Recueil de poèmes en hommage aux deux auteurs
J'ai terminé hier soir:Georges Rouault : paysages(ramené de Paris en juillet 2017)
{Un arbre sur le ciel a le même intérêt, caractère et la même expression que la figure humaine.}
Georges Rouault, Lettre à André Suarès, 1927
Le musée de L'Annonciade organise une exposition inédite consacrée aux paysages de Georges Rouault.
Bien que le peintre se soit intéressé soixante ans durant, au thème du paysage, de ses premières toiles en 1891 jusqu'à sa mort en 1958, il reste surtout connu pour ses figures de filles, de juges ou de clowns ou ses oeuvres d'inspiration religieuse.
Elève "préféré" de Gustave Moreau, il sera conservateur du fameux musée-atelier que Moreau légua à l'Etat et n'hésita pas à affirmer son admiration pour ses aînés tout en affichant une liberté de style laissant sa personnalité s'affirmer puissamment.
Ses premières séries de paysages attestent de la fascination du jeune parisien pour les maîtres anciens : Poussin, Le Lorrain, mais aussi Rembrandt, Goya ou encore Corot. {La poésie de Corot embellit la majesté d'un paysage ordonné à la Poussin} écrit Roger Marx.
Au début du siècle, il exécute généralement à l'aquarelle, au pastel ou au fusain de nombreux paysages qui sont appréciés.
Si certaines oeuvres représentent des lieux que l'artiste a fréquentés et aimés ({La Seine}, 1901 ; {La Péniche}, 1909 ; {Banlieue parisienne}, 1912…), d'autres relèvent purement de l'imaginaire, comme les paysages dits " bibliques ", " légendaires " ou " chrétiens ".
Dans les années 1910, les banlieues vides aux arbres dénudés figés dans un espace indéterminé que ne traversent, parfois, que de petits personnages courbés donnent une coloration sociale à ses vues; elles rappellent les émigrants et fugitifs d'un Daumier : même tonalité sourde et terreuse, silhouettes errantes de laissés-pour-compte…Mais, alors que Daumier exacerbe avec un certain lyrisme la peine et la souffrance, Rouault évoque avec retenue le drame humain dans son universalité ({Hiver}, 1913).
La période de l'Entre-deux-guerres voit ses paysages évoluer vers des " pastorales chrétiennes ", alliant composition rigoureuse et couleurs éblouissantes. Au cours des années 40, Rouault, dont l'inspiration devient sereine, presque mystique, peint des oeuvres à la forte dimension spirituelle dans une matière épaisse et nourrie où reviennent dominer les bleus. ({La Fuite en Egypte}, 1938 ; {Pastorale chrétienne}, 1945…).
{Les paysages sacrés sont des pastorales bibliques, orientales parfois. Des astres fulgurants sombrent dans des ciels bleus de nuit. De petits personnages errent de-ci, de-là, au bord d'un fleuve, sur une vague route, entre des constructions sans âge ni style. Ils n'ont pas de nimbe, mais leur sainteté ne fait aucun doute. Ils se penchent l'un vers l'autre et se murmurent dans le soir des paroles importantes} (Georges Chabot).
Contemporain du Fauvisme, de l'Expressionnisme et du Cubisme, Georges Rouault n'a jamais revendiqué l'appartenance à l'un de ces mouvements ; souvent considéré comme peintre " religieux " il se révèle aujourd'hui avant tout comme un artiste libre et indépendant, puisant son inspiration dans la réalité la plus immédiate comme dans la spiritualité la plus élevée.
Plus d'une soixantaine de tableaux issus d'institutions publiques nationales et internationales :
France, Allemagne, Suisse, Belgique, Japon (Fondation Yoshii…), mais aussi de collections privées, sont avec le concours de la Fondation Rouault réunis à Saint-Tropez, pour rendre hommage à cet artiste inclassable Longtemps plus célèbre à l'étranger qu'en France, il est aujourd'hui régulièrement montré ; néanmoins, l'exceptionnelle exposition que lui consacre le musée de Saint-Tropez constituera pour beaucoup une révélation.
http://www.grandpalais.fr/fr/evenement/georges-rouault-paysages-musee-de-lannonciade