Recueil de poèmes en hommage aux deux auteurs
Les copains d'abord
- 01Non ce n'était pas le Radeau
- 02De la Méduse ce bateau,
- 03Qu'on se le dise au fond des ports
- 04Dise au fond des ports,
- 05Il naviguait en pèr' peinard
- 06Sur la grand-mare des canards
- 07Et s'app'lait Les Copains d'Abord
- 08Les Copains d'Abord.
- 09Ses fluctuat nec mergitur
- 10C'était pas d'la littérature,
- 11N'en déplaise aux jeteurs de sort,
- 12Aux jeteurs de sort,
- 13Son capitaine et ses mat'lots
- 14N'étaient pas des enfants d'salauds,
- 15Mais des amis franco de port,
- 16Des copains d'abord.
- 17C'étaient pas des amis de luxe,
- 18Des petits Castor et Pollux,
- 19Des gens de Sodome et Gomorrhe,
- 20Sodome et Gomorrhe,
- 21C'étaient pas des amis choisis
- 22Par Montaigne et La Boétie,
- 23Sur le ventre ils se tapaient fort,
- 24Les copains d'abord.
- 25C'étaient pas des anges non plus,
- 26L'Évangile, ils l'avaient pas lu,
- 27Mais ils s'aimaient tout's voil's dehors,
- 28Toutes voil's dehors,
- 29Jean, Pierre, Paul et compagnie,
- 30C'était leur seule litanie
- 31Leur credo, leur confiteor,
- 32Aux copains d'abord.
- 33Au moindre coup de Trafalgar,
- 34C'est l'amitié qui prenait l'quart,
- 35C'est ell' qui leur montrait le nord,
- 36Leur montrait le nord,
- 37Et quand ils étaient en détresse,
- 38Qu'leurs bras lancaient des s.o.s.,
- 39On aurait dit des sémaphores,
- 40Les copains d'abord.
- 41Au rendez-vous des bons copains,
- 42Y'avait pas souvent de lapins,
- 43Quand l'un d'entre eux manquait à bord,
- 44C'est qu'il était mort,
- 45Oui, mais jamais, au grand jamais,
- 46Son trou dans l'eau n'se refermait,
- 47Cent ans après, coquin de sort !
- 48Il manquait encor.
- 49Des bateaux j'en ai pris beaucoup,
- 50Mais le seul qui ait tenu le coup,
- 51Qui n'ait jamais viré de bord,
- 52- mais viré de bord,
- 53Naviguait en père peinard
- 54Sur la grand-mare des canards,
- 55Et s'app'lait Les Copains d'Abord
- 56Les Copains d'Abord.
Georges Brassens
Les copains d'abordLes Copains
Il me semble que la chanson a servi de thème musical au film tiré du roman de Jules Romains "Les Copains", par Yves Robert.
[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]Complément
La chanson a été composée à l'initiative d'Yves Robert, par ailleurs copain de GB.
[contact auteur : Gérard Lenne]Complément
Ce texte est une métaphore filée.
[contact auteur : Pierre Haem]Troisième musique
Un documentaire sur Georges Brassens l'a montré travaillant sur trois musiques très différentes possibles pour "Les copains d'abord" et s'arrêtant en fin de compte sur la troisième (dans l'ordre où elles étaient présentées).
[contact auteur : François-Dominique A.] - [compléter cette analyse]Complément
Il est à noter le jeu de mots : "d'abord" qui sigifie "en premier", et "abord" terme marin qui signifie la tête du bateau.
Le titre annonce le contenu de la chanson : l'amitié à bord d'un bateau.
[contact auteur : PATRICK B.]
- 01Non ce n'était pas le Radeau
- Radeau
Radeau sur lequel les marins du Méduse se réfugiérent après le naufrage de leur navire (15 sur 149 survécurent)
[contact auteur : Dolorès D.] - [compléter cette analyse] - 02De la Méduse ce bateau,
- Le Radeau de la Méduse
Immortalisé par Géricault, ce radeau surchargé de naufragés a bien existé. La Méduse a fait naufrage au large de l'Afrique le 2 juillet 1816. Les survivants, entre autres joyeusetés, s'entredévorèrent.
