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Rudyard Kipling,Simples contes des collines

Mademoiselle Vezzis était venue de par-delà la Frontière pour prendre soin de quelques enfants chez une dame, en attendant qu'une nurse [7] dûment diplômée fût arrivée sur les lieux. La dame déclara que mademoiselle Vezzis ne valait rien, qu'elle n'était pas propre et qu'elle ne montrait pas de zèle. Pas une fois il ne lui vint à l'idée que mademoiselle Vezzis avait à vivre sa propre vie, à se tourmenter de ses propres affaires, et que ces affaires étaient ce qu'il y avait au monde de plus important pour mademoiselle Vezzis. Fort peu de maîtresses de maison consentent à prendre les choses de ce biais.

Mademoiselle Vezzis était noire comme du cirage, et, appréciée selon les règles de notre goût, hideusement laide. Elle portait des robes de cotonnade et des gros souliers, et quand les enfants la mettaient en colère, elle leur disait des sottises dans le langage de la Frontière, qui est en partie anglais, en partie portugais, en partie indigène. Elle manquait de charme ; mais elle avait son orgueil, et elle préférait qu'on l'appelât mademoiselle Vezzis.

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