associés, est acquis pour 1200 euros. Les bottines de 1920 de Joséphine Baker, qui chaussait du 37, proposées par la maison Osenat, partent au téléphone pour 3750 euros. Le tableau La Conciergerie, de Paul Aïspiri, est acheté 4250 euros sous le marteau d'Éric Pillon. Et la plaque émaillée bombée Kub, La Bonne Cuisine pour tous, proposée par Philippe Kaczorowski, de la maison nantaise Salorges enchères, est cédée pour 7500 euros.
La plus belle enchère est réalisée sous le marteau de Valérie Bouvier, de l'hôtel des ventes de Coulommiers. Il s'agit de trois écus d'or de François Ier, acquis pour 3125 euros, largement au-dessus des estimations.
Pour voir l'influence de l'art sur moi, cf. mes 14 livres en vente sur ce blog