[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse] - 03Qu'on se le dise au fond des ports
- 04Dise au fond des ports,
- Répétition
En contraste avec beaucoup d'autres chansons d'octosyllabes (Comme une soeur, Les 4 bacheliers...), Brassens réalise ici une répétition "asymétrique" : 5 syllabes au lieu de 4, ce qui soutient le "drive" de la mélodie et pousse la chanson en avant.
[contact auteur : Ralf Tauchmann] - [compléter cette analyse] - 05Il naviguait en pèr' peinard
- Père Peinard
L'allusion est peut-être inexistante, mais il est amusant de savoir que Le Père Peinard est le nom d'un journal anarchiste créé par Emile Pouget en février 1889.
[contact auteur] - [compléter cette analyse] - Peinard
Le Petit Robert dit de ce mot qu'il date de 1881 dans le sens actuel. Le premier sens donné est assez drôle (on y retrouve la racine de peine = douleur) : VIEUX PENARD = vieillard cassé par la débauche, sens attesté en 1578. Or, si on est infirme, on se tient forcément tranquille! En 1907, un "père peinard" c'est un homme tranquille, paisible, tout simplement. On dit d'ailleurs aussi, couramment, "un père tranquille", par opposition à un excité, un qui flirte avec l'illégalité ou qui a des opinions politiques marquées.
Le Père Peinard était évidemment un nom assez drôle pour un journal anarchiste, dont l'idéologie n'était pas particulièrement pacifique et qui prônait sans doute que "la propriété, c'est le vol" (Proudhon, je crois) !
[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse] - 06Sur la grand-mare des canards
- La grand-mare
La mer
[contact auteur : Dolorès D.] - [compléter cette analyse] - La grand-mare des canards
Dans la marine marchande, la "mare aux harengs" est l'Océan Atlantique (référence : Le parler des métiers de Pierre Perret).
[contact auteur : Jean-Yves E.] - [compléter cette analyse] - La mare aux canards
Dans l'argot populaire, la mare aux canards, après avoir été l'Océan Atlantique, c'est simplement la mer.
[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse] - La mare aux canards
J'ai vécu à la campagne étant gosse, et j'ai toujours entendu dans cette image de "mare aux canards" le vacarme que faisaient les canards de la ferme lorsqu'ils étaient tous à prendre leur bain. De plus, la mare était un endroit particulièrement boueux et puant. Je pense que Brassens y a peut-être pensé aussi : lui et sa bande de copains naviguent paisiblement, sans y prêter attention, sur un océan de bruits, bobards, mensonges, rumeurs dont l'odeur n'est pas très agréable = ils se tiennent à distance ("peinards") du raffut parisien de la mode et des médias (et peut-être que là, on revient au sens de canards = journaux).
[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse] - Sur la grand-mare des canards
L'étang de Thau ressemble à une grande mare...
[contact auteur : Sylvain S.] - [compléter cette analyse] - Complément
L'ambiguïté est peut-être volontairement entretenue par Georges: la mare des canards comme plan d'eau pour faire des ronds dans l'eau contraste avec ce qu'on sent d'immense dans les évocations de l'Amitié au fur et à mesure des couplets.
De même dans ses loisirs, Georges a surtout pratiqué des petites navigations côtières. C'était certainement le fait de les partager dans l'amitié qui donnait toute la dimension à ses sorties. "C'est un modeste"!
[contact auteur : Michel Lavergne] - Canard
Désigne également une fausse nouvelle dans la presse, ce qui fait que l'allusion au journal anarchiste Père Peinard semble être là et renforcée par la rime (même si ce n'était peut-être pas l'intention explicite de Brassens)
[contact auteur : Ralf Tauchmann] - [compléter cette analyse] - La grande mare
Cette mare aux canards c'est l'étang de Thau où Brassens et ses amis faisaient trempette les jours d'été ; ils naviguaient à bord du bateau de Brassens qui s'appelait : " les copains d'abord".
[contact auteur] - [compléter cette analyse] - 07Et s'app'lait Les Copains d'Abord
- 08Les Copains d'Abord.
- 09Ses fluctuat nec mergitur
- Fluctuat nec mergitur
D'après mes anciens cours de Latin, il semblerait bien que "Fluctuat" ne vienne pas du verbe "Fluctuo" mais plutôt du nom "Fluctuatio" qui désigne une agitation importante, voire une tempête dans le cas qui nous intéresse.
