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J'ai lu:Etre ici est une splendeur : vie de Paula M. Becker / Marie Darrieussecq(médiathèque:de l'expo vue en juillet à Paris)

Etre ici est une splendeur : vie de Paula M. Becker / Marie Darrieussecq | Darrieussecq, Marie (1969-....)

Marie Darrieussecq

Edité par POL , DL 2016

Paula Modersohn-Becker voulait peindre et c'est tout. Elle était amie avec Rilke. Elle n'aimait pas tellement être mariée. Elle aimait le riz au lait, la compote de pommes, marcher dans la lande, Gauguin, Cézanne, les bains de mer, être nue au soleil, lire plutôt que gagner sa vie, et Paris. Elle voulait peut-être un enfant - sur ce point ses journaux et ses lettres sont ambigus. Elle a existé en vrai, de 1876 à 1907.

http://mediatheques.saint-etienne.fr/EXPLOITATION/Default/rsc/363970/etre-ici-est-une-splendeur-vie-de-paula-m-becker-marie-darrieussecq

Paula Modersohn-Becker est une artiste allemande de la fin du XIXème siècle, peintre, célèbre en Allemagne et dans beaucoup d'autres pays au monde, mais à peu près inconnue en France bien qu'elle y ait séjourné à plusieurs reprises et...

 

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Marie Darrieussecq

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Traductions

Chine : Sdx Joint Publishing Compagny | Pays-Bas : De Arbeiderspers

La presse

Orange, blanc, noir et vert

 

Marie Darrieussecq revient avec un livre, court mais habité, sur le destin tragique de l'artiste allemande Paula Modersohn-Becker.

 

C'est une vie fauchée que celle de Paula Modersohn-Becker, un talent entravé, une postérité confuse. Morte à 31 ans des complications d'un accouchement, cette artiste allemande fut une des cibles favorites des nazis, qui purgèrent les musées de ses oeuvres, taxées de "dégénérées". Un destin confisqué deux fois. Marie Darrieussecq en rend compte dans un récit, évocation biographique rêveuse lancée sur les traces de ce modèle, dans un "geste amoureux". Après les années de formation aux Beaux-Arts à Paris, Paula Becker rejoint son village natal devenu une petite colonie d'artistes, où elle peint inlassablement - rivière, lande, paysans aux corps déformés par la misère - mais doit se mettre aux cours de cuisine après son mariage avec l'artiste Otto Modersohn. Mais, Darrieussecq insiste, Paula est une femme libre : elle plaque son mariage pour filer l'amitié parfaite avec Rainer Maria Rilke - qui posera pour elle dans son atelier parisien et en ressortira "orange, blanc, noir et vert". Car voilà un texte farouchement du côté des femmes, de leur regard "qui s'invente dans un monde d'homme par effraction". Sa peinture sera exposée l'été prochain au musée d'Art moderne de la Ville de Paris.

 

Emily Barnett, Grazia, 18 mars 2016




Paula Modersohn-Becker, Marie Darrieussecq : Un même regard



La romancière a écrit un livre sur cette peintre allemande et travaillé comme conseillère sur l'exposition qui lui est consacrée. Nous l'avons visitée avec elle.



Le dernier mot de Paula Modersohn-Becker, morte à 31 ans des suites d’un accouchement, fut : « Schade » - « dommage ». Le poids de ce regret habite Marie Darrieussecq depuis qu’elle a découvert l’existence de cette Allemande née en 1876, précurseure de l’expressionnisme ; l’écrivaine n’a eu de cesse de réparer ce gâchis. En décidant de consacrer à la jeune femme un fort beau texte biographique : Etre ici est une splendeur. Et puis en se démenant pour que la France offre à celle que le journal Frankfürter Allgemeine Zeitung présenta comme « le Picasso allemand », une exposition. Celle-ci s’est ouverte récemment au Musée d’art moderne de la Ville de Paris.
C’est là que l’on retrouve Marie Darrieussecq, portant un collier d’ambre qui rappelle ceux arborés par Paula Modersohn-Becker sur nombre d’autoportraits. Juste à côté de la portion de l’exposition consacrée à ceux-ci se trouve la toile par laquelle tout a commencé : l’impressionnante Mère allongée avec un enfant II (1906), qui a tant marqué Marie Darrieussecq lorsqu’elle l’a vue sur une invitation à un colloque de psychanalyse, en 2010. « Tout de suite, je me suis demandé qui avait peint ce tableau. »
Une recherche sur Internet lui permet de découvrir que, hors de France, l’auteure, Paula Modersohn-Becker, artiste prolifique en dépit de la précocité de sa mort (un millier de toiles peintes, dont 700 ont échappé aux destructions et vols de la seconde guerre mondiale), est loin d’être une inconnue. L’écrivaine garde dans un coin de sa tête sa curiosité pour cette femme le temps d’écrire Il faut beaucoup aimer les hommes (POL, 2013, prix Médicis). Celui-ci achevé, elle se plonge dans la vie et le travail de la peintre : « Quand j’ai compris qu’elle était très amie avec Rainer Maria Rilke, qu’il existait une correspondance entre eux, qu’elle avait laissé un journal, publié en allemand et en anglais, et qu’on pouvait aller voir ses tableaux à Brême, j’étais ferrée... »



