Recueil de poèmes en hommage aux deux auteurs
La Chine lance « la route maritime de la Soie du XXIe siècle »
Plusieurs milliers de sociétés et d’hommes d’affaires d’Asie du Sud-Est se sont retrouvés pendant trois jours à Canton, capitale de la province du Guangdong, la plus riche de Chine, pour une foire visant à renouer les liens historiques entre ces deux régions proches.
3/11/14 - 09 H 06
À terme, la stratégie de Pékin consiste à intégrer un marché de près de trois milliards de personnes dans un vaste ensemble dont la Chine serait la locomotive.
Elle entend aussi contrebalancer l’influence américaine qui rééquilibre ses forces en Asie.
« En voulant faire revivre l’ancienne gloire de la route maritime de la soie au XXIe siècle, nous allons vivre une nouvelle étape historique de notre histoire », a lancé le gouverneur de la province chinoise du Guangdong, Zhu Xiaodian.
La première « Foire de la route maritime de la soie du XXIe siècle » a été inaugurée vendredi 31 octobre dans la ville de Dongguan, « l’usine du monde » au cœur de la province du Guangdong, la plus riche de Chine, depuis les réformes lancées en 1978.
Une stratégie orientée vers l’Asie du Sud-Est
Les officiels chinois se succédant au micro, devant une assemblée de plus 5 000 personnes venues de plus de 42 pays du monde (dont 25 directement liés à la route maritime de la soie), ont voulu renouer avec un passé glorieux remontant à un peu plus de 150 ans, lorsque l’Empire du milieu s’imposait comme la première puissance commerciale du monde.
Lancée en octobre 2013 par le président Xi Jinping lors de son voyage en Indonésie, cette stratégie orientée vers l’Asie du Sud-Est, mais bien au-delà avec l’Inde et jusqu’aux côtes orientales de l’Afrique, consiste ni plus ni moins à intégrer un marché de près de trois milliards de personnes dans un vaste ensemble dont la Chine serait la locomotive.
Dans l’immense centre d’exposition de Dongguan (une ville qui compte 2 millions d’habitants et 8 millions d’ouvriers « temporaires » travaillant dans les centaines de milliers d’usines), se bousculent déjà plus de 6 000 acheteurs potentiels, 173 Chambres de commerce et 1 300 sociétés venus de toute l’Asie du Sud-Est et au-delà. Des contrats pour près de deux milliards d’euros auraient déjà été signés durant les trois jours de la Foire.
Le potentiel touristique dans toute cette zone est immense, encore inexploité
Pour la Chine, l’enjeu est de taille. L’objectif affiché est de doubler le commerce avec cette zone d’ici à 2020. « Nous avons un héritage historique commun » a lancé Du Ying, conseiller auprès du gouvernement de Pékin, aux voisins asiatiques du sud de la Chine, soulignant la présence des 50 millions d’habitants vivant en Asie du Sud-Est, dont « les ancêtres viennent du Guangdong », une province qui tire 10 % de son PIB avec les pays d’Asie du Sud-Est.
Un appel à la fibre patriotique auquel Huang Yanyan, l’ancienne ministre du tourisme malaisien, d’origine chinoise, a répondu, en chinois et en anglais : « La Malaisie peut être un maillon fort de cette route maritime de la soie pour faire le lien entre Pékin et les pays plus à l’Ouest, et le potentiel touristique dans toute cette zone est immense, encore inexploité. Je rappelle que dans l’avenir, les deux tiers des classes moyennes mondiales seront asiatiques, avec un pouvoir d’achat très élevé. »
Contrebalancer l’influence américaine en Asie
Du côté chinois, on invoque « l’amitié, la coopération, les échanges, une meilleure connaissance mutuelle » pour nourrir cette stratégie qui peut être économiquement gagnante, dans un marché de 640 millions d’habitants pour la seule Asie du Sud-Est. Derrière cet objectif, il y a aussi une volonté moins affichée mais tout aussi forte de créer des alliances avec son « pré carré » historique asiatique, alors que de nombreux conflits territoriaux nourrissent de fortes tensions en Asie. La Chine parie sur des liens économiques forts avec de nouveaux alliés, afin de contrebalancer l’influence américaine qui a rééquilibré ses forces en Asie.
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« La Malaisie (40 % de Chinois) a un contentieux avec la Chine mais n’en parle pas, analyse une journaliste économique malaisienne basée à Pékin, nous avons besoin que la Chine nous achète nos produits et nous voulons acheter ses produits. » Une collègue de Singapour (65 % de Chinois) souligne que son pays « a toujours été habile à naviguer entre les États-Unis et la Chine pour protéger ses intérêts ». Cambodgiens, Laotiens, Thaïs et même Vietnamiens (en conflit ouvert avec la Chine) signent des partenariats avec empire du Milieu, au risque de ressentir comme une « nouvelle forme de colonisation », selon les termes d’un Sri-Lankais alors que son pays vient de signer avec Pékin de gros contrats d’infrastructures portuaires.
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Un intervenant chinois a défendu l’idée qu’une prospérité économique commune permettrait de « garantir la paix, notamment en mer de Chine du Sud », une façon de rassurer. Cependant, on a déjà vu dans l’histoire que même les intérêts économiques les plus forts n’empêchaient par les guerres.
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Repères : La route maritime de la soie… depuis 2 000 ans.
On connaît la route de la soie, constituée d’un réseau de routes commerciales qui reliait la ville de Xian, en Chine, à la ville d’Antioche. Elle tire son nom de la plus précieuse marchandise qui y transitait : la soie.
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Mais la « route maritime de la soie » partait du sud de la Chine, notamment de la ville portuaire de Canton, pour rejoindre tous les pays d’Asie du Sud-Est et jusqu’aux côtes de l’Afrique de l’Est, il y a déjà 2 000 ans.
Au XIIIe siècle, Canton avait des échanges commerciaux avec une centaine de pays et des expéditions impériales partaient pour de longs séjours dans les pays de l’Ouest.
Pourtant, sous les empereurs chinois Qing, les influences étrangères, jugées néfastes, se sont heurtées à l’interdiction de voyages des bateaux chinois et à la fermeture des ports chinois, excepté celui de Canton.
Les guerres de l’opium, au XIXe siècle, entre la Chine et les pays occidentaux ont forcé la réouverture des ports chinois au commerce.
Dorian Malovic (envoyé spécial à Dongguan, Province du Guangdong, voisine de Hong Kong)3/11/14 - 09 H 06