Recueil de poèmes en hommage aux deux auteurs
Liliette et Lilith
301è atelier d’écriture : une photo, quelques mots
Wouf ! Quel 300è atelier ! Que de textes, quelle belle ambiance ouatée pour cette pièce et cette femme … En avant vers le 301è ! On ne lâche rien, on continue !
Voici la 301è photo !
Liliette et Lilith
Mes parents m’ont prénommé Liliette ;
De ma mère Liliane et de sa mère Josette.
Mon autre grand-mère ayant aussi un prénom en-ette
Pour moi, j’ai toujours préféré me faire appeler
Plutôt que de faire rimer avec pauvrette,
Paupiettes, rillette,-ette, suffixe de diminutif
Pour ne pas me diminuer, je me déclare Lilith
Qui est à tort définie comme un « démon de la nuit »
Ca a plus d’allure que d’être une pauvre petite chose
Avec un vague radical de fleur, trop féminin.
Lilith est passé par l’hébreu, l’akkadien et le sumérien :
Je suis en fait un démon du vent et de la tempête
C’est plus léger et profond de venir de Mésopotamie
Que de sortir de la cuisse de Josette et de Louis
Il me faudra peut-être relire l’épopée de Gilgamesh
Pour savoir ce qu’on disait de moi ou pas à l’origine
Ce que j’aime aussi dans mon prénom, c’est que c’est un « hapax[1] »
Dans la Bible : ce qui fait de moi quelqu’un d’unique
Je suis un peu plus courante dans le Talmud mais j’abrège
Partout, toujours, on me fuit, on me combat, on a peur de moi
Ca, ça me plait et puis le fait que je sois un emblème du féminisme
Me ravit encore plus : contrairement à Eve, la pauvrette
Je suis faite d’argile comme Adam et je suis donc son égale
Je la plains d’avoir été conçue avec une côte d’Adam
Tout cela fait de moi « la mère » d’une société moins patriarcale
Voire même matriarcale où les femmes auraient elles l’intelligence
De dominer la famille et le monde sans humilier l’autre moitié
De l’humanité où l’on ne serait pas polyandre comme ils sont polygames.
Je ne veux pas faire ma fière mais connaissez-vous des œuvres d’art
Avec des Liliette ? Non ! Alors que Lilith a inspiré les écrivains
Comme Rémy de Gourmont, Anatole France, Marcel Schwob
Primo Levi et Catulle Mendès m’évoquèrent aussi.
Ma rousseur inspira les peintres là où la blondeur d’Eve
La rendait angélique malgré sa faute aux conséquences infinies
J’aime particulièrement ma représentation par Dante Gabriele Rossetti
Je crois vous avoir convaincu d’appeler plutôt votre fille Lilith que Liliette.
15 novembre 2016
[1] Fait de langue (mot, expression, construction) dont il n'existe qu'une seule occurrence dans un corpus donné.
En savoir plus sur http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/hapax/39017#KQmqJahHG0xDYYcd.99