Recueil de poèmes en hommage aux deux auteurs
Peter Paul Rubens Paysage par temps d'orage, v. 1635-1638
huile sur bois
29,7 x 42 cm
Don de M. et Mme Michal Hornstein, Montréal, 1998
Le Musée a récemment reçu en don une œuvre splendide grâce à la générosité de Renata et Michal Hornstein: il s’agit d’un paysage de petites dimensions peint par Rubens en fin de carrière, alors qu’il vivait dans sa propriété de Het Steen. Un ruisseau serpentant vers le lointain, quatre arbres qui se détachent sur la rive et trois vaches au pâturage occupent le premier plan. Un peu plus loin, un autre groupe de sept arbres se profile sur la droite, tandis qu’à gauche, au-delà des champs onduleux, le regard est attiré vers un ciel spectaculaire où le soleil cherche à percer des nuages orageux. La modification graduelle des effets lumineux illustre chez Rubens une maîtrise totale de la perspective atmosphérique, une caractéristique des œuvres vénitiennes du début du XVIe siècle qu’il a pu voir en Italie, à Mantoue aussi bien qu’à Rome, et qu’ont adoptée les paysagistes hollandais de son époque dont il connaît aussi les œuvres. Paysage par temps d’orage a servi de modèle à une estampe du XVIIIe siècle réalisée par l’artiste hollandais J. Dansaert (ou Danckerts) avant de faire partie de la vaste collection d’Adolphe Schloss regroupant essentiellement des vues nordiques.
Probablement l’artiste le plus célèbre du XVIIe siècle, Rubens est surtout connu pour ses figures. Ses grandes compositions dynamiques sur des sujets religieux et mythologiques étaient appréciées non seulement en Flandre, où il passa la majeure partie de sa vie, mais elles étaient aussi très prisées des princes étrangers avec qui il entre tenait des relations par le biais de la cour de Bruxelles des archiducs Albert et Isabelle, gouverneurs alliés des Flandres catholiques. Cependant, Rubens a peint tout au long de sa carrière des paysages très appréciés par des collectionneurs aussi distingués que les ducs de Richelieu ou de Buckingham.
Formé à Anvers, où il est inscrit comme maître sur les registres de la Gilde de Saint-Luc en 1598, Rubens exécute ses premiers paysages dans la tradition flamande établie par Joachim Patiner (vers 1485–1524) et Pieter Bruegel (vers 1525–1569). En 1600, il part pour l’Italie. Il se rend d’abord à Mantoue puis à Rome, deux ans plus tard; il y établit des relations avec d’autres artistes, étudie les maîtres de la Renaisance et y connaît même un certain succès. Après son retour en Flandre, il travaille à plein temps à l’exécution de retables pour les églises d’Anvers et d’images pour la cour de Bruxelles. Chargé de missions diplomatiques à Madrid et à Londres, il reprend contact avec les œuvres de Titien qu’il peut étudier dans les importantes collections de peintures vénitiennes des deux capitales. En 1630, âgé de cinquante-deux ans et veuf depuis quatre ans, Rubens épouse la jeune Hélène Froment. Cinq ans plus tard, il achète Het Steen, situé entre Malines et Bruxelles, où il passera le reste de sa vie. Le domaine compte plusieurs bâtiments, dont une tour d’où il aurait peut-être peint les vues panoramiques de l’immense plaine qui s’étend derrière et qui se retrouve fréquemment dans ses derniers paysages. D’une expression plus intime, ces images de dimensions souvent réduites font de plus en plus abstraction des personnages (parfois l’artiste autorise-t-il un seul animal à errer dans son champ de vision). Le fait qu’il ait conservé pour lui-même certaines de ces œuvres tend à confirmer leur caractère intime, donnant à penser qu’il ne les destinait pas à la vente.
La collection du Musée comprend déjà un noyau important d’œuvres figuratives flamandes, dont des tableaux religieux peints par Rubens et les toiles splendides de Jacob Jordaens et de Van Dyck, Les jeunes piaillent comme chantent les vieux et Laissez les enfants venir à moi. Par contre, les paysages de cette période sont peu représentés, ce qui rend d’autant plus remarquable et importante l’acquisition de ce Paysage par temps d’orage.
http://cybermuse.gallery.ca/cybermuse/enthusiast/acquisitions/1998-1999/rubens_text_f.jsp