La devise signifierait donc "Il est agité, ébranlé, par les flots, mais il ne coule pas".
[contact auteur : Jean-Marc M.] - [compléter cette analyse] - Complément
Fluctuat nec mergitur : Il est battu par les flots mais ne sombre pas.
Devise de la ville de Paris qui a pour emblème un vaisseau.
Source dictionnaire Larousse
[contact auteur : Pv Robin] - Complément
L'amitié qui unit l'équipage du navire est donc mouvementée, à cause des disputes par exemple, mais celle-ci n'en est jamais totalement anéantie pour autant.
[contact auteur : Laurent L.] - Complément
Il est intéressant de noter que GB ne dit pas mergitur en latin, i.e [merguitour], mais prononce en le francisant.Si ce n'est pas inintentionnel, ce peut être pour faire doublement échos à "c'était pas de la littérarture" en faisant rimer mergitur et littérature d'une part, mais surtout en affirmant que le latin est le fondement de la littérature. Pour être précis, on ne peut pas faire de littérature sans "parler" latin.
[contact auteur : Sebastien P.] - Complément
En ce qui concerne la prononciation, GB utilise tout simplement la prononciation "scolaire" (e.g. "si vis passem, para bellom" ), courante en France jusqu'au milieu du XXe siècle, époque où on a introduit la prononciation dite "restituée" ("si ouisse pakem para belloum"). Ces deux prononciations s'opposent par ailleurs à la prononciation ecclésiastique traditionnelle, plus proche de l'italien ("si vis patchem, para belloum"). La prononciation à la française est la plus usitée dans les mots et locutions passés dans l'usage courant (après tout, on dit un omnibus, pas un omnibousse.)
[contact auteur : Didier Bergeret] - Complément
Désolé, mais "fluctuat" ne peut venir que de "fluctuare"; fluctuatio" existe bien, mais "fluctuat" ne peut en aucun cas (c'est le cas de le dire) en être une forme.
[contact auteur : Jacques Faulx] - 10C'était pas d'la littérature,
- C'est pas de la littérature
C'est pas des mots, c'est pas du bla-bla ni du pipeau, c'est la réalité, c'est vrai.
[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse] - C'était pas d'la littérature
Par opposition à la locution latine qui précède, et qui peut être vue justement comme un symbole de la "grande littérature" inaccessible au profane.
[contact auteur : Bruno Barral] - [compléter cette analyse] - Littérature
C'était pas intellectuel, fin ou précieux (repris plus tard, avec Montaigne et La Boétie), mais une amitié simple et instinctive.
[contact auteur : J R.] - [compléter cette analyse] - 11N'en déplaise aux jeteurs de sort,
- Jeteurs de sort
Aux mauvais augures qui prévoient toujours des catastrophes
[contact auteur : Dolorès D.] - [compléter cette analyse] - 12Aux jeteurs de sort,
- 13Son capitaine et ses mat'lots
- 14N'étaient pas des enfants d'salauds,
- 15Mais des amis franco de port,
- Franco de port
Toujours dans la lignée des métaphores marines.
[contact auteur : Bruno Barral] - [compléter cette analyse] - Complément
payer franco veut dire payer le prix de l'objet sans les frais de port. (poste)
amis franco: des amis sans obligations, sans attaches (supposition)
[contact auteur] - Complément
La métaphore n'est pas marine, mais postale! Il ne s'agit pas d'un port de mer, mais des frais qu'on paye pour s'être fait "porter" (c'est à dire envoyer) une lettre ou un paquet.
[contact auteur : Henri T.] - Complément
On frise la construction à tiroir. Franco évoque l'aspect franc du collier, qualité requise aux amis. Franco de port au sens postal symboliserait les amis qui se déplacent sans hésiter. Enfin, port est évidemment un jeu de mots de plus dans cette ambiance maritime.
[contact auteur : Michel E.] - 16Des copains d'abord.
- 17C'étaient pas des amis de luxe,
- 18Des petits Castor et Pollux,
- Castor & Pollux
Jumeaux mythologiques, fils de Zeus (c'est pourquoi on les appelle aussi les Dioscures) et de Léda, ce n'étaient pas n'importe qui en effet. Ils ont donné leur nom à la constellation des Gémeaux.
