Recueil de poèmes en hommage aux deux auteurs
Mon poème inédit:J'ai pris la route
J’ai pris la route
J’ai pris la route un peu contre ma volonté
C’était celle qu’il avait commencé à tisser
Je n’avais pas encore beaucoup voyagé
Paris m’a fait la tourner la tête une année
Reims et ses bulles m’avaient un peu grisé
J’avais à peine vu la mer à marée basse ou embrumée
J’ai pris la route un peu contre ma volonté
C’était celle qu’il avait commencé à tisser
Un peu d’Alsace, en passant par la Lorraine, juste une journée
Beaucoup de Bourgogne et surtout la Champagne où je suis née
La Belgique et l’Allemagne pour mes premiers baisers
Mais je n’avais jamais vraiment quitté ma contrée
J’ai pris la route un peu contre ma volonté
C’était celle qu’il avait commencé à tisser
J’ai d’abord complètement quitté
Mes parents, avec mes livres pour seul foyer
Ce n’était pas loin mais une autre localité
J’étais presque couru malgré les sacs chargés
J’ai pris la route un peu contre ma volonté
C’était celle qu’il avait commencé à tisser
Puis ce fut le Nord, bien loin des gros clichés
Beaucoup de pluie mais aussi de spontanéité
Un appartement puis une maison qui a brûlé
Après notre départ, des colères entremêlées
J’ai pris la route un peu contre ma volonté
C’était celle qu’il avait commencé à tisser
Nous sommes descendus vers le sud, vers les Pyrénées
Notre route a été longue et enneigée
Des caisses de livres pour des études recommencées
Depuis l’envol de ma cage dorée
J’ai pris la route un peu contre ma volonté
C’était celle qu’il avait commencé à tisser
Après Toulouse violette et rosée
Saint-Etienne, la ténébreuse ressuscitée
Lyon, ses quais, la bourgeoise affairée
L’Auvergne pour un mariage longtemps différé
J’ai pris la route un peu contre ma volonté
C’était celle qu’il avait commencé à tisser
Puis ce fut la route du ciel car des mers est compliquée
Pour le Maroc et ma Casa (blanca) adorée
Pourtant, comme j’ai craint de quitter
Mon pays pour un autre beaucoup trop fantasmé
J’ai pris la route un peu contre ma volonté
C’était celle qu’il avait commencé à tisser
C’était pire et mieux que j’avais imaginé
L’usine de textile qu’il devait là-bas diriger
Nous l’avons vu grandir comme un bébé
Dont nous dû un jour nous séparer
J’ai pris la route un peu contre ma volonté
C’était celle qu’il avait commencé à tisser
En rentrant, nous n’avions plus rien et aucune pitié
N’a été accordé aux méchants expatriés
Ce fut le choc thermique, de 25 à 0 degrés
Nous avons rejoint la Drôme ventée
Et Lyon et la Loire jamais oubliée
J’ai pris la route un peu contre ma volonté
C’était celle qu’il avait commencé à tisser
Dans ces usines que j’ai aimé
Voir vivre, travailler, teindre ou tisser
C’est devenu un peu ma volonté
Car j’ai appris sur la route à aimer.
J’ai pris la route un peu contre ma volonté
C’était celle qu’il avait commencé à tisser
Pour lire d'autres textes de moi, cf. mes 14 livres en passant par les bannières sur ce blog