Recueil de poèmes en hommage aux deux auteurs
L'histoire secrète du street art en France
Un graffiti à Paris, entre Belleville et Porte de la Chapelle. Crédits photo : Catherine Shepard/Catherine Shepard/Rue des Archiv
L'HISTOIRE SECRÈTE DE LA POP CULTURE 6/22 - Il y a quelques semaines, s'est tenu au Royaume-Uni le plus grand festival d'art urbain d'Europe. Culture à part entière, cette nouvelle forme d'expression est le fruit d'une histoire française particulière.
Ils sont partout. Les graffitis maquillent rues, immeubles et autres installations urbaines. Longtemps considérés comme du vandalisme, ils tendent aujourd'hui à être reconnus comme un art à part entière. En témoigne la septième édition de l'Upfest, qui s'est déroulé à Bristol, au Royaume-Uni, du 24 au 27 juillet. Le plus grand festival de street arten Europe a accueilli près de 25.000 personnes, confirmant une nouvelle fois son succès.
Depuis toujours, les murs forment un endroit propice à l'expression. Des grottes préhistoriques jusqu'au street art d'aujourd'hui, en passant par l'Antiquité et le Moyen Âge, l'espace urbain a toujours été le lieu d'une parole, entre hommages et dénonciations.
Mais attention aux amalgames. Un graffiti n'est pas un tag. Les deux ne recouvrent pas la même signification. Si un tag est une simple signature, le graffiti est un dessin avec une signature ou autour d'une signature.
Autrefois ostracisés, les graffiteurs deviennent de plus en plus tendance, allant même jusqu'à s'exposer dans les galeries d'art et les musées.
Les graffitis, des outils de dénonciation
Il n'en a toujours pas été ainsi. Longtemps, le street art a été assimilé à un art exclusivement clandestin, souvent illégal. Cette forme d'expression, telle qu'on la connaît de nos jours, naît dans les années 1960 en France et explose en 1968. Marqué par des révoltes estudiantines fortes, l'Hexagone doit faire face à une nouvelle forme de rébellion, directement inspirée des États-Unis.
Pendant les Trente Glorieuses, le contexte d'urbanisation accélérée permet un nouvel élan artistique, qui se déploie dans les rues. D'abord peints au rouleau ou au pinceau, les graffitis sont des outils de dénonciation, notamment des inégalités sociales engendrées par la nouvelle société de consommation.
Pour autant, le street art ne commence à s'épanouir véritablement que dans les années 1980. Deux pionniers sont à l'œuvre: Blek le rat, peintre pochoiriste qui s'inspire d'un personnage de bande dessinée, Blek le Rock, et Jérôme Mesnager, connu pour son Homme blanc, «symbole de lumière, de force et de paix».
Ce nouvel étendard de la liberté d'expression reste néanmoins limité. Les graffitis sont toujours très sévèrement sanctionnés en France. Réalisés sur des supports non autorisés, ils sont considérés comme nuisibles et destructeurs de la propriété d'autrui. Les graffiteurs sont ainsi passibles d'amendes de 1500 à 30.000 euros, et peuvent être sujets à des peines d'emprisonnement allant jusqu'à une durée de deux ans.
Esprit de contradiction oblige, c'est cet aspect illégal et clandestin qui donne une vraie attractivité à l'art urbain. Les années 1980 et 1990 sont ainsi marquées par l'innovation. De nouvelles techniques apparaissent. Pochoirs et aérosols envahissent l'espace public. L'art s'affiche au grand jour, exprimant une créativité individuelle.
Les années 2000 se manifestent par l'intégration de l'art urbain en France. À commencer par la création du M.U.R. («Modulable, Urbain et Réactif»). L'association regroupe 80 artistes et impose un principe simple. Tous les quinze jours, un artiste squatte de grands panneaux publicitaires de la rue Oberkampf, à Paris, et expose son œuvre.
En 2001, Agnès B. affiche le street art dans sa «galerie du jour». JonOne, Mist, OS Gemeos et Zeys sont réunis pour une grande présentation collective. En 2009, le Grand Palais expose pendant plus d'un mois 150 tagueurs internationaux. Commence alors une véritable reconnaissance officielle et publique. Quelques mois plus tard, une autre exposition à la fondation Cartier, «Né dans la rue», permet à nouveau de mettre l'art de rue sous les projecteurs.
Depuis, les grandes rétrospectives autour du street art se multiplient. Aujourd'hui, établi comme un savoir-faire à part entière, l'art urbain voit naître une nouvelle génération de peintres. Et ceux-ci n'ont plus pour idoles Picasso et Matisse, mais Bansky et Miss Tic.
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