Selon une autre légende, qui colle mieux avec le thème de la chanson, ils n'étaient pas jumeaux (Si Pollux était bien fils de Zeus, Castor n'était que le fils du roi de Sparte), mais amis inséparables.
Le Petit Robert 2
[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse] - Allusion à la fois biblique et nautique
Il peut être utile de rappeler ici qu'au chapitre 28 du livre des Actes de Apôtres, Saint Paul sort de l'île de Malte où il avait fait naufrage, embarqué sur un navire qui portait pour enseigne les Dioscures.
Le contexte de ce couplet et du suivant, pleins de références bibliques, justifie à mon avis, cette note. Surtout parce qu'il s'agit bien d'un bateau.
[contact auteur : Alvaro Britto] - [compléter cette analyse] - Des petits Castor et Pollux
Brassens exprime sa modestie et celle de ses amis, qui ne se prenaient pas pour ce qu'ils n'étaient pas, c'est-à-dire des gens importants. Toute référence à la mythologie serait malvenue, de même qu'à des auteurs célèbres (Montaigne et La Boëtie).
[contact auteur] - [compléter cette analyse] - 19Des gens de Sodome et Gomorrhe,
- Sodome & Gomorrhe
Villes bibliques que, dans la Genèse, Dieu détruit par le souffre et le feu pour leur dépravation. La sodomie, aujourd'hui encore, désigne l'homosexualité (et plus particulièrement le coït anal).
Intéressant, que ce vieux macho (macho soft il est vrai) de Brassens se défende de toute homosexualité. C'était bien longtemps avant la Gay Pride.
[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse] - Complément
Les rapports de GB à l'homosexualité sont étranges mais néanmoins de son époque. On retrouve une once d'homophobie dans Le gorille (l'animal qui ne brille ni par le goût ni par l'esprit opte pour le juge), dans Les trompettes de la renommée (v. 73 à 80), et Le mécréant (v. 31 à 34).
[contact auteur : Sylvain B.] - Complément
Dans les chansons posthumes de Brassens, il y en a quand même une, S' faire enculer, qui fait un peu l'apologie de la sodomie....par mysoginie :
L'éternel féminin nous emmerde et je rêve Parfois d'aller m' faire enculer.
[contact auteur : Olivier D] - Pas des tapettes
"Des gens de sodome et gomorrhe" sous-entend bien évidemment que ces amis n'étaient pas des "pédérastes". Nous dirions aujourd'hui en langage familier que "c'était pas des tapettes".
J'utilise le terme "pédéraste" en référence à une autre chanson de Georges, citée précédemment, qui éclaire également sur l'ambiguïté de son rapport à l'homosexualité, Les trompettes de la renommée qui dit que
le crime pédérastique, aujourd'hui ne paie plus (être homo n'apporte pas la célébrité...)
[contact auteur : John Botello] - [compléter cette analyse] - 20Sodome et Gomorrhe,
- 21C'étaient pas des amis choisis
- 22Par Montaigne et La Boétie,
- Montaigne & La Boëtie
L'amitié profonde qui unissait Montaigne et La Boëtie ("véritable mariage des âmes") a été immortalisée par Montaigne, dont la formule célèbre "parce que c'était lui, parce que c'était moi" indique bien qu'il s'était agi d'une sorte de coup de foudre.
[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse] - 23Sur le ventre ils se tapaient fort,
- Se taper sur le ventre
être avec quelqu'un en termes de familiarité presque excessive. C'est vrai qu'on imagine mal Montaigne tapant sur le ventre de La Boëtie, encore que, le bordeaux aidant...
[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse] - Ils se tapaient fort
à mon sens, se taper fort sur le ventre fait allusion aux batailles amicales que les compagnons marins ont coutume de se livrer.
[contact auteur : Charlotte D.R.] - [compléter cette analyse] - Complément
Contrairement aux références sérieuses de l'Evangile, l'ambiance à bord était plutôt à la rigolade, ils semblaient être "pliés de rire"...
[contact auteur : Michel Lavergne] - 24Les copains d'abord.
