Recueil de poèmes en hommage aux deux auteurs
Séismes : la Chambre des architectes d’Istanbul tire la sonnette d’alarme
A l’approche du triste anniversaire du tremblement de terre du 17 août 1999 qui avait durement frappé l’Ouest du pays, dont Istanbul, Cemal Gökçe, le président de la TMMOB, a organisé une conférence de presse aux allures de rappel à l’ordre. Alors que la catastrophe est encore dans toutes les têtes, le constat est sans appel : un nouveau séisme serait tout aussi dévastateur que les précédents, et ce malgré la mise en place de nouvelles normes.
L’ensemble du pays serait concerné. « Les deux tiers du territoire turc sont situés sur des zones sismiques à risque de deuxième voire de premier degré », explique cet architecte de formatio, « et 70% de la population ainsi que 75% des plus grandes usines sont sous la menace d’un tremblement de terre. » Au total, ce sont 20 millions de bâtiments qui pourraient être détruit en cas de glissement de la plaque anatolienne.
Pourtant, après le séisme de Van en 2011, responsable de la mort de 604 personnes, des mesures avaient été prises par le gouvernement de l’époque. Le Premier ministre Erdoğan avait alors promis la mise aux normes de dix millions de constructions sur dix ans. Seulement voilà, selon un rapport publié par le Daily Taraf le mois dernier, seules 12 000 maisons auraient été démolies pour être reconstruites, et très souvent à l’initiative de leur propriétaire. C’est pourquoi la Chambre civile des ingénieurs et des architectes appelle à la mise en place d’un plan collectif et cohérent. Elle préconise le renforcement des bâtiments dangereux, voire leur reconstruction si les travaux deviennent trop onéreux. Elle insiste par ailleurs sur l’importance du contrôle des nouvelles constructions par les ingénieurs et la généralisation de polices d’assurances en cas de séisme.
Istanbul particulièrement exposé
Pour Cemal Gökçe, le cas d’Istanbul est très préoccupant. Le développement urbain y est tourné vers la recherche de profits immédiats et le développement de services tertiaires et financiers, et reste par conséquent peu maîtrisé et largement chaotique. « Beaucoup de bâtiments dangereux sont détruits pour être remplacés par des gratte-ciels », explique-t-il. « La transformation urbaine est en train de faire émerger un système inégalitaire basé sur les revenus. Et cela ne va pas sans poser de problèmes en termes d’infrastructures, de transports et de démographie. »
Et de catastrophe naturelle, pourrait-on ajouter. Car le développement de la métropole selon le schéma actuel multiplie les risques pour la population, et surtout pour les plus pauvres. « Nous anticipons un séisme qui pourrait laisser deux millions de personnes sans toit. Nos prévisions s’élèvent à plusieurs milliers de blessés et de morts. » Gökçe note à titre d’exemple que les trois quarts des zones utilisées comme refuges et villages de tentes en 1999 ont disparu depuis pour devenir des zones constructibles, montrant l’impréparation en cas de chaos.
La Turquie se trouve sur la plaque nord-anatolienne, qui l’expose à de nombreux et réguliers séismes. Depuis 1393 et la catastrophe d’Erzincan à l’Est du pays, 14 séismes au-dessus de 6,5 sur l’échelle ouverte de Richter ont été recensés.
Antoine Rolland