« Il fallait être humble »

 

Dans le journal, Marie Darrieussecq découvre « des thèmes qui [lui] parlent énormément, comme la tension entre le foyer et la création, le rapport à la maternité et aux enfants, dépourvu de niaiserie... » L’été suivant, l’auteure du Bébé (POL, 2002) embarque mari et enfants dans un camping-car sur les traces de Paula Modersohn-Becker, pour visiter le musée qui lui est dédié à Brême, arpenter les lieux de sa vie, de Worpswede (« Le petit Barbizon du nord de l’Allemagne »), où elle a vécu, en Frise, au Pays-Bas, où elle passait ses vacances.
De retour, munie des cartes postales reproduisant ses toiles, Marie Darrieussecq entreprend plusieurs musées parisiens. « Au Musée d’art moderne de la Ville de Paris, j’ai été reçue très attentivement : cela faisait un moment qu’ils pensaient à elle. » L’écrivaine se voit proposer de travailler comme conseillère au côté de la commissaire de l’exposition, Julia Garimorth, avec laquelle elle choisit quels tableaux seront présentés, et dans quel ordre (elle a aussi été en charge de réaliser l’audioguide) : « On s’est dit qu’il fallait être humble : comme elle est peu connue, on a procédé chronologiquement, avec des ensembles dans la chronologie. »
L’exposition s’ouvre sur Paris, où Paula Becker arrive le 1er janvier 1900 : elle y explore le Louvre, découvre Cézanne et étudie à l’Académie Colarossi, où les femmes peuvent travailler le nu d’après modèle. Là, elle peint entre autres son premier autoportrait, menton levé comme en signe de défi : « Regardez, commente Marie Darrieusecq, il est génial, avec son côté Rastignac. Alors que les mois qu’elle passe à Paris sont durs : elle vit un choc culturel, mange mal et maigrit. Mais elle apprend tellement de choses... » Aux toiles de « Paris 1900 » succèdent celles de Worpswede, où elle s’installe à son retour : « De tous les artistes qui y sont réunis, elle est celle qui ne passe pas à côté de la modernité, et ça se voit dans sa manière de travailler les paysages, qu’elle réinvente dans son atelier au lieu de poser son chevalet dans la nature, comme tous les autres. »
A Worspwede, celle qui épouse le peintre Otto Modersohn en 1901 peint donc des paysages, mais surtout des portraits, notamment d’enfants et de jeunes filles, auxquels est consacrée une partie non négligeable de l’accrochage. « J’aime le sérieux avec lequel elle les aborde. On a eu du mal à se décider pour le titre de l’exposition, mais "l’intensité du regard", cela a le mérite de renvoyer autant au sien qu’à celui qu’elle confère à ses modèles - profond, échappant au spectateur, souvent sans pupille. »
Celui qu’elle porte sur elle-même est lui aussi résolument frontal, comme en témoigne la section des autoportraits, qui comprend plusieurs nus - « Elle est la première femme à se peindre nue, sans doute parce que les modèles sont chers. On n’a jamais vu une femme nue comme ça, ni sexualisée ni magnifiée. » Montrant « la solitude » que laissent transparaître ces tableaux, Marie Darrieussecq souligne à quelle vitesse, à travers eux, on voit Paula Modersohn-Becker « glisser vers le cubisme ». Dans la salle suivante, où sont les natures mortes, elle désigne une autre preuve de cette évolution : la Nature morte au bocal de poissons rouges (1906) - « Là, elle fait du Matisse avant Matisse ! » La dernière partie, celle des « oeuvres de la maturité », qui couvre une période très prolifique, donne à voir l’influence sur elle, qui est retournée à Paris en 1906, « de Gauguin comme du Douanier Rousseau ».
En contemplant la diversité et la force de cette oeuvre « qu’elle a si peu montrée de son vivant », retentit le « Schade » final de Paula Modersohn-Becker. Et l’on sait gré à Marie Darrieussecq d’avoir accompagné le geste de l’écriture de sa démarche auprès du Musée d’art moderne de la Ville de Paris : « Je n’aurais de toute façon pas pu imaginer écrire mon texte sans qu’on puisse accéder à ses tableaux. »