- 25C'étaient pas des anges non plus,
- 26L'Évangile, ils l'avaient pas lu,
- L'Evangile ils l'avaient pas lu
L'Evangile prêchant l'amour véritable, n'a pu influencer l'amitié des compagnons. Leur amitié n'est le fruit d'aucune influence, elle est tout simplement authentique parce qu'elle est ressentie.
[contact auteur : Charlotte D.R.] - [compléter cette analyse] - 27Mais ils s'aimaient tout's voil's dehors,
- Ils s'aimaient
Le premier commandement de l'Évangile, selon le Christ lui-même, c'est "Aime ton prochain comme toi-même."
[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse] - Tout's voil's dehors
Encore une métaphore liée à la marine.
[contact auteur : Bruno Barral] - [compléter cette analyse] - 28Toutes voil's dehors,
- Bisexualité
"Toutes voiles dehors" c'est aussi une allusion à l'expression "marcher à voile et à vapeur" qui désigne la bisexualité. GB se défend assez lourdement de toute homosexualité dans ces quelques vers.
[contact auteur : Christophe Chenon] - [compléter cette analyse] - 29Jean, Pierre, Paul et compagnie,
- Au sujet des noms
Il pourrait s'agir des prénoms de ces proches de GB : Jean Bertola, Pierre Onténiente et Paul Fort...
[contact auteur] - [compléter cette analyse] - Complément
On peut facilement supposer qu'il s'agisse des apôtres, dont l'amitié solide et sans ambiguïté sexuelle, est la seule chose de la bible qui aura marqué le groupe d'amis de GB, visiblement peu attachés à la pratique religieuse.
[contact auteur : Col 1] - 30C'était leur seule litanie
- 31Leur credo, leur confiteor,
- Litanie, credo, confiteor
Prières de l'office catholique.
La litanie est souvent une énumération (par exemple des vertus de la Vierge) à laquelle la congrégation répond par des formules (par ex. ora pro nobis = priez pour nous).
Le Credo est une profession de foi qui se récite (récitait?) à chaque messe. "Je crois en Dieu le Père Tout Puissant, Créateur du Ciel et de la Terre etc."
Le Confiteor (Je confesse = j'avoue mes péchés et mes faiblesses) est dit au début de la messe, c'est une prière de purification, un peu comme on se lave les mains avant de passer à table.
[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse] - 32Aux copains d'abord.
- 33Au moindre coup de Trafalgar,
- Trafalgar
Célèbre défaite du 21 octobre 1805, de la marine de Napoléon devant la marine anglaise commandée par l'Amiral Horatio Nelson (qui y trouvera la mort).
Un coup de Trafalgar, c'est une catastrophe inattendue, un coup du sort particulièrement tordu.
[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse] - 34C'est l'amitié qui prenait l'quart,
- Prendre le quart
Sur un bateau, prendre le quart c'est prendre son tour à la barre, et donc prendre la situation en main.
Ce couplet est particulièrement nautique. On va avoir l'amitié qui montre le nord comme une boussole, puis les bras qui font le sémaphore, ancien sytème de communication à distance où des fanions tenus à bout de bras dans des positions variées servaient à envoyer une à une les lettres de l'alphabet.
[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse] - 35C'est ell' qui leur montrait le nord,
- 36Leur montrait le nord,
- 37Et quand ils étaient en détresse,
- 38Qu'leurs bras lancaient des s.o.s.,
- 39On aurait dit des sémaphores,
- Sémaphore
Poste établi sur le littoral et grâce auquel on peut communiquer par signaux optiques avec les navires (Le Petit Robert)
[contact auteur : Ralf Tauchmann] - [compléter cette analyse] - Complément
GB entend par là que la détresse et les S.O.S sont communs puisque transmis d'un copain à l'autre tels des sémaphores. Ils savaient être là dans le malheur, encore un très beau symbole d'amitié.
[contact auteur : Sylvain B.] - Complément
Ce couplet un peu dramatique est peut-être l'occasion de signaler que, sous l'Occupation, les anarchistes de la revue "Le Libertaire" (à laquelle G.B. collabora épisodiquement) utilisaient le mot "copain" pour signifier "compagnon" (de lutte). André Arru et Henri Bouyé, notamment, essaieront en 1943 de rassembler un congrès anarchiste clandestin à Toulouse.
