Recueil de poèmes en hommage aux deux auteurs
Un marchand d'art mis en examen dans une affaire de vol de Picasso
Yves Bouvier, acteur incontournable du monde de l'art, est sous le coup d'un mandat d'arrêt international. Il est soupçonné de "recel" dans une affaire de Picasso disparu.
Mélanie Delattre, Christophe LabbéPablo Picasso à Mougins en 1971, deux ans avant sa disparition.©RALPH GATTI/AFP
Yves Bouvier n'avait plus le choix. Sous le coup d'un mandat d'arrêt international délivré par la juge parisienne Isabelle Rich-Flament, le « roi des ports francs » s'est rendu ce lundi dans le bureau de la magistrate qui l'avait convoqué il y a plusieurs semaines déjà. Il en est ressorti mis en examen pour « recel », après avoir versé 5 millions sur une caution fixée à 27 millions d'euros.
Les démêlés du patron de Natural Le Coultre avec la justice française ont commencé en mars dernier, lorsque la fille de la dernière compagne de Picasso a porté plainte pour vol après avoir constaté la disparition de deux oeuvres du maître. Yves Bouvier, richissime homme d'affaires suisse, a fait du gardiennage discret des œuvres d'art son métier. Sa société entrepose dans les ports francs de Genève, de Luxembourg ou de Singapour près d'un million de tableaux et de pièces rares appartenant à de grandes fortunes du monde entier.
Catherine Hutin-Blay soupçonne Yves Bouvier d'avoir vendu au milliardaire russe Dmitri Rybolovlev Espagnole à l'éventail et Tête de femme, deux œuvres qu'elle avait fait déménager par un certain Olivier Thomas pour qu'il les entrepose en région parisienne. Entendu par la Brigade de répression du banditisme en mai dernier, ce courtier en art est un proche d'Yves Bouvier, qu'il connaît depuis près de vingt ans.
Opération de préservation, ou de dissimulation ?
C'est un restaurateur de tableaux qui aurait fait le lien entre les toiles destinées à Rybolovlev et la collection Hutin. Sur PV, le spécialiste a reconnu avoir « marouflé », c'est-à-dire collé sur une toile, les deux fameuses gouaches pour le compte d'Yves Bouvier en 2013. Une opération de « préservation des œuvres et non de dissimulation » à en croire ce dernier. Dans un communiqué de presse, le patron de Natural Le Coultre assure avoir acheté les Picasso en toute bonne foi à un trust, via un marchand d'art. Et de désigner Catherine Hutin-Blay comme la propriétaire cachée du trust basé au Liechtenstein. Ces arguments accompagnés de la remise de divers documents n'ont, semble-t-il, pas convaincu la magistrate. Le montant de la caution, fixé à 27 millions d'euros, correspond en effet très exactement au prix payé par Dmitri Rybolovlev à Yves Bouvier pour l'acquisition d'Espagnole à l'éventail et de Tête de femme.
Commissions indues
Le milliardaire russe, qui estime avoir été escroqué, s'est porté partie civile dans l'affaire. Quelques semaines plus tôt, l'oligarque, propriétaire de l'AS Monaco, avait déjà déposé une plainte auprès du procureur général de la principauté contre Yves Bouvier, accusant le roi des ports francs d'avoir indûment perçu des commissions de 2 % sur la vente de 37 œuvres d'art pour près de deux milliards d'euros.
Contacté par Le Point.fr, l'avocat de Catherine Hutin-Blay, Me Nardon, s'agace des insinuations de Bouvier contre sa cliente : « Jamais elle n'a donné son consentement ni reçu de paiement pour les ventes de Tête de femme et Espagnole à l'éventail, réalisées à son insu. Elle n'est bénéficiaire d'aucun trust et ne connaît pas Monsieur Bouvier. L'affaire étant entre les mains de la justice, Catherine Hutin-Blay ne souhaite pas en dire plus et attend l'issue de l'instruction. »
http://www.lepoint.fr/justice/un-marchand-d-art-mis-en-examen-dans-une-affaire-de-vol-de-picasso-14-09-2015-1964743_2386.php