Eclats de vie et d’art

 

Le journal de Paula Modersohn-Becker (1876-1907) témoigne d’une obsession : « Devenir quelqu’un. » Elle s’y sera employée en vouant sa vie à la peinture, réalisant, au plus fort de sa productivité, une toile tous les quatre jours. « Elle peint, vite, comme un éclat », écrit Marie Darrieussecq dans Etre ici est une splendeur, ce récit biographique qu’elle consacre à l’artiste, lui-même constitué d’éclats. Au fil de brefs paragraphes, l’écrivaine retrace cette courte vie si intense, s’appuyant sur le journal de Paula Modersohn-Becker autant que sur sa correspondance - notamment avec son ami Rainer Maria Rilke, qui écrivit pour elle une partie de son Requiem (1909) -, n’avançant que des faits étayés et se refusant aux suppositions psychologisantes, en particulier sur les raisons de son malheur conjugal, alors qu’elle avait épousé le peintre Otto Modersohn par amour.
Ce livre troué et lumineux est tout à fois résolument un texte de Marie Darrieussecq, qui s’inscrit en plein dans son oeuvre et creuse les mêmes thèmes (l’articulation entre l’art et la vie, la maternité), et un ouvrage généreux, au service d’une autre femme, à laquelle elle veut « rendre plus que la justice : (...) l’être-là, la splendeur ». Le miracle est qu’elle y parvient.



Raphaëlle Leyris, Le Monde des livres, 22 avril 2016







Le destin bref et intense de l'artiste Paula Modersohn-Becker dépeint par Marie Darrieussecq. Une profonde réflexion sur le geste de peindre.

« Je sens en moi une trame douce, vibrante, un battement d'ailes tremblant au repos, retenant son souffle. Quand je serai vraiment capable de peindre, je peindrai ça. » Lorsqu'elle écrivit ces mots, Paula Modersohn-Becker (1876-1907) n'était pas encore une artiste, mais une jeune femme aspirant à le devenir (1). Bien consciente des limites qui l'entravaient encore, mais résolue à ne pas céder sur son dessein – qu'elle aurait pu énoncer comme le faisait Cézanne, qu'elle admirait entre tous les peintres : « Je vous dois la vérité en peinture et je vous la dirai. » C'est cette obsession de la vérité qui a frappé Marie Darrieussecq la première fois qu'elle s'est trouvée face à un tableau de l'artiste allemande : sur la toile figurent une mère et son enfant qui « se câlinent du bout du nez », et dans cette scène de tendresse, « ni mièvrerie, ni sainteté, ni érotisme : une autre volupté. Immense. Une autre force. Tout ce que je savais en regardant cette toile, c'est que je n'avais jamais rien vu de tel ».

Autant qu'un récit biographique, nourri des lettres et des écrits personnels de Paula M. Becker – morte à 31 ans, dix-huit jours après avoir donné naissance à sa fille, Mathilde —, c'est une réflexion sur son geste esthétique que mène Marie Darrieussecq dans cet opus précis, épuré, profond. Une interrogation sur la nouveauté et le secret de l'intensité de cette peinture sans ombre ni perspective, centrée sur le motif féminin, à laquelle s'est vouée celle qui fut par ailleurs l'amie de Rilke et de son épouse, la sculptrice Clara Westhoff. Visages de jeunes filles ou corps de femmes, sur les toiles de Paula M. Becker figurent « de vraies femmes. J'ai envie de dire des femmes enfin nues : dénudées du regard masculin. Des femmes qui ne posent pas devant un homme, qui ne sont pas vues par le désir, la frustration, la possessivité, la domination, la contrariété des hommes », écrit Marie Darrieussecq. Des femmes vivantes et présentes – et dans cette représentation, quelque chose de très proche de « la splendeur du vrai », dont, avant Cézanne, Plotin faisait la définition même de la beauté.

 

Nathalie Crom, Télérama, 12 avril 2016

 

Agenda

Du jeudi 15 septembre au samedi 8 octobre 2016
Il faut beaucoup aimer les hommes de Marie Darrieussecq au Théâtre Ouvert (Paris)

Théâtre Ouvert

Centre National desDramaturgies Contemporaines

4 bis cité Véron

75018 Paris

01 42 55 74 40

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Vidéolecture


Marie Darrieussecq, Être ici est une splendeur, Être ici est une splendeur Vie de Paul Modershon Becker mars 2016

http://www.pol-editeur.com/index.php?spec=livre&ISBN=978-28180-3906-9









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