Si vous n'avez pas encore repéré Didier Blonde, vous ne connaissez pas votre chance. Vous allez pouvoir remonter sa trace, fureter dans son oeuvre, recouper les indices d'un livre à l'autre. Et, par là même, vous glisser dans sa peau d'enquêteur obsessionnel, de sauveteur des oubliés. Après être parti en chasse d'une actrice du cinéma muet dans son extraordinaire Un amour sans paroles, puis s'être promené dans les rues de Paris hantées par des figures romanesques (Répertoire des domiciles parisiens de quelques personnages fictifs de la littérature,ainsi que Carnet d'adresses), il ranime aujourd'hui une jeune noyée, retrouvée morte dans la Seine en 1901, dont le moulage du visage angélique orna de nombreux appartements au début du siècle dernier. Comme toujours chez cet auteur à part, le cheminement est tour à tour brumeux et solaire. Didier Blonde a l'art de réveiller les morts et les vivants, sans les secouer, par la simple magie de coïncidences intuitives. Enquête compassionnelle pleine de fausses pistes et de révélations intérieures, ce nouveau livre dégage le même charme mélancolique que les précédents.

| Ed. Gallimard | 126 p., 14,90 €.

Marine Landrot