[contact auteur : Dominique Chailley] - Complément
Le Lexis de Larousse ajoute qu'autrefois, le sémaphore était un appareil muni de bras au moyen desquels on exécutait des signaux de télégraphe optique.
J'ajoute que ce moyen de communication à distance était enseigné chez les scouts il y a plus de 50 ans: il s'agissait non pas "d'un appareil muni de bras", mais de scouts munis d'un panneau dans chaque main, chaque postion des bras étendus correspondant à une lettre ou un chiffre (les positions variant, en imageant, du Nord, Sud, Est et Ouest et les positions intermédiaires SO, NO, NE et SE. Ainsi, un matelot agitant ses drapeaux en signe de détresse vers le sémaphore établi sur la côte: voilà l'image de Brassens, me semble-t-il.
[contact auteur : Pierre Dawance] - 40Les copains d'abord.
- 41Au rendez-vous des bons copains,
- 42Y'avait pas souvent de lapins,
- Lapin
Poser un lapin, c'est ne pas aller à un rendez-vous.
Intéressant de noter que, traditionnellement, le mot lapin était tabou dans la marine et l'animal lui-même interdit de séjour sur les bateaux, sans doute parce que ce rongeur, qui ne déteste pas grignoter le bois, pouvait représenter un danger pour l'étanchéité des coques.
[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse] - Lapin
Le mot "lapin" est toujours tabou sur un bateau et j'ai vu de vieux marins balancer des gens à l'eau pour l'avoir prononcé.
C'est effectivement en raison de ce que ces bestioles peuvent grignoter le bois de la coque et provoquer un naufrage.
[contact auteur : Matthieu P.] - [compléter cette analyse] - 43Quand l'un d'entre eux manquait à bord,
- 44C'est qu'il était mort,
- Rupture
Brassens rompt ici la structure de la chanson. Dans toutes les autres strophes, il y a une répétition à cet endroit. C'est ainsi que la mort suvient de façon inattendue, non seulement par le texte proprement dit, mais aussi par la structure...
[contact auteur : Ralf Tauchmann] - [compléter cette analyse] - 45Oui, mais jamais, au grand jamais,
- 46Son trou dans l'eau n'se refermait,
- Un trou restant ouvert
Comme une plaie ouverte, dont on ne guérit pas ; les copains n'oublieront jamais celui qui disparaît.
[contact auteur : Jigé N.] - [compléter cette analyse] - Trou dans l'eau
Faire un trou dans l'eau, c'est mourir.
On retrouve cette expression dans Je rejoindrai ma belle : Si c'est mon triste lot, De faire un trou dans l'eau, et dans Le pêcheur : Si, déçu par une blonde, Pensant faire un trou dans l'onde
Le présent vers qui est très imagé, signifie donc "Sa mort laissait une plaie qui ne guérissait pas".
[contact auteur : Daniel Benaim] - [compléter cette analyse] - 47Cent ans après, coquin de sort !
- 48Il manquait encor.
- Le manque.
Déjà 25 ans de faits! On n'arrive pas à admettre et on est tous actifs pour "écoper"! Pas question que l'eau revienne dans ce trou là!
J'ai beaucoup apprécié l'interprétation de "Mej Trio" qui commence la chanson par ce couplet.
[contact auteur : Michel Lavergne] - [compléter cette analyse] - 49Des bateaux j'en ai pris beaucoup,
- 50Mais le seul qui ait tenu le coup,
- 51Qui n'ait jamais viré de bord,
- Virer de bord
Un bateau qui ne virerait jamais de bord aurait peu de chances de "remonter au vent", et donc d'aller où que ce soit. Il faut sans doute entendre ici que le bateau tenait son cap, et ne faisait jamais demi-tour, c'est à dire que la première vertu des copains était leur fidélité mutuelle (ce qui correspond à la réalité de la vie de GB).
[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse] - Complément
Troisième allusion du genre, "virer de bord" peut aussi signifier "devenir homosexuel". Voulu ou fortuit ?
[contact auteur : Xylostome ] - 52- mais viré de bord,
- 53Naviguait en père peinard
- 54Sur la grand-mare des canards,
- 55Et s'app'lait Les Copains d'Abord
- 56Les Copains d'Abord.
http://www.analysebrassens.com/?page=texte&id=83&masquerAnalyses=0